Sébastien Destremau, dernier en course du Vendée Globe : "Il me reste exactement trois repas !"

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A.D , modifié à
Le navigateur est le dernier concurrent du Vendée Globe encore en course. Il devrait atteindre Les sables-d'Olonne vendredi. Il s'est livré au micro d'Europe 1.
INTERVIEW

Cela fait 123 jours qu'il est en mer. Sébastien Destremau est en passe de boucler son premier Vendée Globe à 52 ans. Ils se trouve "à une poignée de milles des Sables-d'Olonne", qu'il devrait atteindre vendredi.

"Ça commence à sentir bon l'écurie". "On ne voit pas encore la terre mais ça commence à sentir bon l'écurie", s'amuse le skipper. "On", c'est son bateau et lui. Seul, il l'est sur son bateau mais aussi dans la course puisqu'il est le dernier concurrent encore en mer. "J'ai tout de suite compris que ce Vendée Globe allait être une course très solitaire pour moi et c'est un peu comme ça que je voulais la vivre." Pas habitué des courses en solitaire, ce Vendée Globe était un challenge. "Je suis parti avec aucune photo, aucune musique, ni bouquin, ni magazine. Je n'ai reçu aucune information sur ce qui se passe à terre. Je n'ai pas voulu tout ça."

Entendu sur europe1 :
J'adore voir des performances exceptionnelles mais je n'ai pas fait le Vendée Globe dans cet esprit-là

Pendant plus de 120 jours, il avoue s'être demandé "plusieurs fois" ce qu'il "foutait là". Armel Le Cléac'h, vainqueur en 74 jours, "a fait une course à des vitesses supersoniques. C'est fabuleux de voir ça. J'adore voir des performances aussi exceptionnelles mais je n'ai pas fait le Vendée Globe dans cet esprit-là." Les budgets n'étaient d'ailleurs pas les mêmes : 5 millions pour Le Cléac'h, 350.000 euros pour Destremau.

"Tant que je n'aurais pas entendu le coup de trompe..." Le plus dur, "ça a été tous les jours, toutes les secondes, tout le temps, de vivre avec cette pression monumentale qui est de se dire que d'un instant à l'autre, ça peut s'arrêter et je peux ne pas couper la ligne d'arrivée. C'est quelque chose d’extrêmement difficile à vivre. Tant que je n'aurais pas entendu le coup de trompe du comité de course, j'aurais cette pression. Après, si on veut mettre le doigt sur un instant précis, forcément, c'est quand je me suis retrouvé en pleine nuit dans l'Océan indien réveillé parce que le bateau se couchait et que je me suis écrasé dans le bateau et cassé des côtes. Je me suis retrouvé par terre pendant un quart d'heure, vingt minutes à ne pas pouvoir bouger." Mais au lieu d'abandonner et de ramener son bateau vers l'Australie, comme il l'a pensé un instant, il a repris la course.

"Il paraît que Fillon a des emmerdes". Désormais, une autre (petite) inquiétude pointe : celle des réserves. La nourriture se fait rare et Sébastien Destremau confie avec un rire dans la voix être "extrêmement mauvais" à la pêche. "Il me reste exactement trois repas", un faible stock qui devrait lui offrir le loisir de franchir néanmoins cette fameuse ligne, avec brio et de bientôt manger "une pizza quatre fromages croustillante avec une bière, un bon burger avec une salade, fromage, dessert, café". S'il a envie d'arriver, il n'a aucune hâte de retrouver la civilisation. Il ne veut d'ailleurs pas s'intéresser à la campagne présidentielle. "Il paraît que Fillon a des emmerdes, je ne veux rien savoir." De toute façon dans quatre ans, il repart.