Patinage artistique : comment font-ils pour ne pas avoir le tournis ?

Les patineurs artistiques utilisent plusieurs astuces pour éviter le tournis.
Les patineurs artistiques utilisent plusieurs astuces pour éviter le tournis. © AFP
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Les patineurs effectuent parfois jusqu'à huit rotations. Et pourtant, ils n'ont jamais le tournis. Pour cela, ils ont leurs petits secrets.

Pirouettes scratch, pirouettes debout, pirouettes dos cambré... Aux JO de Pyeongchang, les patineurs artistiques effectuent parfois des figures comprenant jusqu'à huit rotations, à une vitesse pouvant atteindre 300 tours par minute, soit 5 tours par seconde. Et pourtant, ils n'ont jamais le tournis. Oreille interne, entraînement et petites astuces, Europe1.fr vous dit tout de leurs secrets.

1er secret : l'entraînement

Si l'homme se tient debout, en baskets comme en patins, c'est en partie grâce à son système vestibulaire, un composant de l'oreille interne, responsable de notre orientation dans l'espace et de notre équilibre, donc. Ce système vestibulaire fonctionne notamment grâce à des récepteurs, capables de détecter la direction et la vitesse de déplacement de notre tête. Étroitement liés à nos mouvements oculaires – quand nous tournons la tête, nos yeux bougent naturellement à la même vitesse et dans la même direction – ces capteurs ont cependant une limite : le regard ne peut pivoter à 360°. Quelques rotations sur soi-même et le sol semble subitement se dérober…

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Une étude menée en 2013 par le neurologue Barry Seemungal, de l'Imperial College, à Londres, explique cependant qu'à force d'entraînement, le cerveau se modifie pour atténuer ces signaux de l'oreille interne. "On apprend à gérer le tournis dès tout petit", confirme à Europe1.fr Florent Amodio, champion d'Europe 2011 et vice-champion d'Europe 2013, désormais à la retraite. "C'est une habitude naturelle".

Si l'apprentissage commence donc "dès tout petit", il faut néanmoins des mois, voire des années de pratique avant de pouvoir contrôler son équilibre. Pour cette raison, les entraîneurs limitent d'abord leurs élèves à une ou deux rotations par pirouette, avant d'augmenter progressivement leur nombre. À défaut de s'en débarrasser totalement, les patineurs finissent donc par s'habituer à cette désagréable (et périlleuse) sensation.

2ème secret : le point fixe

D'autant que les patineurs ont souvent leur petit truc. "Il y a quelques astuces qui m'aidaient quand j'étais en reprise, après une ou deux semaines d'arrêt. Il faut fixer un point au départ et à la sortie d'une pirouette", conseille notamment Florent Amodio. Cela permet au cerveau de récupérer plus vite son équilibre. La technique est la même pour éviter la nausée en mer. C'est aussi celle qu'utilisent les danseurs de ballet.

"La technique, c'est de garder au maximum un axe vertical, avec les épaules parallèles au sol, et de ne pas pencher la tête avec la tempe au plafond", complète Nathalie Péchalat, double championne d'Europe (2011 et 2012) et médaillée de bronze aux championnats du monde de danse sur glace (2012 et 2014) avec son partenaire Fabian Bourzat. "On peut aussi appuyer un peu plus fort sur la glace avec le patin afin d'avoir plus d'équilibre", glisse-t-elle, même si, à la différence des patineurs, les danseurs sur glace n'exécutent ni sauts, ni levées.

3ème secret : le petit pas de danse

Et si malgré tout ça, les patineurs ont toujours la tête qui tourne après une pirouette, ils peuvent toujours intégrer subtilement à leurs programmes des petits pas de danse, le temps que le vertige disparaisse… Voire, comme l'explique Florent Amodio, combattre le mal par le mal. "Une fois qu'on a tourné dans un sens, on peut aussi directement tourner dans l'autre".

Lundi, la patineuse Mirai Nagasu est devenue à Pyeongchang la troisième athlète de l'histoire - et la première Américaine - à réussir un triple axel aux Jeux olympiques. Seules les Japonaises Midori Ito (à Albertville, en 1992), et Mao Asada (à Vancouver, en 2010) y étaient parvenues jusque-là.