A quoi va servir la 5G, la prochaine génération de réseau mobile ?

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La 5G est l'une des stars du Mobile World Congress de Barcelone. © Ethan Miller / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP
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, envoyé spécial à Barcelone
Pour mieux comprendre à quoi va servir la 5G, Europe 1 a interrogé Aicha Evans, senior vice président en charge des communications chez Intel.
INTERVIEW

On connaissait déjà la 2G, le 3G et la 4G, mais au Mobile World Congress, le grand salon de la téléphonie de Barcelone, les opérateurs et les équipementiers planchent déjà sur la 5G. Et la prochaine génération de réseau mobile ne servira pas seulement à accéder à Internet plus rapidement sur son smartphone, loin de là. Elle sera aussi indispensable au développement des objets connectés ou des voitures autonomes.

Pour y voir plus clair, Europe 1 a rencontré Aicha Evans, senior vice président en charge des communications chez Intel qui teste actuellement cette nouvelle génération de réseau et se prépare à la mettre en service dans les prochaines années.

Tout simplement, qu’est ce que la 5G ?

La 5G est la prochaine génération de réseau mobile. Ces quarante dernières années, nous avons créé un réseau pour communiquer entre individus et accéder à Internet. C’est ce que l’on a fait avec la 2G, la 3G et la 4G. Lorsque l’on est arrivé à la 4G, on a commencé à se demander ce qu'il en serait lorsque beaucoup plus de machines auraient besoin de se connecter au réseau. Comment fonctionnera-t-on lorsque les voitures, les robots, les avions ou les drones seront connectés ? Pour que ce soit possible, il fallait que l’on prépare le réseau. C’est ce que l’on fait avec la 5G.

Mais a-t-on vraiment besoin d’un nouveau réseau pour cela ? On ne pouvait pas le faire avec la 4G ?

Aujourd’hui, quelqu’un qui a un smartphone et qui va sur Facebook, envoie des mails, des messages et surf sur Internet va produire en moyenne 1,5Go de données par jour. Une voiture complètement autonome (elles sont attendues pour 2020, ndlr), elle, va produire près de 4.000Go de données en une journée. Évidemment, on ne peut pas stocker autant d’informations dans un véhicule. Il faudra tout sauvegarder dans le cloud. Et pour que cela fonctionne sur une voiture, il faut que les données soient envoyées très rapidement pour que le véhicule puisse prendre une décision quasi-instantanément (freiner par exemple). Il faut aussi que ce soit extrêmement fiable pour ne pas risquer d'accident. Or, la 4G ne peut pas faire ça.

La 5G servira aussi pour les objets connectés ?

Oui, de plus en plus d'objets vont être connectés entre eux. Généralement, je demande aux gens de fermer les yeux et de penser à la façon dont nous vivions quand il n’y avait pas voiture ? Quand il n’y avait pas d’avion ? Quand il n’y avait pas de téléphone ? Avec la 5G, nous allons assister à ce genre de révolution pour les objets connectés. On le voit déjà un peu aujourd’hui dans les maisons. Certaines ont des volets automatiques, d’autres intègrent les assistants intelligents d’Amazon ou Google, il y a une machine à laver, un réfrigérateur… Tout va être connecté et cela va changer la façon dont nous vivons.

La 5G va donc permettre de connecter tous ces objets. Va-t-elle aussi apporter quelque chose à nos smartphones comme l’on fait les précédentes générations de réseau ?

Il y aura bien sûr des smartphones 5G. Ce sera comme une 4G beaucoup plus rapide avec un débit oscillant entre 1 et 2Gb/s. A titre de comparaison, la 4G a un débit de 150Mb/s, soit six fois moins.

A quelle date doit-on s’attendre à voir débarquer la 5G ?

Pour le moment, nous sommes dans une phase de tests. On est en train de vérifier que tout ce que l’on a prévu fonctionne. On regarde par exemple ce qui se passe quand il y a un mur, qu’il pleut, ou qu’un chien qui passe pour être sûr que ça ne perturbe pas le réseau. De premiers tests grandeurs nature seront effectués à partir de 2018. Au niveau commercial, il faudra attendre 2020. 

On parle de la 5G depuis déjà plusieurs années ici au Mobile World Congress, c'est assez long...

Ce qu’il faut bien comprendre avec les réseaux, c’est qu’il faut que tout soit prêt chez nous, les professionnels, avant que les gens puissent l’utiliser. Aujourd’hui, on parle de la 4G comme si c’était rapide et facile, et on ne réalise pas que l’on testait déjà la 4G en 2002. A l’époque, nous n’étions même pas sûrs de l’utilisation que nous en ferions car le smartphone n’existait pas. C’est seulement quand Apple a présenté l’iPhone en 2007 et que l’Internet mobile est arrivé que ça a explosé. Il va se passer la même chose avec la 5G, quand la voiture autonome arrivera par exemple.