Tennis : la Laver Cup, une si bonne idée que ça ?

Björn Borg, Rafael Nadal, Rod Laver, Roger Federer et John McEnroe, lors de la présentation de la Laver Cup, mercredi.
Björn Borg, Rafael Nadal, Rod Laver, Roger Federer et John McEnroe, lors de la présentation de la Laver Cup, mercredi. © Alex Goodlett / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP
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et O.A. , modifié à
Initiée par Roger Federer, la Laver Cup opposera les meilleurs joueurs européens au reste du monde. Si le plateau est alléchant, les observateurs sont plus que circonspects sur son utilité. 

L’affiche a déjà fière allure : les meilleurs joueurs européens contre le reste du monde. Federer et Nadal face à Nishikori et Isner. La Laver Cup, calquée sur le modèle de la Ryder Cup, au golf, aura lieu pour la première fois du 22 au 24 septembre 2017 à Prague. Les deux équipes, composées chacune de six joueurs et dirigées par le Suédois Björn Borg pour l'équipe européenne et l'Américain John McEnroe pour le reste du monde, s’affronteront pendant trois jours, au rythme de trois simples et un double par jour. À la clé, pas de points ATP distribués, mais un "prize money" qui promet d’être conséquent.

Federer tout feu tout flamme. À l’origine du projet, Roger Federer lui-même et son agent, Tony Godsick. "Cela va être incroyable d'être enfin dans la même équipe que 'Rafa'", s'est félicité le Suisse lors de la présentation du projet, mercredi. Incroyable aussi pour le spectacle offert au public. Le problème, c’est que cette compétition, organisée deux semaines après l’US Open, risque d’alourdir un calendrier déjà bien chargé.

"Trop, c’est trop". "Il y a une multiplication de ces exhibitions, qui sont faites pour gagner de l’argent, mais quand ça contrarie le circuit ATP et la Coupe Davis – les demi-finales de la Coupe Davis se déroulent généralement en septembre, ndlr – je crois que ce n’est vraiment pas une bonne chose", regrette Patrice Hagelauer, ancien DTN du tennis français et ex-entraîneur de l’équipe de France de Coupe Davis. "Trop, c’est trop".

"Cela n’apporte rien, au contraire". "Quand on arrive vers la fin de l’année, il vaut mieux se concentrer sur ce qui est vraiment important et intéressant pour le tennis, c’est-à-dire toutes ces épreuves traditionnelles et historiques qui font l’ADN du tennis. Ce qui fait l’intérêt de cette exhibition, ce sont simplement les noms qui l’organisent. Cela attire les sponsors. Mais sur le plan du jeu proprement dit, je trouve que ça n’apporte rien, au contraire", explique-t-il.

Au détriment de la Coupe Davis ? Pire, le risque est donc de concurrencer directement la Coupe Davis, desquelles pourraient se détourner les meilleurs joueurs du circuit : les cinq premiers du classement ATP l’ont de toute façon déjà remportée (Novak Djokovic, Stan Wawrinka et Roger Federer, Rafael Nadal et Andy Murray la saison dernière). Je préférerais que Federer défende la Coupe Davis. Pour les tout meilleurs, il y a déjà suffisamment d’argent sur le circuit", continue Hagelauer.

"Les joueurs sont habitués", se défend Federer. "À chaque fois que vous ajoutez ou que vous enlevez quelque chose au calendrier, cela a toujours un impact, c’est ça qui est fou avec le tennis", s’est défendu Federer. "Chaque fois qu’on bouge quelque chose, c’est comme si tout le bâtiment allait s’écrouler. Cela crée une secousse, mais les joueurs sont habitués, et ça ne veut pas dire que c’est négatif." 

Autre argument avancé par Patrice Hagelauer contre cette exhibition : l’accumulation à outrance des matches, difficilement supportable pour les organismes. "Il y a tellement de blessés aujourd’hui qu’on se demande s’ils ne feraient pas mieux parfois de prendre du repos pour mieux jouer le reste de l’année sans avoir de pépins physiques", lâche-t-il. Roger Federer devrait le savoir, lui qui a dû déclarer forfait jusqu’à la fin de la saison en raison de blessures à un genou.