Dossiers médicaux, orientation sexuelle... : WikiLeaks mis en cause pour ses révélations

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WikiLeaks est mis en cause pour certaines de ses publications. © Capture d'écran.
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Le site spécialisé dans la publication de données confidentielles a mis en ligne les informations personnelles de plusieurs centaines de citoyens ordinaires.

WikiLeaks est-il allé trop loin dans la transparence ? Dans une longue enquête, l'agence de presse américaine Associated Press révèle que le site spécialisée dans la publications de documents confidentiels a mis en ligne les données personnelles de centaines de citoyens ordinaires. Dossiers médicaux, orientation sexuelle, nom de victimes de viols, numéro de sécurité sociale, numéro de passeport... Dans son enquête, l'agence de presse dénonce les "dommages collatéraux" causés par les révélations du site.

Des documents publiés en 2015. La publication du premier groupe de fichier mis en cause, des dizaines de milliers de câbles secrets du ministère des Affaires étrangères saoudien, remonte à juin 2015. En effet, si certaines informations avaient une valeur journalistique, d'autres peuvent mettre en danger la vie de certains citoyens. Parmi les données, au moins 124 dossiers médicaux ont été recensés par l'agence de presse américaine. Des patients victimes de troubles psychiatriques, des enfants gravement malades ou des réfugiés sont notamment concernés. De quoi provoquer la colère des patients et de leurs médecins. L'un d'eux, contacté par AP, "Ces données n'ont rien à voir avec la politique ou la corruption. Ce qui est arrivé est illégal. C'est illégal !", s'est-il énervé.

L'outing de certains homosexuels. Dans un autre document, WikiLeaks dévoile le nom d'un citoyen saoudien gay arrêté pour "déviances sexuelles", le terme utilisé dans le pays pour qualifier les personnes homosexuelles. Une révélation extrêmement dangereuse dans un pays très conservateur où l'homosexualité est encore passible de la peine de mort et conduit souvent à des violences sociales. Et même si le citoyen saoudien concerné a déjà été arrêté, la publication de tels documents pourrait accroître le préjudice causé par des fonctionnaires peu scrupuleux. Dans ces mêmes documents, les noms de deux adolescentes victimes de viol sont également publiés et accessibles à tous.

Usurpations d'identités. Les câbles issus du ministre des Affaires étrangères saoudien sont également pointés du doigt pour les données d'identité qu'ils contiennent. Plus de 500 passeports, cartes d'identité ou certificats d'employeur sont ainsi accessibles à tous. De quoi faciliter les usurpations d'identité. Un autre groupe de fichiers est mis en cause. Les documents concernant la convention national du parti démocrate américain, publiés en juillet dernier, contiennent en effet, eux-aussi, ce type d'informations. Les numéros de sécurité sociale et de cartes bleues d'une vingtaine de personnes y sont en effet accessibles. Parmi ces citoyens lambda, au moins deux ont été victimes de tentatives d'usurpations d'identités. Un ancien diplomate affirme avoir dû changer son numéro après avoir reçu des menaces.

WikiLeaks ne fait pas le tri... Depuis quelques temps, WikiLeaks fait l'objet de nombreuses critiques. Le site ne contrôle en effet plus les données qu'il publie. Si le fondateur de la plateforme, Julian Assange, assurait à ses débuts que les dossiers médicaux étaient des "secrets légitimes", l'organisation a changé d'avis. Dans un échange sur Twitter avec le journaliste américain Glenn Greenwald datant de novembre 2013, WikiLeaks explique qu'un tri dans les donnés ne faisait que "légitimer la fausse propagande selon laquelle "informer est dangereux" et assurait qu'il s'agissait de la "mauvaise chose à faire". Plus récemment, l'ancien consultant de la NSA, Edward Snowden, a fait part de ses réserves concernant la position de la plateforme.

... mais se défend. Malgré cela, le site est réagi à l'enquête de l'agence AP sur son compte Twitter. "Non, WikiLeaks n'a pas révélé l’identité d'homosexuels au gouvernement saoudien. Les données proviennent du gouvernement saoudien et n'ont pas été dévoilées par nous. L'histoire date de 2015. Publication maintenant en raison de l'élection", écrit - en anglais - l'organisation sur son compte Twitter.