Tour de France : cinq choses à retenir de la 17ème étape entre Bagnères-de-Luchon et Saint-Lary-Soulan

Geraint Thomas à l'arrivée à Saint-Lary-Soulan (1280x640) Marco BERTORELLO / AFP
Geraint Thomas a décroché la troisième place de l'étape, mercredi, au sommet du col du Portet. © Marco BERTORELLO / AFP
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Le Colombien Nairo Quintana a remporté mercredi la deuxième étape pyrénéenne, qui a assis, sans doute définitivement, la suprématie de Thomas.

Christopher Froome bluffait-il ou était-il vraiment moins fort que Geraint Thomas ? On a eu la réponse, mercredi, lors de la courte (65 km) et difficile étape entre Bagnères-de-Luchon et Saint-Lary-Soulan. Le quadruple vainqueur du Tour, lâché dans les derniers kilomètres de l'ascension finale vers le col du Portet, a concédé 48 secondes à son équipier Geraint Thomas, plus que jamais leader après une 17ème étape remportée par le Colombien Nairo Quintana.

Froome ne gagnera (certainement) pas un cinquième Tour. Il avait comme ambition de rejoindre Jacques Anquetil, Eddy Merckx, Bernard Hinault et Miguel Indurain, recordmen des victoires sur la Grande Boucle (les sept Tours remportés par Lance Armstrong lui ont été retirés). Il avait comme défi de marcher sur les traces de Marco Pantani, en remportant dans la foulée le Giro et le Tour de France. Christopher Froome a compris mercredi que ce ne serait sans doute pas possible.

Le Britannique a été distancé du groupe Maillot jaune (porté par son équipier Geraint Thomas) à un peu plus de deux kilomètres de l'arrivée. "Ce fut un jour très difficile, intense", a-t-il admis sur son home trainer, devant une forêt de micros, peu de temps après l'arrivée. "Je n'ai pas de regrets. Geraint a fait une très belle course C'est la vie, c'est le cyclisme. (…) Geraint a fait une course sans faute, moi j'ai gagné quatre Tours, et Geraint mérite d'être en jaune." Même sans cette contre-performance finale, il aurait été difficile pour Froome de déloger un Thomas sûr de sa force.

Thomas en route vers un premier succès. Il nous faut faire amende honorable. Lorsque nous avions dressé la liste des huit grands favoris du Tour au départ de Noirmoutier, nous n'avions pas mis le nom de Geraint Thomas. Pas assez de référence sur les courses de trois semaines. Trop équipier, aussi, d'un Christopher Froome que l'on pensait intouchable. Mais les circonstances de course (chute de Froome en première semaine notamment) l'ont mené à porter rapidement ce Maillot jaune et à confirmer qu'il avait les épaules assez larges pour le porter jusqu'à Paris. Deux fois vainqueur d'étape dans les Alpes, Thomas a cette fois maîtrisé tous ses rivaux dans le col du Portet, le "toit" du Tour, culminant à 2.215 m, se permettant le luxe de prendre encore les quatre secondes de bonifications réservées au troisième de l'étape.

"Je me sentais bien, il fallait défendre notre place. L'équipe a été très forte, a fait la différence", a réagi "G" sur France 2. Effectivement, à mi-pente, dans le col du Portet, alors que le groupe des favoris comprenait neuf coureurs, huit étaient des Sky. Thomas a-t-il pour autant déjà gagné le Tour de France ? "C'est le Tour, tout peut arriver." Et même qu'un deuxième champion olympique 2008 de la poursuite par équipes l'emporte, six ans après Bradley Wiggins…

La "terrible défaillance" de Bardet. Il espérait encore des choses, Romain Bardet. Le leader de l'équipe AG2R La Mondiale a fait rouler le peu d'équipiers qui lui restent (trois ont quitté l’épreuve) dans le col de Val Louron-Azet, deuxième difficulté de la journée (1ère catégorie), afin de durcir la course. Mais, dans le col du Portet, Bardet a craqué.

"Ça a été une journée terrible, les jambes ne répondaient pas", a-t-il confié au micro de France 2. "Mon corps ne pouvait pas me donner plus aujourd'hui (mercredi), c'est une terrible défaillance, c'est dommage. J'avais des bonnes jambes sur l'étape et j'ai senti que j'avais mal à la tête, que je manquais de sucre dans la dernière montée." Bardet est arrivé au sommet avec 1'48" de retard sur Thomas. Cinquième du général à l'entame de cette étape, le Français a été repoussé au huitième rang, abandonnant tout espoir ou presque de podium final.

Quintana avec panache. "Attaque de Quintana !" L'expression était devenue au fil du temps un gimmick, tellement le comportement attentiste du coureur colombien ces dernières saisons irritait les amateurs de cyclisme. Mais, cette fois, Quintana a bien attaqué, au bas du col du Portet, dans la roue de l'Irlandais Dan Martin. Quatorze kilomètres plus haut, le Colombien a levé les bras, pour la première fois depuis cinq ans et son succès au Semnoz, sur le Tour 2013.

"Aujourd'hui (mercredi), c'était une étape pour les grimpeurs purs, il fallait monter rapidement, et avec notre équipe, on a essayé avec Alejandro (Valverde, parti à l'avant dès la première montée, vers Peyragudes, ndlr) et Mauricio Soler (qui a roulé au sommet du col de Val Louron-Azet en tête du groupe des favoris, ndlr)", a réagi le Colombien au micro de France 2. "Nous sommes tous très heureux de gagner une étape, surtout comme aujourd'hui."

Départ arrêté, ça n'a rien changé. Des coureurs disposés selon leur place au classement général et qui s'élancent au feu vert. L'image, rappelant un départ de Formule 1 ou de MotoGP, a eu lieu mercredi sur la 17ème étape du Tour et cela n'a… absolument rien changé. Les Sky ont rapidement repris leur place en tête de peloton (et un coureur de l'équipe Direct Énergie a attaqué, pourrait-on ajouter). Plus grave, peut-être, pour le spectacle, le format resserré de l'étape n'en a pas fondamentalement changé le scénario. Les gros bras ont attendu la dernière montée pour s'expliquer et avant, Julian Alaphilippe, échappé, a pu assurer des points pour son Maillot à pois, plus que jamais accroché à ses épaules.

Contusion mais pas de fracture pour Sagan. Le Slovaque Peter Sagan, victime d'une chute dans la descente du col de Val Louron-Azet, souffre d'une contusion à la fesse droite sans fracture, a annoncé l'équipe médicale dans un communiqué. Le triple champion du monde a franchi la ligne d'arrivée avec plus de 26 minutes de retard sur le vainqueur de l'étape, Nairo Quintana, dans les délais mais avec le maillot et le cuissard déchirés.