Facebook suspend l'entreprise Cambridge Analytica, liée à la campagne de Trump

Facebook a suspendu l'accès de l'entreprise à ses données.
Facebook a suspendu l'accès de l'entreprise à ses données. © LOIC VENANCE / AFP
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avec AFP , modifié à
L'entreprise qui avait travaillé pour la campagne de Donald Trump en 2016 est accusée d'avoir collecté les informations personnelles de millions de membres de Facebook.

Facebook a annoncé avoir "suspendu" Cambridge Analytica, une entreprise d'analyse de données qui avait travaillé pour la campagne présidentielle de Donald Trump en 2016, et accusée d'avoir recueilli sans leur consentement les informations personnelles de millions d'usagers du réseau social.

Accès suspendu. D'après une enquête réalisée par le New York Times et The Observer, l'édition dominicale du quotidien britannique The Guardian, Cambridge Analytica aurait récupéré les données de 50 millions d'utilisateurs et s'en serait servi pour élaborer un logiciel permettant de prédire et d'influencer le vote des électeurs. Facebook a également suspendu les accès de la maison mère de la société, Strategic Communication Laboratories (SCL), ainsi que ceux d'Aleksandr Kogan, psychologue à l'université de Cambridge, et Christopher Wylie, dirigeant de la société Eunoia Technologies et ancien employé de Cambridge Analytica.

"En 2015, nous avions appris qu'Aleksandr Kogan nous avait menti et avait violé la politique de la plateforme en transmettant les données récupérées sur une application utilisant une interface de connexion de Facebook à SCL/Cambridge Analytica", a annoncé vendredi dans un communiqué Paul Grewal, le vice-président et directeur juridique adjoint du réseau social américain. "Il a également transmis ces données à Christopher Wylie", a-t-il ajouté.

Données des amis collectées illégalement. L'application développée par Aleksandr Kogan, "thisisyourdigitallife", s'affichait sur Facebook comme "une application de recherche utilisée par les psychologues". Elle proposait de payer les utilisateurs pour remplir des tests de personnalité. Quelque 270.000 personnes ont téléchargé cette application, permettant à son développeur d'accéder à des informations comme la ville renseignée sur leur profil ou le contenu qu'elles avaient apprécié. "Mais l'application a aussi collecté les informations des amis des personnes effectuant les tests, permettant d'accumuler des données sur des dizaines de millions de personnes", précise The Observer.

Facebook a expliqué que Kogan avait pu récolter légalement les données des utilisateurs, mais avait "violé les règles de la plateforme" en les transmettant à Cambridge Analytica et à Christopher Wylie. Le réseau social avait supprimé l'application en 2015 après avoir appris le non respect de sa politique. Aleksandr Kogan, comme tous ceux qui avaient reçu les données, avait assuré à Facebook que celles-ci avaient été détruites. Mais les dirigeants de la plateforme américaine n'ont jamais expliqué comment elles avaient été obtenues ou utilisées.

Données pas détruites. "Nous nous sommes servis de Facebook pour récupérer les profils de millions de personnes. Nous avons ainsi construit des modèles pour exploiter ces connaissances, et cibler leurs démons intérieurs", a révélé Christopher Wylie au journal britannique. "Il y a plusieurs jours, nous avons reçu des informations selon lesquelles, contrairement aux promesses qui nous avaient été faites, toutes les données n'ont pas été détruites", écrit Paul Grewal. 

"Nous agissons vigoureusement pour déterminer la véracité de ces informations. Si elles sont exactes, il s'agirait d'un nouvelle violation inacceptable de la confiance et des engagements qui ont été pris", a-t-il estimé, ajoutant que Facebook "prendra les mesures nécessaires pour que les données en question soient effacées une bonne fois pour toute", laissant entendre de possibles poursuites en justice. "Nous suspendons SCL/Cambridge Analytica, Wylie et Kogan de Facebook, en attendant de nouvelles informations", a-t-il conclu. Le New York Times avance que des copies des données obtenues par Cambridge Analytica existent toujours, et que certains journalistes ont même pu les consulter.

La société "nie fermement" les accusations

Cambridge Analytica (CA) a "nié fermement" ces accusations. "Ces données Facebook n'ont pas été utilisées par Cambridge Analytica dans le cadre des services fournis à la campagne présidentielle de Donald Trump" et aucune "publicité ciblée" n'a été réalisée "pour ce client" indique l'entreprise.