Angoisse et tremblement dans le secteur bancaire

La banque suisse UBS va supprimer quelque 3.500 emplois dans ses effectifs, avec des licenciements ou des départs à la retraite.
La banque suisse UBS va supprimer quelque 3.500 emplois dans ses effectifs, avec des licenciements ou des départs à la retraite. © REUTERS
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et Pierrick Fay et Carole Ferry , modifié à
ENQUETE - L'effondrement des Bourses cet été a des conséquences directes sur les emplois.

Le chiffre est tombé jeudi. D’après une estimation de l’agence Bloomberg, qui fait la synthèse des plans sociaux dans les banques en Europe et aux Etats Unis, l'industrie bancaire devrait supprimer près de 100.000 emplois dans le monde en 2011.

On pensait avoir vécu le pire après la faillite de la banque d’investissements Lehman Brothers il y a trois ans. Les affaires commençaient à repartir depuis quelques mois. Les embauches également. Mais le krach de cet été, sur fond de crise de la dette, ont à nouveau stoppé la machine. Avec à la clé, le retour de la panique dans les salles de marché.

Des traders sous pression

Sous couvert d’anonymat, un trader raconte à Europe 1 son quotidien marqué par la peur. "Le quotidien, c’est vendre absolument, parce que tout le monde a peur, les clients ont peur. Même pour liquider, il faut trouver un acheteur. Or, on ne trouve pas d’acheteur. Une action ou une obligation qui valait 100 hier, en vaut peut-être 50 aujourd’hui, et encore on n’est même pas sûr. Ça devient une guerre, on devient tous des requins", confie-t-il. 

 "Les nuits, c’est des tremblements, du stress" :

"On doit faire du chiffre, du chiffre, du chiffre. Si on n’en fait pas, on va se faire jeter quand même. Donc les nuits, c’est des tremblements, du stress, des crises d’angoisse ", poursuit-il, assurant que bien d’autres collègues sont dans le même cas.

Le secteur bancaire globalement touché

Plus généralement, cette onde de choc risque de toucher tous les métiers de la banque. Et dans les estimations de suppressions de postes, divulguées par Bloomberg, c'est principalement l'Europe et en particulier l'Angleterre qui vont souffrir, avec près de 80 % des pertes d'emploi. Rien que cette semaine, le groupe suisse UBS a annoncé un plan de 3.500 suppressions de postes, soit 5 % de son effectif total. Les banques américaines, quant à elles, ont déjà coupé dans les effectifs.

Concrètement, les plus touchés sont d'abord les services financiers. Mais les agences ne sont pas à l'abri. Tous les syndicats du secteur sont en veille désormais. Selon le SNB, premier syndicat des cadres bancaires, la tendance est clairement à une réduction des effectifs.

Pour l'instant, les directions n'osent pas prononcer le mot de plan social. Mais la tendance est bien au non-remplacement de tous les départs en retraite et notamment dans les agences.

Les jeunes diplômés impactés ?

Ce qui veut dire aussi moins d'embauches pour les jeunes diplômés. Pour Hervé Alexandre, un des responsables de l'université Paris Dauphine, en charge de former des cadres bancaires, c'est un été qui pourrait laisser des traces alors que la situation était en train de s'améliorer.

"Là, à mon avis, les banques vont marquer un coup d’arrêt, mais je reste quand même assez optimiste pour des métiers comme la gestion des risques, le contrôle interne, la relation clientèle où là les banques ont de toute façon des besoins d’embauche, crise ou pas crise, parce que leur pyramide des âges est assez déplacée vers un personnel assez âgé. Donc de toute façon ils ont des gros besoins d’embauche ", explique-t-il à Europe 1.

Mais il ne va toutefois pas falloir se tromper de filière. "Sur les métiers du crédit, je serais peut-être un peu moins optimiste que pour les autres métiers", précise Hervé Alexandre. Un responsable d'une grande école à Lyon, l'IAE, contacté par Europe 1, donne un autre conseil aux jeunes diplômés : être flexible et revoir à la baisse ses prétentions salariales.