Tennis : jusqu’où peut aller Roger Federer ?

A 36 ans, le Suisse a encore les yeux tournés vers le succès.
A 36 ans, le Suisse a encore les yeux tournés vers le succès. © SAEED KHAN / AFP
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La légende du tennis a remporté son vingtième Grand Chelem à l’Open d’Australie. A presque 37 ans, le temps semble ne pas avoir d’emprise sur "Rodgeur".

Il a fondu en larmes comme un jeune premier. Roger Federer a célébré son vingtième Grand Chelem, dimanche en battant le Croate Marin Cilic en finale de l’Open d’Australie, comme s’il s’agissait d’une rareté. A presque 37 ans, le Suisse n’en finit plus d’enquiller les succès depuis l’an dernier (trois Grand Chelem en un an, l’Open d’Australie 2017 et 2018 et Wimbledon 2017), renforçant un peu plus sa légende.

Plus grand joueur de tennis de tous les temps, recordman des victoires dans les Majeurs, il n’a pourtant plus rien à prouver. Icône planétaire, rock-star des courts, il pourrait raccrocher sa raquette que rien, ni personne, ne pourrait lui contester (pour le moment) son trône. Mais "Rodgeur", compétiteur acharné et amoureux fou de son sport, ne compte pas tirer sa révérence de sitôt. Sa soif de succès, inextinguible, pourrait l’amener à des hauteurs que lui-même, il n’y a pas si longtemps, n’aurait jamais rêvé atteindre.  

Des résultats ahurissants. Depuis son retour sur les courts en janvier 2017, après une longue pause de six mois pour guérir son dos et se relancer moralement (aucune victoire en Grand Chelem entre 2012 et 2016), le roi "Rodgeur" règne à nouveau sur la planète tennis. En un an, le Suisse à la trentaine largement dépassée rayonne comme à ses plus belles heures, avec huit titres remportés, dont trois Grand Chelem, et 59 matches gagnés pour seulement trois perdus.

Des statistiques irréelles, folles, exceptionnelles (rayez la mention inutile) qui impressionnent le principal intéressé. "J’ai gagné trois titres du Grand Chelem, mais je n’y aurais pas cru moi-même. Il faut que je continue à avoir faim", a réagi le Suisse, interrogé après la finale en Australie. Pas question pour lui, pour le moment, de prendre sa retraite.

Une passion toujours intacte. Si l’appétit de l’ogre bâlois n’est pas encore rassasié, il le doit avant tout à sa passion du tennis. La question lui a souvent été posée ces dernières années, particulièrement pendant sa période "noire" entre 2012 et 2016, où il regardait de loin ses concurrents, Djokovic, Murray et Nadal, se partager les victoires en Grand Chelem. A chaque fois, sa réponse n’a pas dévié : il aime à la folie son sport.

Alors, maintenant qu’il a retrouvé les clés du succès, il ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. "Ce qui est important, c’est l’émotion de la cérémonie de remise de la coupe, de ce match en montagnes russes contre Cilic qui est un grand joueur, de défendre mon titre pour que le conte de fées continue", s’est enthousiasmé Federer après sa finale. "C’est ça qui compte et pas d’avoir égalé les autres (il a rejoint Djokovic et Emerson au palmarès en remportant un sixième Open d’Australie, ndlr)".

Une forme physique éclatante. La passion du tennis est son carburant, mais elle ne lui servirait à rien sans un "moteur" exceptionnel. A 36 ans et demi, Federer affiche une forme physique éblouissante, résultat d’un travail d’orfèvre mené avec toute son équipe et sa famille, sa femme Mirka en tête. Son planning, de ses entraînements à ses choix de tournois, est parfaitement étudié pour ménager sa "monture". L’an passé, le Suisse n’a ainsi disputé que 12 tournois et a fait l’impasse sur la terre battue, une surface bien plus traumatisante pour lui et où il a moins de chances de gagner face à l’ogre de l’ocre Rafael Nadal.

Sauf surprise, il devrait en faire de même cette année, et décevoir une nouvelle fois le public de Roland-Garros, transi d’amour (comme le monde entier) pour le Suisse. Mais c’est le prix à payer pour continuer à voir Federer sur les courts pendant, peut-être, quelques années supplémentaires.

Une concurrence en retrait. A l’heure actuelle, nul ne sait combien de temps encore  il poursuivra sa carrière. Se lancera-t-il un défi personnel en visant la victoire aux Jeux olympiques de Tokyo, en 2020, le seul grand titre qui lui manque ? Nicolas Escudé n’y croit pas. "Je ne suis pas dans la confidence, mais à le voir craquer pendant son discours (après la finale), j’ai eu un flash : c’est peut-être la dernière fois qu’on l’a vu en Australie. Il n’a pas dit du tout à l’année prochaine", a relevé l’ancien joueur, interrogé par Europe 1.

Le Suisse, deuxième mondial au classement ATP, possède en revanche davantage de certitudes sur l’état de sa concurrence. L’Open d’Australie l’a prouvé, ses rivaux sont loin de leur meilleure forme.  Rafael Nadal (n°1) a été éliminé en quarts de finale, Novak Djokovic en huitièmes, Andy Murray n’est toujours pas remis de ses problèmes physiques, et la jeune garde (Dominic Thiem, Alexander Zverev…) tarde à prendre le pouvoir. Sans rébellion de leur part, le roi "Rodgeur" pourrait bien étendre son règne pour quelques mois encore, et, pourquoi pas, reprendre sa place de numéro 1 mondial…

Oui, Federer a encore des records à battre. Comme l’a relevé le Parisien, Federer a encore quelques records à chercher. Il pourrait par exemple se lancer dans la folle quête d’un Grand Chelem (quatre à la suite), un exploit uniquement accompli par Rod Laver (1962 et 1969). Le titre de plus vieux vainqueur d’un Majeur est aussi un objectif (il est détenu par Ken Rosewall avec 37 ans et 62 jours, Federer a 36 ans et demi), tout comme égaler le record de saisons terminées à la première place mondiale, détenu par Pete Sampras (6 fois).