Un doc révèle les dérives du marché halal

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Aurélie Frex (avec AFP) , modifié à
Halal : les dessous du business, diffusé sur Canal Plus, dénonce l'absence de règlementation.

Depuis quelques années, le marché des produits halal est en pleine expansion. Alors qu’on ne trouvait précédemment ces produits que dans des boucheries spécialisées, ils sont désormais disponibles en supermarchés. Viandes, mais aussi bonbons ou encore crèmes peuvent désormais être estampillées "halal". Le documentaire Halal : les dessous du business, diffusé dans l’émission Spécial investigation lundi sur Canal Plus, dénonce les abus liés au manque de règlementation du secteur.

Ce business juteux – près de 5 milliards d’euros – souffre d’une absence de contrôles sur les certifications. Les auteurs du reportage, Feurat Alani et Florent Chevolleau révèlent les fraudes que cette situation engendre. Il existe en effet une quinzaine d'organismes délivrant des "labels", mais aucun d’entre eux n’est certifié, comme peut l’être le "bio".

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Ces organismes n'ont jamais réussi à se mettre d'accord sur un cahier des charges commun. En raison d’un trop grand "flou", le Conseil français du Culte musulman (CFCM) a d’ailleurs annoncé lundi qu'il préparait une "charte du halal" pour la fin de l'année.

Des traces de porc dans les bonbons

Les bonbons de marque espagnole Fini, vendus avec l’étiquette halal, font partie des produits les plus populaires du marché. La liste des ingrédients indique qu’ils sont fabriqués à base de gélatine de bœuf, et non de porc, un aliment interdit dans la religion musulmane. Or, d'après le documentaire, après deux analyses de ces produits, la présence de porc dans ces confiseries est avérée.

Mardi, la société Fini a tenu à répondre au documentaire. Elle a contacté Europe1.fr, et démenti la présence de porc dans ses produits, en précisant qu'un imam certifiait les bonbons mis sur le marché.

Des poulets pas halal

Le documentaire révèle également que les poulets vendus par la marque Doux, première du marché du poulet halal en France, ne sont pas tués selon la tradition musulmane.
Théoriquement, pour qu’une viande soit halal, l’animal doit être égorgé et saigné vivant, et orienté vers la Mecque.

Pourtant, on découvre dans le documentaire que les poulets de cette marque sont anesthésiés et abattus mécaniquement à la chaîne, de la même façon que les poulets "non halal". Les personnes chargées de l’étranglement des animaux doivent aussi être musulmanes et obtenir un certificat de la part d’un imam.

Interrogé sur ces révélations, un porte-parole de la société Doux a répondu lundi. "Nous assurons une production halal depuis plus de 50 ans pour des pays du Moyen-Orient conformément à un cahier des charges. Il n'y a ni tromperie ni ambiguïté", assure-t-il. Selon lui, l'électronarcose pratiquée est "réversible", c'est-à-dire que l'animal peut se réveiller et qu'il est donc bien vivant au moment de l'abattage. Il assure qu’il y a aussi sur place des sacrificateurs qui "vérifient que le poulet a bien été égorgé".

L’organisme Afcai, chargé de la certification des produits, "bénéficie de la confiance des autorités religieuses des pays importateurs, tels que l'Arabie saoudite", selon Doux, tout comme de l’aval de la mosquée de Paris. La marque livre en effet ses poulets aux restaurants KFC.