Triple couronne pour les All Blacks

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La Nouvelle-Zélande, victorieuse de l’Australie samedi, à Twickenham (34-17), au terme d’une finale exceptionnelle, conserve son titre et devient la première nation triple championne du monde de l’histoire.

Mises à l’épreuve de l’enjeu forcément écrasant de cette huitième finale de Coupe du monde, les intentions de jeu si emballantes des All Blacks et des Wallabies depuis huit semaines avaient forcément à souffrir de ce contexte si particulier. La seule perspective pour l’un comme pour l’autre des deux géants du Sud de devenir la première nation triple championne du monde de l’histoire pouvait suffire à freiner les ardeurs de ces deux machines à produire du jeu. Mais, même loin du cocon rassurant de l’Eden Park, où ils ont conquis leurs deux couronnes mondiales (1987, 2011), les coéquipiers de Richie McCaw ont pour eux cette formidable expérience : sept titulaires au coup d’envoi ce samedi, à Twickenham, déjà présents il y a quatre ans, lors de la finale face à la France (8-7). Ça cause, comme dirait l’autre.

Un capital inestimable, tout sauf le prétendu défaut d’une équipe vieillissante, mais bien l’ADN d’un groupe qui évolue au sommet de son art. Capables de déclencher la foudre dès les premières minutes de jeu, les champions du monde néo-zélandais attaquent pied au plancher. Soudain rattrapée par son vécu moindre, l’Australie, prise à la gorge par l’intensité physique imposée et avec la justesse technique de l’orchestre noir. A la baguette, Dan Carter joue sur du velours, ou presque. Des vagues incessantes sur la défense des Wallabies, dont les deux cisailles Pocock et Hooper sont mises d’emblée aux cadences infernales. On plaque, on gratte à tour de bras, mais l’équipe de Michael Cheika ne peut soutenir cette débauche de jeu. Elle la subit, contrainte et forcée.

Le meilleur, c’est Carter !

Le pied de Carter (8e, 27e, 36e) prend le score que les vainqueurs du Four Nations ne peuvent nourrir que sur cette seule mêlée victorieuse, récompensée par Bernard Foley (14e). Aucun lancement de jeu quand les All Blacks les enchaînent, les multiplient à l’envie. Et il faut la mansuétude de M. Owens sur deux agressions du futur pilier de l’UBB Sekope Kepu pour ne pas enfoncer une équipe au bord de la rupture et déjà orpheline du deuxième ligne Kane Douglas (cheville) et du centre Matt Giteau (commotion), tous deux sortis sur blessure. Jusqu’à l’inévitable essai que signe Nehe Milner-Skudder juste avant la pause sur une merveille d’action, enchaînement au tableau noir, qui voit la remise intérieure de Conrad Smith trouver son demi de mêlée Aaron Smith pour son capitaine Richie McCaw au rendez-vous de la dernière passe pour son ailier (16-3, 40e). Sublime !

Jamais une équipe menée à la mi-temps n’est devenue championne du monde. Le K.-O. est là avec l’entrée en jeu d’un Sony Bill Williams, dont le premier ballon, passe après contact extra-terrestre qui mystifie trois adversaires, propulse Ma’a Nonu vers un numéro de soliste fatal à Kurtley Beale et Drew Mitchell (21-3, 42e).

On aurait juré à cet instant du match avoir vu cette équipe australienne vaincue. Sa renaissance fait basculer cette finale dans la dimension merveilleuse dont on n’osait plus rêver avec le carton jaune infligé à l’arrière Ben Smith. Des All Blacks à quatorze durant dix minutes pour un bilan terrible de 14 points concédés après les essais de David Pocock, sur ballon porté (53e), et de Tevita Kuridrani, alerté par le pied de Will Genia (64e), pour un rapproché à seulement quatre points (21-17).

Comme en demi-finales, face aux Springboks, le drop de Carter décoché alors des quarante mètres sans élan casse l’élan australien (24-17, 70e). Le meilleur joueur de la compétition, c’est désormais une certitude, compile 19 points pour sceller un peu le score, avant que Beauden Barrett n’inscrive en contre le troisième essai néo-zélandais (34-17, 80e). Têtes hautes et fidèles à leurs convictions, les Wallabies, cette fois, ne reviendront pas. Les légendes en noir peuvent quitter la scène en pleine lumière, à jamais les premiers triples champions du monde.    

Europe 1 avec Sports.fr