Tour de France : quels dispositifs pour lutter contre les tricheurs ?

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et Julien Froment , modifié à
Caméras thermiques, contrôles inopinés... Cette année, les organisateurs de la Grande Boucle sortent les grands moyens pour limiter la triche.

Seize villes-étapes, plus de 3.535 km à parcourir, mais pas un centimètre accordé à la triche. Les organisateurs du prochain Tour de France, l'Union cycliste internationale (UCI), la Fédération française de cyclisme, et les autorités françaises l'ont confirmé, en annonçant lundi l'utilisation, lors de la compétition cycliste, d'un dispositif inédit pour lutter contre la fraude mécanique. "Le plus important est de fermer la porte aux tricheurs", insiste auprès d'Europe 1 Brian Cookson, président de l'UCI. Et pour contrer ce nouveau fléau pour le cyclisme, en sus du dopage physique, autant dire que les coureurs vont être surveillés de près. Europe 1 fait le point sur les dispositifs instaurés pour mettre des bâtons dans les roues des tricheurs. 

CONTRE LE DOPAGE MECANIQUE

Des caméras thermiques. Des ingénieurs de haut vol pour un moyen de détection ultra-pointu… Pour cette édition 2016, des caméras thermiques, mises au point par le Commissariat à l'énergie atomique (CEA), vont être utilisées pour détecter le moindre petit engin – mini-moteur, batterie – dissimulé dans un vélo. "Quand on a une batterie à l'intérieur d'un cadre de vélo, la structure du matériaux change, donc les propriétés thermiques du vélo changent, et vous le voyez à l'image et à la caméra. Cela apparaît comme une zone plus chaude ", explique Vincent Berger, directeur de la recherche fondamentale du CEA. 

Très précises, ces caméras fonctionnent aussi bien lorsque le vélo est à l'arrêt, que lorsqu'il utilise le moteur électrique dissimulé. "On peut suivre les coureurs en permanence, du début à la fin de la course", assure-t-il, d'autant que la caméra, portable peut être utilisée depuis une moto, un bord de route. Et peut-être même, à terme, depuis un hélicoptère. 

Des contrôles ciblés et réguliers. Ce nouvel outil dans la lutte contre la fraude "rassure" le directeur du Tour de France, Christian Prudhomme. Sur la fréquence de ces contrôles, il confie à Europe 1 : "Je ne sais pas et je ne veux surtout pas savoir quand auront lieu ces contrôles, c'est capital, car nous, organisateurs, nous ne sommes pas juges et partis." 

Toujours est-il que ces contrôles seront "très extensifs", selon les termes de Brian Cookson de l'UCI, et ciblés : appropriés aux lieux et aux profils des étapes de course. Evidemment, les lieux et dates choisis pour utiliser ces outils redoutables sont gardés secrets.  "Si l'on voulait sauvegarder le cyclisme, préserver le Tour de France, il était bien de mettre en place ces contrôles", s'est félicité de son côté Thierry Braillard, secrétaire d'Etat aux Sports, pour qui il y avait "une forme d'urgence". 

CONTRE LE DOPAGE PHYSIQUE

Contrôles inopinés. Enfin, comme chaque année, la Grande Boucle ne fera pas l'impasse sur les contrôles anti-dopage classiques, effectués par prélèvements : sanguin ou urinaire. Ces prélèvements commencent en amont de la compétition, mais peuvent aussi être réalisés pendant, à n'importe quel moment entre 6 heures et 23 heures. Quant au vainqueur de chaque étape, ainsi que les maillots distinctifs, ils sont systématiquement contrôlés à l'arrivée. 

Lors de l'édition 2015, pas moins de 656 contrôles anti-dopage, parmi lesquels 482 prélèvements sanguins et 174 prélèvements urinaires, ont été menés sur le parcours de la compétition, selon un communiqué de la Fondation Antidopage du Cyclisme (CADF) à l'époque. Sur tous les cyclistes, un seul cas positif avait été décelé, puis exclu du Tour : le coureur italien Luca Paolini, testé à la cocaïne

Le Dr Mabuse, persona non grata. C'est une figure sulfureuse, mais incontournable du milieu cycliste depuis 40 ans. Et pourtant, les pratiques de Bernard Sainz, qui serait enclin à délivrer conseils médicaux et protocoles de dopage, selon une enquête Le Monde / "Cash Investigation", sont plus que montrées du doigt. L'an dernier, la révélation de la présence de "Docteur Mabuse" sur le Tour, le 10 juillet 2015, par un article de Libération avait suscité la polémique. L'organisateur de l’épreuve avait alors ouvert une enquête dans le but de savoir comme le naturopathe avait pu accéder à l'étape.

Cette année, on assure que Bernard Sainz n'est pas le bienvenu. "J'espère bien qu'il ne sera sur aucun espace du tour de France. C'est ce qui a été clairement demandé à nos agents de sécurité, souligne Christian Prudhomme. Après, avoir quelqu'un au bord de la route ou dans un hôtel, cela ne dépend pas des organisateurs. En revanche, dans les espaces officiels du Tour de France, c'est un autre problème, et je n'ai pas du tout l'intention qu'il y soit."