OM : pour son ancien traducteur, Bielsa "s’est senti floué"

Marcelo Bielsa a démissionné de son poste d'entraîneur de l'OM
Marcelo Bielsa a démissionné de son poste d'entraîneur de l'OM © AFP/BERTRAND LANGLOIS
  • Copié
Julien Froment , modifié à
L’HEURE DE VERITE -  Fabrice Olszewski est revenu sur ses relations avec l’ex-entraîneur de l’Olympique de Marseille.

Malgré la large victoire de l’OM dimanche contre Troyes (6-0) pour la première de Michel sur le banc, l’ombre de Marcelo Bielsa plane toujours au-dessus du Stade Vélodrome et de "l’institution" marseillaise, comme l’entraîneur argentin aimait tant à l’appeler. Si depuis sa retentissante démission, il s’est réfugié dans son ranch familial de la banlieue de Rosario, en Argentine, Bielsa fait toujours parler de lui. Et qui de mieux que son ancien traducteur, Fabrice Olszewski, pour évoquer l’année tumultueuse d’ "El Loco" chez les "Fadas".

Fabrice Olszewski sur Canal + :

Bielsa et Labrune, comme "mélanger l’huile et l’eau". Outre cette anecdote pour le moins baroque et qui colle finalement bien au personnage, Fabrice Olszewski a surtout été un témoin privilégié des rapports tumultueux entre Bielsa et la direction olympienne. Sa conférence de presse au lance-flamme le 4 septembre dernier ? "J’ai vu le coup venir, le mercato ne se passait pas comme Bielsa le voulait", détaille Olszewski. "J’ai pourtant averti le président (Vincent Labrune, ndlr). Il m’a dit qu’il avait l’habitude de gérer ce genre de situation. Mais dans le staff, tout le monde savait que ça allait péter."

Pour Olszewski, "Bielsa a interprété le projet qui lui avait été proposé et il s’est senti floué", ajoutant que "Le président a fait tous les efforts pour essayer de l’arranger, mais c’est comme essayer de mélanger l’huile et l’eau. Si personne ne met du sien, ça ne peut pas fonctionner".

Bielsa, "enfermé dans son personnage". Fabrice Olszewski revient également sur la personnalité de Marcelo Bielsa. "Il a un bon fond, mais il se laisse un peu enfermé dans son personnage et il y a un écart quand vous êtes avec lui dans le privé et quand vous êtes au boulot." Et de le comparer au "Van Gogh" du football. "Je le lui ai dit, 'vous êtes un génie, mais niveau relations humaines, c’est un peu compliqué'. Il avait trouvé la comparaison flatteuse."

Des relations tendues avec la direction, un management délicat des joueurs, le départ de Marcelo Bielsa semblait inéluctable pour Olszewski. "Il y a toujours eu des problèmes. Il n’y a pas eu une semaine où on pouvait se dire 'là, on a bien bossé, tout s’est bien passé.’ C’est pour ça que sa démission ne m’étonne pas. Ce n’était pas possible qu’il reste, cela ne pouvait pas continuer comme ça."

Et les transferts de certains joueurs – "il voulait conserver Fanni, Morel et Payet" – n’ont fait qu’accentuer le mal-être de Marcelo Bielsa. "On a tous pensé qu’on partirait à la trêve. Des fois Bielsa disait ‘Pourquoi j’ai signé pour ce club'. Et encore, il a été gentil de partir après la première journée et non au 31 août au soir."

Fabrice Olszewski, qui garde l’image d’un Marcelo Bielsa "passionné", qui a "le football dans le sang", capable d’attendre "comme un gamin Djibril Cissé lors du dernier match de la saison contre Bastia",  est désormais "vacciné" du monde du football, il ne prend "plus de plaisir" à regarder les matches. Quant à son expérience d’interprète : "Les traducteurs, je leur tire mon chapeau, c’est une gymnastique intellectuelle."

4 en espagnol au bac... Dans une longue interview accordée à nos confrères de Canal +, Fabrice Olszewski est revenu sur sa rencontre avec Marcelo Bielsa. Celui qui concède avoir eu "4 au bac" s’est retrouvé un peu par hasard le traducteur officiel de l’entraîneur argentin, après l’avoir rencontré lors du tournoi international de Toulon (qui rassemble les meilleures équipes  nationales de jeunes, ndlr) en 2008. Marcelo Bielsa a alors de la mémoire et décide de le rappeler lorsqu’il signe à Marseille en 2014.

... Et première arrosée à la traduction. Intermédiaire entre le coach et les joueurs, Fabrice Olszewski se retrouve subitement propulser traducteur officiel de Marcelo Bielsa, et notamment pour les conférences de presse d’avant et d’après-match. Avec une première face à Montpellier pour le moins mouvementée.

"J’étais invité au salon VIP avec Baptiste Aloé (joueur non retenu dans le groupe pour le match, ndlr). Il a commandé un coca, moi j’ai demandé un whisky-coca. L’hôtesse me remplissait mon verre à chaque fois qu’il était vide. A la fin du match, l’attachée de presse me dit 'c’est toi qui va faire la traduction en conférence de presse d’après-match.'  J’étais complètement bourré, je me suis dit 'ça craint, ça craint’", confesse-t-il à Canal Plus. Résultat, quelques approximations dans la traduction et même un trou noir : "Si vous écoutez bien, ce que je raconte, ce n’est pas exactement ce que dit le coach".

Il porte d’ailleurs un regard sans concession sur l’exercice des conférences de presse : "J’ai été déçu. Ils (les journalistes, ndlr.) cherchaient plus le buzz que [de] parler football. Si je soufflais, ce n’est pas que c’était difficile à traduire, c’est que les questions à traduire étaient des questions de merde (sic)."