Pourquoi on a aimé cette équipe de l'AS Monaco

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L'équipe de l'AS Monaco a réalisé une saison magnifique, conclue par le titre de champion de France. © BORIS HORVAT / AFP
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L'AS Monaco a décroché dimanche son huitième titre de championne de France à l'issue d'une saison enthousiasmante.

Dix-sept ans après, l'AS Monaco tient enfin les successeurs de Fabien Barthez, Ludovic Giuly, Marco Simone ou David Trezeguet. Ils se nomment Danijel Subasic, Fabinho, Radamel Falcao ou Kylian Mbappé. Comme leurs aînés, ils sont officiellement devenus mercredi champions de France. Et c'est peu dire que l'on trouve ça mérité.

Le simple fait d'avoir réintroduit du suspense dans un championnat que l'on pensait chasse gardée du PSG pour quelques années encore (rappelons que l'an dernier, le club de la capitale a été champion avec… 31 points d'avance !) doit être salué. Mais les mérites de l'ASM cette saison vont bien au-delà du fait d'avoir déboulonné le PSG.

Une saison pas loin d'être exemplaire. Il aurait été presque injuste que cette saison de l'AS Monaco ne s'achève pas par la conquête d'un titre. Car il y a eu ce parcours en Ligue 1, agrémenté de quelques succès marquants - celui sur le PSG, en août (3-1), finalement décisif dans la course au titre, ceux face à l'OM (4-0 à Louis-II, 4-1 au Vélodrome) ou à Lyon (2-1) -, mais aussi, et surtout, ce parcours en Ligue des champions. Sept ans qu'un club français n'avait pas atteint le dernier carré de la C1.

L'AS Monaco domine le PSG en août :

Et les Monégasques l'ont fait avec la manière. Ils ont passé deux premiers tours pièges (Fenerbahçe et Villarreal), ont fini premiers d'un groupe relevé (avec Tottenham, dauphin de Chelsea dans le championnat d'Angleterre), avant d'éliminer le Manchester City de Pep Guardiola en huitièmes de finale, après une double confrontation spectaculaire (douze buts inscrits en deux matches).

La disparition du PSG dès les huitièmes de finale, puis les circonstances de son quart de finale face à Dortmund - où ses supporters ont été solidaires et exemplaires -, ont participé de l'élan de sympathie qui s'est créé en France autour de l'ASM. Par ailleurs, le club de la Principauté est allé également dans le dernier carré des deux Coupes nationales. Certes, il y a subi à chaque fois la loi du PSG (4-1 en finale de la Coupe de Ligue, 5-0 en demi-finales de la Coupe de France, avec une équipe composée quasi uniquement de réservistes), mais il avait clairement un autre objectif en tête : être à nouveau champion de France.

Un jeu offensif de feu. La meilleure attaque d'Europe. Rien de moins. Mieux que le FC Barcelone, le Real Madrid ou le Bayern Munich. Cette saison, l'AS Monaco a affolé les défenses et les compteurs. En France et en Europe. Cela a donné lieu à des matches totalement fous (le huitième de finale aller de Ligue des champions à Manchester City, perdu sur le score de 5-3, ou le huitième de finale de Coupe de France à Marseille, conclu sur le score de 4-3 après prolongation) et à des cartons que l'on pensait le PSG de l'ère qatarienne seul capable (ou à la rigueur l'OL…) : 7-0 à Metz, 6-2 contre Montpellier, 7-0 face à Rennes en Coupe de la Ligue, etc.

Manchester City-Monaco, l'un des matches de l'année :

Lors de ces rencontres, par séquences, n'ayons pas peur des mots, l'ASM nous a fait rêver. Les acteurs de cet incroyable rendement offensif sont nombreux, mais l'on saluera d'abord le capitaine (quelle belle idée !) Radamel Falcao, revenu de deux années d'errance en Angleterre, le taulier (27 ans !) Valère Germain, qui était déjà là quand le club essayait de remonter de Ligue 1, en 2013, le maître à jouer Bernardo Silva, qui a vite appris au contact de son aîné Joao Moutinho, le feu follet Thomas Lemar, appelé à devenir un Bleu majeur, et, last but not least, le jeune Kylian Mbappé, 18 ans tout en talent.

La science de Leonardo Jardim. Ce titre de champion vient consacrer les investissements du milliardaire Dmitri Rybolovlev, qui décroche là son premier titre depuis son arrivée aux affaires en 2013. Mais il marque également, et peut-être surtout, l'excellent travail accompli par l'entraîneur portugais de l'ASM, Leonardo Jardim. C'est peu dire que l'ancien coach du Sporting Portugal avait été accueilli avec une pointe de scepticisme en 2014 au moment du remplacement de Claudio Ranieri, qui restait sur une belle deuxième place en Ligue 1.

Ses deux premiers matches (deux défaites) l'avaient déjà mis sur la sellette (médiatique tout du moins). La suite : deux places de troisième consécutives en Ligue 1 (avant une première, donc), un quart de finale (en 2015) et une demi-finale de Ligue des champions (avec une élimination par la Juventus à chaque fois), mais surtout une adaptabilité dingue.

D'abord présenté comme un projet "à la parisienne" (on investit beaucoup dans des grands joueurs), le projet monégasque s'est en effet transformé pour épouser les contours d'un projet "à la FC Porto" : à savoir acheter de jeunes joueurs assez cher, les faire progresser, puis les revendre beaucoup, beaucoup plus cher. Fabinho, Benjamin Mendy, Bernardo Silva, Tiémoué Bakayoko, Thomas Lemar, tous ces joueurs cadres de l'ASM ont 23 ans ou moins.

Le succès de Leonardo Jardim : avoir réussi la synthèse parfaite entre ces jeunes et des joueurs d'expérience, comme Danijel Subasic, Kamil Glik, Joao Moutinho ou Radamel Falcao. Son tour de force : avoir su, d'une saison sur l'autre, transformer un collectif solide et ultraréaliste en une équipe portée vers l'avant, au jeu offensif unanimement salué.

Les promessses de Kylian Mbappé. Et puis, il y a Kylian Mbappé, l'homme de la deuxième partie de saison de l'ASM. Inarrêtable sur les pelouses de Ligue 1 comme sur celles de Ligue des champions (six buts en six matches à élimination directe !), Kylian Mbappé, 18 ans seulement, bat tous les records de précocité. La saison dernière fer de lance des Espoirs monégasques en Gambardella, il est aujourd'hui un talent reconnu sur lequel les plus grands clubs d'Europe ont jeté leur dévolu.

Quelques fulgurances de Kylian Mbappé cette saison :

Aussi inspiré sur le terrain qu'au micro, où il allie recul et fraîcheur, Mbappé est incontestablement une pépite façonnée sur le Rocher. Lui dit vouloir s'affirmer encore à Monaco. Mais si une offre démentielle venait à atterrir sur le bureau des dirigeants de l'ASM - on parle de 100 millions d'euros -, nul doute qu'ils y réfléchiraient à deux fois. Mais on peut leur faire confiance pour dénicher ou faire émerger encore d'autres talents qui nous feront aimer le football, comme le fait actuellement Mbappé…