Retrait de Budapest : pourquoi plus personne ne veut des JO ?

Après le retrait de Budapest, l'attribution des JO 2024 se jouera entre seulement deux villes, Paris et Los Angeles.
Après le retrait de Budapest, l'attribution des JO 2024 se jouera entre seulement deux villes, Paris et Los Angeles. © LEON NEAL / AFP
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La ville hongroise a décidé mercredi de retirer sa candidature aux JO 2024. Une nouvelle défection après Hambourg, Boston et Rome qui pose question sur l’attractivité des Jeux. 

Les anneaux ont perdu de leur splendeur. La ville de Budapest a jeté l’éponge pour l’organisation des JO 2024, mercredi, la faute au succès d’une pétition dénonçant le coût de l’événement, jugé trop élevé. Le retrait de la capitale hongroise, qui laisse Paris et Los Angeles seules en lice, n’est cependant pas un cas isolé. Avant elle, Boston, Hambourg et Rome s’étaient déjà retirées de la course. Les Jeux d’hiver 2022 avaient connu une hécatombe similaire, avec l’abandon de quatre candidatures (Oslo, Stockholm, Lviv et Cracovie). Alors, comment expliquer une telle désaffection ?

  • Un coût jugé trop élevé

Entre l’accueil de centaines de milliers de supporters, des médias toujours plus nombreux et des athlètes, l’organisation des grands événements sportifs s’est considérablement complexifiée ces dernières années. "Les événements sportifs sont victimes de leurs succès", juge Vincent Chaudel, économiste du sport au cabinet Wavestone interrogé par Europe 1. "Organiser une Coupe du Monde de foot ou des Jeux olympiques ne peut pas se faire dans des stades de 10.000 places. Il faut des infrastructures adaptées. De plus, les téléspectateurs ont des exigences de plus en élevées et sont désormais habitués à des retransmission de très bonne qualité".

Du coup, la facture pour les villes-hôtes est souvent très, très salée. Ces dernières années, les budgets prévisionnels ont été systématiquement dépassés, voire multipliés par trois ou quatre. A Londres, en 2012, l’addition est montée de 4,8 milliards à 11 milliards d’euros, et ceux d'hiver de Sotchi, en 2014, de 8,8 à la somme record de 36 milliards d’euros. Les villes disposées à dépenser de telles sommes sont désormais rares, de surcroît en période de crise économique. "De moins en moins de pays sont capables d’organiser les Jeux", constate Vincent Chaudel.

  • Une défiance de plus en plus forte au sein des populations

Ces dépenses, supportées en grande majorité par les pays et les villes hôtes, ont cependant de plus en plus de mal à passer au sein des populations, particulièrement dans les pays occidentaux. Outre Budapest, la ville d’Hambourg avait elle aussi renoncé à se porter candidate aux Jeux de 2024 après l’opposition de ses habitants (51% de non à un référendum). "Budapest a considéré qu'une campagne internationale pour obtenir les Jeux olympiques ne peut pas se faire sans que la population se mobilise de manière concrète et active derrière une candidature", précise Armand de Rendinger, consultant international pour l’Olympisme, interrogé par Europe 1.  

  • Un héritage contesté

L’héritage des Jeux est lui aussi de plus en plus contesté. Ces dernières semaines, les images des infrastructures olympiques laissées à l’abandon à Rio, les fameux "éléphants blancs", ont fait le tour du monde. "Les Jeux sont un investissement", avance pourtant Armand de Rendinger. "Ça rapporte au niveau de l'image, de la mise en place d'un certain nombre d'infrastructures liées au transport et à l'accueil. Mais ça ne paye pas au niveau du rapport dépenses-bénéfices", concède toutefois le spécialiste de l’olympisme. "Les Jeux de Montréal ont été très critiqués au Canada, mais ça a transformé la ville,  ainsi que son aura", abonde Vincent Chaudel. "Mais c’est vrai que dans des pays économiquement moins solides, on a pu voir des difficultés, comme à Rio ou à Athènes (JO 2004, ndlr)".  

  • Un casse-tête pour le CIO  

Face à ces défections à répétition, le mouvement olympique cherche des solutions. Le CIO a adopté son "Agenda 2020", visant à donner la priorité aux infrastructures existantes pour réduire les coûts de candidature. Sauf que cet acte de bonne volonté a bien du mal à se concrétiser dans les faits. "Que veut dire simplifier le cahier des charges ? Moins d’épreuves ? Moins de sécurité ? Les téléspectateurs ne sont pas prêts non plus à avoir une moins bonne qualité de retransmission. On veut une organisation parfaite, mais que ça ne coûte rien. C’est une équation compliquée", relève Vincent Chaudel. Alors, que peut faire le CIO : donner davantage d’argent aux villes hôtes ? Simplifier son processus de candidature ? Pour le mouvement olympique, le casse-tête est loin d’être terminé.