Roland-Garros : faut-il accorder une invitation à Maria Sharapova ?

Maria Sharapova en exhibition (1280x640) John GURZINSKI / AFP
Pendant sa suspension, Maria Sharapova a continué à jouer au tennis lors de plusieurs exhibitions. © John GURZINSKI / AFP
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Corinne Boulloud et , modifié à
La joueuse russe, de retour d'une suspension de quinze mois, va effectuer son retour à la compétition la semaine prochaine.

Quelques heures seulement après la fin de sa suspension de quinze mois pour contrôle positif au meldonium, Maria Sharapova effectuera son retour sur le circuit, mercredi, lors du tournoi de Stuttgart. Absente du circuit depuis l'Open d'Australie 2016, la joueuse russe ne compte aucun point WTA et ne doit sa présence qu'à une invitation des organisateurs. Les tournois de Madrid et de Madrid lui ont également accordé une "wild card". Et ce sera bientôt à ceux de Roland-Garros de s'exprimer sur la question. Le président de la Fédération française de tennis (FFT), Bernard Giudicelli, a indiqué qu'une décision serait annoncée le 15 mai prochain. Roland-Garros doit-il faire une place dans son tableau à l'ancienne n°1 mondiale ? Le service des sports est divisé.

OUI : "Sharapova a payé pour sa légèreté"

Par Nicolas ROUYER

"Revenons aux faits. Pour quelle raison Maria Sharapova a-t-elle été suspendue ? Pour un contrôle positif au meldonium durant l'Open d'Australie, en janvier 2016. Ce produit, autorisé jusqu'alors, avait été placé sur la liste des produits interdits en début d'année seulement. La Russe a toujours plaidé sa bonne foi. Le Tribunal arbitral du Sport (TAS), devant lequel elle avait fait appel de sa suspension de deux ans, lui a d'ailleurs donné raison, estimant qu'elle n'avait pas eu l'intention de tricher. Sa suspension a été réduite à quinze mois. Sa peine, Sharapova l'a donc purgée. Elle a payé pour sa légèreté.

Redevenue une joueuse comme les autres, pourquoi Sharapova ne pourrait-elle pas bénéficier des mêmes droits que les autres joueuses, et donc d'une invitation ? Rappelons que ces "wild cards" sont délivrées à la discrétion des organisateurs, en fonction des performances mais pas seulement. Et si l'on met de côté l'affaire du meldonium, Sharapova a toujours été une joueuse exemplaire, froide et distante peut-être, mais respectueuse des autres et de son métier.

Et Roland-Garros, pour elle, ce n'est pas n'importe quel tournoi. Elle y a remporté ses deux derniers titres du Grand Chelem (en 2012 et 2014) et a tissé une vraie relation avec le public parisien. Dans ces conditions, difficile d'imaginer que l'on puisse lui fermer la porte du tournoi, d'autant plus que Serena Williams, enceinte, a mis fin à sa saison 2017. Le tennis féminin a besoin de ses stars. Et Sharapova, qui va entamer sa 15ème année sur le circuit, en est incontestablement une."

NON : "pas de passe-droit pour ceux qui ont fauté"

Par Corinne BOULLOUD

"Maria Sharapova n’a aujourd'hui plus de classement mondial en raison de sa suspension. Et bien, c'est à elle de gagner sa place, comme tant d’autres en tournoi. Quitte à devoir passer par les qualifications*.

Mais oui ! Même la grande Maria, victorieuse de cinq titres du Grand Chelem… Quel exemple sinon pour celles (ou ceux) qui se battent quotidiennement pour obtenir leur place "proprement" dans les tournois.

Sharapova a déjà de la chance d’avoir obtenu une invitation pour les tournois de Stuttgart, Madrid ou Rome, alors même qu'elle est encore suspendue. Il est clair que ces tournois ont l’intention de profiter du buzz Sharapova sans se soucier de l’éthique sportive. Certaines joueuses ont d’ailleurs marqué leur désapprobation sur ce passe-droit qu’elles jugent usurpé, alors que ces invitations auraient pu profiter à des joueuses certainement plus méritantes.

Pour l’ex-n°1 mondiale, Caroline Wozniacki, "lorsqu'un joueur ou une joueuse est suspendu(e) pour dopage, il devrait repartir de zéro et mériter son retour, car c'est différent d'une blessure." La Fédération française de tennis (FFT), sollicitée par la Russe afin d’obtenir une "wild card" pour Roland-Garros, premier tournoi du Grand Chelem sur le chemin de son retour, réserve encore sa réponse. Preuve sans doute des hésitations : se prive-t-on de l’une des rares stars du circuit après l’annonce de la grossesse de l’américaine Serena Williams ou reste-t-on intransigeant ? Belle question dont la FFT va devoir soigneusement préparer la réponse…"

*Si Sharapova atteint ne serait-ce que la finale à Stuttgart, elle peut espérer marquer suffisamment de points au classement WTA pour entrer dans le tableau des qualifications de Roland-Garros.