Vikash Dhorasoo sur les jeunes footballeurs : "On demande trop à ces gamins"

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J.R. , modifié à
L’ancien milieu de l’équipe de France estime que les médias et les supporters sont trop exigeants envers les jeunes joueurs. 
INTERVIEW

A 18 ans, Kylian Mbappé déchaîne déjà toutes les passions et toutes les folies. L’attaquant du PSG, surdoué déjà titulaire en équipe de France, symbolise ces jeunes joueurs devenus très tôt des stars. Pour Vikash Dhorasoo, "on demande trop à ces gamins". L’ancien milieu de l’équipe de France estime ainsi que le grand public et les médias sont trop exigeants avec eux, notamment vis-à-vis de leurs comportements en dehors des terrains. "On oublie que ceux qui devraient être exemplaires, nos politiques, ne le sont pas. On demande trop aux footballeurs", assure Dhorasoo, qui vient de publier une autobiographie (Comme ses pieds).

L’impact des années de formation sur les jeunes footballeurs. Racontant sa propre expérience, l’ancien joueur du PSG et de l’AC Milan juge que ces jeunes hommes, souvent obligés de s’exiler loin de chez eux pour réaliser leurs rêves, ne vivent pas une adolescence normale. Contrairement à sa propre expérience. 

"J’ai été formé dans les années 1980 au Havre, ma ville. Quand j’étais au centre de formation, je rentrais chez moi tous les soirs. Je suis allé au collège, au lycée, à la fac : j’ai eu une adolescence normale avec le football. Je me suis blessé à 16 ans, et comme je ne jouais pas j’ai vécu une vie normale pendant deux ans en allant à l’école, en draguant les filles. Tout ça permet de se construire et d’être à peu près normal", témoigne-t-il.  

"Qui à cet âge peut supporter une telle pression ?" Vikash Dhorasoo cite l’exemple d’Hatem Ben Arfa, annoncé comme une future star dès son plus jeune âge, pour appuyer son propos. "Quand je regarde mes années de formation, je pense à Ben Arfa dans le documentaire A la Clairefontaine. Il arrive à 15 ans au centre de formation de Lyon et tout le monde le connaît déjà. Il était déjà sous le feu des projecteurs si jeune. Mais qui à cet âge peut supporter une telle pression ?", se demande l’ancien Bleu.  

"Les gens n’imaginent pas la souffrance de ces gamins", poursuit Didier Roustan. "Zidane, par exemple, est parti de Marseille pour aller au centre de formation à Cannes, à deux heures de route de chez lui. Il avait 15-16 ans, il est resté dans une famille d’accueil très chaleureuse mais il avait un tel manque que tous les soirs, il pleurait. Imaginez tous ces gamins qui partent à des centaines de kilomètres de chez eux et qui n’arrivent pas à passer pro…", conclut notre consultant.