Rolland, le début du roman

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TOUR - Rolland a signé vendredi à l'Alpe-d'Huez la victoire la plus prometteuse de sa carrière.

"Je vais avoir 25 ans, j'ai mes dix plus belles années qui arrivent." Vendredi, à l'issue de son succès en solitaire au sommet de l'Alpe-d'Huez, Pierre Rolland s'est projeté avec envie sur la suite de sa carrière. Et il peut. Vainqueur devant le champion olympique en titre, Samuel Sanchez, et le triple vainqueur du Tour, Alberto Contador, le coureur de l'équipe Europcar a prouvé l'étendue de ses qualités dans la plus mythique des montées.

"L'Alpe, je l'ai montée six fois l'année dernière, je la connais par cœur" a révélé le coureur Europcar, qui s'est félicité d'avoir gardé son sang-froid face aux deux coureurs espagnols. "J'ai regardé Armstrong, Pantani, j'ai visionné leurs passages des dizaines de fois, je me demandais comment ils faisaient pour aller aussi vite." Les deux doubles vainqueurs à l'Alpe (Pantani en 1995 et 1997 et Armstrong en 2001 et 2004) avaient établi des temps record en-dessous des 38 minutes. Rolland le studieux a, lui, mis presque cinq minutes de plus vendredi pour avaler les 21 lacets.

Son leader, Thomas Voeckler, lui avait laissé carte blanche pour cette antépénultième étape. Lui qui s'était sacrifié jeudi pour le Maillot Jaune a cette fois pu accompagner les meilleurs dans le Galibier avant d'attaquer dans l'Alpe-d'Huez. Au sommet, il a levé les bras, devenant le deuxième Français seulement (en 25 arrivées) à s'imposer tout là-haut. Vingt-cinq ans plus tôt, c’est Bernard Hinault qui avait franchi la ligne en vainqueur. La filiation est tentante, alors que l'on attend toujours un successeur au "Blaireau", dernier Tricolore à avoir remporté le Tour en 1985…

Révélé sur Paris-Nice en 2008

Comme beaucoup d'autres avant lui, Rolland, réservé sans être timide, a été considéré comme le "plus grand espoir du cyclisme français", ou comme "un vainqueur du Tour en puissance". Dès sa deuxième saison chez les pros, il se révèle sur Paris-Nice, avec plusieurs places d'honneur et un Top 10 au mont Ventoux. Quelques mois plus tard, il termine meilleur grimpeur du Dauphiné. Fin 2008, il quitte le Crédit Agricole pour rejoindre Bouygues Telecom et Jean-René Bernaudeau. Pour sa première participation au Tour, il termine à une honorable 21e place. Mais il tarde à répondre aux espoirs placés en lui.

Il faut attendre cette saison où, chez Bouygues Telecom devenu Europcar, il endosse le rôle d'équipier dans une équipe construite autour de Thomas Voeckler. "A Paris-Nice, sur les étapes un peu dures, quand le terrain me convenait, j'étais avec les tout meilleurs. Au Critérium international aussi. Quand j'ai vu que j'arrivais à les suivre, j'ai travaillé dans ce sens-là." Equipier modèle dans les Pyrénées puis sur les pentes du Galibier, l'actuel 10e du classement général a prouvé qu’il pourrait revêtir dès la saison prochaine le costume de leader.

Avant de prétendre bientôt au Maillot Jaune, le natif de Gien, dans le Loiret, va tenter de défendre samedi, lors du contre-la-montre autour de Grenoble, son Maillot Blanc de meilleur jeune. C'est vrai qu'il n'a pas encore 25 ans.