La 4G ne doit pas être "seulement un luxe de Parisiens"

SFR et Bouygues Telecom ont été épinglés par l'Arcep sur la 4G. 1:45
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M.S. , modifié à
Benjamin Douriez est revenu sur la mise en demeure de Bouygues Telecom et SFR par l'Arcep, sur la question de la couverture 4G.
INTERVIEW

"Il n’y a pas de raison qu’internet sur mobile soit seulement un luxe de Parisiens", selon Benjamin Douriez. Le rédacteur en chef adjoint du magazine 60 millions de consommateurs a expliqué vendredi dans la Matinale d’Europe 1 pourquoi l’Arcep, le gendarme français des télécommunications, a mis en demeure Bouygues Telecom et SFR jeudi. Il leur est reproché de prendre du retard dans la couverture 4G des "zones blanches", principalement des régions rurales peu peuplées.

Une mise en demeure préventive. "Il y a quelques années, quand ils ont acheté leur licence, ils ont payé pour avoir le droit de déployer leur réseau", raconte le journaliste. "Mais on leur a dit 'Il va falloir faire un effort pour les zones rurales' et des rendez-vous ont été fixés pour voir s’ils respectent leurs engagements." Les deux opérateurs se sont engagés à couvrir en 4G en janvier 2017 40% des habitants de ces zones et l’Arcep a anticipé leur retard : Bouygues Telecom est à seulement 12% et SFR à 8%. Il s’agit donc d’une mise en demeure "à titre préventif", précise Benjamin Douriez.

Un décalage entre les performances annoncées et le ressenti des consommateurs. Dans plusieurs de ces zones blanches, on capte seulement la 2G. Y a-t-il pour autant une tromperie des consommateurs ? On ne peut pas l’affirmer aussi catégoriquement, mais "il y a un décalage entre le ressenti de tous les consommateurs sur la couverture des réseaux mobiles et ce qu’annoncent les opérateurs." "Quand ils annoncent la couverture, il y a toujours des chiffres très élevés et on a l’impression que tout va bien", indique le spécialiste des télécommunications.

Ce décalage vient du fait que les opérateurs téléphoniques communiquent, par convention, en pourcentage de couverture de la population et non du territoire. Par exemple, les meilleurs opérateurs français couvrent de 75 à 80% de la population, mais seulement 30% du territoire, d’après le journaliste. Ce décalage entre l’expérience des consommateurs et les prestations brandies par les entreprises de télécommunications est également dû à la manière dont on mesure la couverture, à l’extérieur des bâtiments… Ce qui donne nécessairement de meilleures performances qu’à l’intérieur. Pour Benjamin Douriez, Orange et Bouygues Telecom sont les deux opérateurs qui proposent la meilleure couverture (de 75 à 80% de la population), avec un peu d’avance sur SFR et Free (50 à 60% de la population).