L'équipe de France de tennis et le président de la fédération française s'opposent sur le projet de réforme de la Coupe Davis. 0:52
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Corinne Boulloud, édité par Ugo Pascolo
Yannick Noah et les joueurs de l'équipe de France sont fermement opposés à la réforme de la Coupe Davis, à l'inverse du président de la fédération Bernard Giudicelli.

L'heure devrait être à la joie après la victoire de Lucas Pouille qui a qualifié la France en demi-finales de la Coupe Davis, vainqueur de l'Italie. Mais c'est l'inquiétude qui plane pour les tenants du titre du Saladier d'argent. 

Une "Coupe du monde de tennis". En cause, la réforme de la Coupe Davis souhaité par la Fédération internationale de tennis (ITF) et soutenu par le président de la Fédération française de tennis (FFT), Bernard Giudicelli, par ailleurs responsable du comité Coupe Davis au sein de la Fédération internationale. Les dirigeants du tennis mondial veulent en effet que la course au Saladier d’argent change de format dès 2019. Elle pourrait ainsi se passer sur terrain neutre et se dérouler sur une seule semaine, faisant de cet événement une sorte de Coupe du monde de la balle jaune. "Le format actuel est en danger dans la mesure où les (meilleurs) joueurs ne la jouent plus", explique le patron de la FFT. "L'ITF a besoin d'assurance pour financer cette épreuve".

"La Coupe Davis est magnifique quand les meilleurs la jouent. Si tous les meilleurs joueurs du monde voulaient se donner la main, on n'aurait pas tous les problèmes que l'on a eus ces dernières années", a-t-il ajouté en Italie après la qualification de la France, tenante du titre, pour les demi-finales.

Levée de boucliers chez les joueurs. Mais du côté des joueurs, la réforme ne passe pas, à commencer par le capitaine des Bleus, Yannick Noah. "Si demain la décision scandaleuse de la Fédération internationale de tennis (ITF) passe, ce sera la fin de la Coupe Davis", prédit-il. "Aujourd’hui c'est la Coupe Davis, demain ce seront certains tournois du grand Chelem", prévient le vainqueur de Roland Garros 1983. "Et puis après on va aller faire tous les tournois en Asie !". "Je vais faire tout ce que je peux pour essayer de sauver ce qui est pour moi une épreuve qui devrait être intouchable, clame-t-il.

" J'aimerais qu'il nous écoute, parce qu'il ne nous a pas posé la question de ce que l'on en pense vraiment "

Lucas Pouille, fer de lance de la contestation. Même son de cloche du côté de Lucas Pouille, qui s'est adressé au patron de la FFT juste après avoir qualifié les Français pour les demi-finales, dimanche à Gênes. "J'aimerais qu'il nous écoute, parce qu'il ne nous a pas posé la question de ce que l'on en pense vraiment. Je lui ai dit qu'il faut absolument que la formule reste comme ça". Le numéro 11 mondial se dit même prêt à snober l'épreuve l'an prochain si la réforme est validée mi-août. Car cela serait, selon lui "une exhibition sans intérêt". 

La seule concession que Lucas Pouille serait visiblement prêt à faire, serait de raréfier la compétition en l'organisant tous les "deux voire trois ans". "La magie opérerait encore plus", a-t-il estimé. "Je vais essayer d'organiser une réunion avec les joueurs pour avoir l'avis de tout le monde", a précisé Pouille dans l'espoir de peser sur la décision de la Fédération internationale.