NBA : Rudy Gobert prêt à prendre son envol

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Julien Froment , modifié à
GOBZILLA IS BACK - Le pivot français va être l’une des attractions de la Ligue américaine de basket.

Après cinq mois d’interruption, la NBA a repris ses droits outre-Atlantique avec, comme c’est le cas depuis de nombreuses années, son lot de Frenchies sur les parquets. Si Tony Parker, Nicolas Batum ou encore Joakim Noah sont bien déjà bien installés dans le paysage, un autre "petit" Français est en train de faire son trou du côté des Utah Jazz. Il s'agit de Rudy Gobert, qui jouera son premier match de la saison dans la nuit de mercredi à jeudi, à Détroit.

Il a rattrapé le retard sur les autres. Et pourtant le jeune Français a mis du temps avant de trouver sa réelle place sur le terrain. "Quand il est arrivé chez nous, à Cholet, il avait 15 ans et mesurait 1m94", se remémore pour Europe 1 Jean-François Martin, formateur de l’actuel pivot de l’équipe de France." A l’époque, il évoluait à des postes extérieurs. Il a fallu gérer son évolution physique. Traditionnellement, on fait plus sortir les joueurs des postes intérieurs vers les postes extérieurs, et non l’inverse.

"Un retard à l’allumage comparé à la concurrence européenne évoluant au même poste (le Turc Kanter ou le Lituanien Valanclunas, ndlr), mais qui aura aussi été bénéfique, selon Jean-François Martin : "Cela lui a permis de gagner en agilité et en mobilité." Désormais, Rudy Gobert a 23 ans, mesure 2m16 et rayonne sous la raquette, au poste de pivot. "Ce serait prétentieux que de dire qu’on s’y attendait", avoue Martin. "On ne pensait pas que Rudy serait forcément à ce niveau-là, on sentait qu’il avait les capacités, une marge de progression." Après avoir fait ses gammes en Pro A, Gobert, considéré comme un "prospect" – un joueur prometteur à forte progression -, a pris une nouvelle dimension ces dernières années.

Gobert n’est plus une surprise. Le déclic est intervenu au Mondial 2014 pour le Français, arrivé chez les Bleus sur la pointe des pieds. Déclic qui s’est ensuite confirmé lors de la saison 2014-2015. Avec Utah. Rudy Gobert a gagné sa place dans le 5 majeurs grâce à ses statistiques (8,4 points, 9,5 rebonds et 2,3 contres) et un surnom - "Gobzilla"  (contraction de Gobert et Gozdilla, ndlr) - pour son envergure et sa propension à contrer tout ce qui bouge. Et son Euro 2015 a fini de l’installer parmi les meilleurs pivots du continent, si ce n’est du monde. 

Gobert, "block party" en NBA :

"Personne ne l’attendait la saison passée, il y a eu un effet de surprise", tempère le Directeur technique national du basket français Patrick Beesley au micro Europe 1. " Cette année, la situation change, il va avoir les meilleurs défenseurs sur lui. C’est un challenge qui l’excite." Les Jazz ont fait de la place pour lui, son entraîneur Quinn Snyder l’a mis au cœur du jeu et Utah se remet à rêver d’atteindre les play-offs pour la première fois depuis 2012.

"Il est devenu dominant  à son poste", analyse Jean-François Martin, "il a une grand mobilité, un bon shoot, et son équipe est sur une dynamique intéressante." Du côté de Patrick Beesley cette saison sera un révélateur : "Il est attendu au virage. S’il est en capacité de dominer cette année encore la division, là, rien ne l’arrêtera. En tout cas le regard porté sur lui a changé." Pour Gregor Beugnot, ex entraîneur émérite de Pro et qui a suivi l’Euro de basket en France pour Canal +, "seul le ciel est sa limite", ajoutant : "C’est très impressionnant pour un joueur de sa taille d’avoir cette vélocité. S’il arrive à répercuter ça en attaque, il va devenir de plus en plus ingérable."

Jackpot en vue. Performant sur les parquets, Rudy Gobert pourrait aussi tirer le gros lot financièrement. Conscient de son potentiel, les Utah Jazz seraient prêts à lui offrir un contrat mirifique de 100 millions de dollars (soit 90 millions d'euros) pour que le Français reste ad vitam aeternam du côté de l’Utah. De quoi continuer à martyriser sereinement les paniers outre-Atlantique….