Un Français peut-il gagner le Tour de France (cette année) ?

Pinot et Bardet (1280x640) Lionel BONAVENTURE/AFP
Thibaut Pinot et Romain Bardet sont les deux meilleurs espoirs tricolores sur le Tour. © Lionel BONAVENTURE/AFP
  • Copié
QUESTION - La 103e édition du Tour de France s’élance samedi du Mont Saint-Michel. Peut-il sourire à un Français ? Peut-être. 

Tous les ans depuis 1986 et le dernier dossard n°1 de Bernard Hinault, c’est la même question : un Français peut-il gagner le Tour de France ? Certaines années, cette question a même paru incongrue tant les Tricolores étaient loin du compte. Qu'en est-il cette année, alors que cela fait maintenant plus de trente ans qu'on attend un successeur au "Blaireau" ? La rédaction d'Europe 1 est divisée et nous expose ici ses arguments.

OUI : "Jamais le cyclisme français n'a semblé aussi fort"

Par Rémi DUCHEMIN

"Après de (longues) années de vache maigre, jamais le cyclisme français n’a semblé aussi fort avant un Tour de France. Et jamais les cyclistes français n’ont semblé aussi ambitieux. L’un vise ouvertement la gagne (même s'il ne le dit pas ouvertement) : Thibaut Pinot a prouvé sur les courses à étapes qu’il avait l’étoffe d’un futur vainqueur de la Grande Boucle. Pourquoi pas dès cette année ? Derrière le leader de la FDJ, d’autres tricolores peuvent réaliser de grandes choses. Romain Bardet (AG2R-La Mondiale), deuxième du Critérium du Dauphiné, est en grande forme. Pierre Rolland, pur grimpeur, peut profiter du profil très montagneux du Tour 2016 pour jouer le maillot jaune. Son équipe, l’Américaine Cannondale, en a d’ailleurs fait son leader. Comme l’Allemande Giant avec Warren Barguil.

Reste un problème de taille, en la personne de Christopher Froome. L’Anglais du Team Sky, vainqueur du Tour 2013 et 2015, partira encore largement favori. Mais il n’est pas à l’abri de pépins, comme en 2014, quand des chutes l’avaient contraint à l’abandon. Et si les autres leaders l’attaquent tour à tour sans relâche, il n’est pas interdit de penser qu’il pourrait craquer. Et là, on peut être sûr que les Français seront à l’affût pour en profiter…

NON : "Les Français sont dans la classe d'en dessous"

Par Nicolas ROUYER

"À la pédale, je ne suis pas le plus fort du peloton." "Je sais que dans les montées cruciales, il me manque parfois un petit quelque chose." Ces deux constats sont signés respectivement Thibaut Pinot et Romain Bardet, soit les deux meilleures chances françaises sur le prochain Tour de France. On ne peut pas leur donner tort. Certes, les deux ont brillé sur le dernier Dauphiné (victoire d'étape pour Pinot, 2e place au classement général pour Bardet), mais l'épreuve alpine n'a jamais été plus qu'un tremplin et surtout pas une fin pour les cadors, qu'ils se nomment Miguel Indurain hier ou Christopher Froome (Team Sky) aujourd'hui. Le classement final du Tour 2014, avec trois Français dans les six premiers (Jean-Christophe Péraud 2e, Pinot 3e et Bardet 6e) a eu un effet trompe-l'œil, du fait des abandons rapides de Froome, d'Alberto Contador (Tinkoff) et de l'absence de Nairo Quintana (Movistar).

On a une mauvaise nouvelle pour Pinot, Bardet, Warren Barguil (Giant) et tous les coureurs français : ces trois-là seront là, tout comme le vainqueur du Tour d'Espagne 2015, Fabio Aru (Astana), qui sera soutenu par le vainqueur du Tour de France 2014 en personne, Vincenzo Nibali. Cette Grande Boucle 2016, montagneuse (mais pas trop), avec ses deux contre-la-montre nerveux, ne laisse a priori pas beaucoup de place pour les surprises et devraient s'offrir à un spécialiste des grands Tours. Que ne sont pas encore les coureurs français."