Wimbledon : Murray, 77 ans après Perry

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TENNIS - Le Britannique a remporté dimanche le tournoi aux dépens de Djokovic en trois sets.

Fred Perry a un successeur. Le mythique joueur britannique, vainqueur de Wimbledon à trois reprises, dont la dernière en 1936, a été rejoint dans la légende, dimanche, par Andy Murray, 77 ans après. L'Ecossais, tête de série n°3, a remporté le tournoi aux dépens du n°1 mondial, le Serbe Novak Djokovic, en trois sets et un peu plus de trois heures de jeu (6-4, 7-5, 6-4). Murray disputait sa deuxième finale à Wimbledon, après celle perdue l'an dernier contre Roger Federer. Il avait déjà vaincu le signe indien dans le temple du tennis en décrochant l'or olympique, l'été dernier, en prenant sa revanche sur Federer.

Murray remporte Wimbledon après 3h de combat :

Si la finale n'a duré que trois sets, elle n'en a pas été courte pour autant, dépassant les trois heures de jeu (189' soit 3h09' exactement). Cela tient avant tout au parti-pris des joueurs. Djokovic et Murray sont visiblement entrés sur le court avec la volonté d'en découdre depuis la ligne de fond. Ainsi, on a vu très peu d'attaques suivies de montées au filet. C'est en se montrant beaucoup plus propre que le n°1 mondial que Murray a remporté la mise, ne commettant que 21 fautes directes, contre 40 à son adversaire. L'Ecossais a également répondu présent sur les points importants, notamment sur les balles de break, avec un taux de conversion plus élevé que celui de son adversaire (7/17, soit 41%, contre 4/13, soit 31%). Mené au score dans les 2e et 3e set (4-1 et 4-2), Murray a réussi à chaque fois à débreaker pour finir par terrasser son adversaire, qui a parfois paru emprunté.

Centre Court de Wimbledon (930x465)

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Après 77 ans d'attente, cela ne pouvait pas venir aussi facilement. Aussi, quand Murray a servi pour le match à 5-4, les spectateurs du Centre Court - parmi lesquels plusieurs people, le premier ministre David Cameron, le footballeur Wayne Rooney, le Rolling Stone Ron Wood, Victoria Beckham ou encore les acteurs Bradley Cooper et Gerard Butler - ont retenu leur souffle pendant un jeu inouï, qui a duré 13 minutes. Menant 40-0, Murray a eu trois balles de match, que Djokovic a sauvées avec brio (d'abord au filet, puis sur un retour et enfin à l'usure). Puis ce fut au tour de Murray lui-même de sauver les balles de break, trois en tout, après des points exceptionnels. Visiblement entamé physiquement par son marathon de vendredi contre Juan Martin Del Potro - il a usé et abusé des amorties dans la troisième manche -, Djokovic a fini par baisser pavillon sur un revers manqué, à la quatrième balle de match.

Murray va fêter sa victoire avec son clan :

Rouage essentiel dans la réussite d'Andy Murray, son coach Ivan Lendl a reçu un bel hommage de son poulain, dimanche, à l'issue de sa victoire. "Le trophée, c'est également pour Ivan", a souligné Murray. "Il a tout fait pour gagner celui-ci. Alors, j'espère qu'il apprécie." Finaliste à deux reprises à Londres, en 1986 et 1987, l'ancien n°1 mondial y avait été battu deux fois en trois sets, la première fois par l'Allemand Boris Becker, la deuxième par l'Australien Pat Cash. C'est dans les bras de l'ancienne star du tennis tchécoslovaque que Murray s'est jeté en premier, à tel point qu'il a d'abord oublié d'aller saluer... sa mère, située un peu plus haut dans son box, avant de faire demi-tour. "J'ai entendu un grand cri derrière moi", s'est-il ensuite amusé au micro.

Malgré cette défaite en finale, Novak Djokovic, qui avait été battu l'année dernière à Londres en demi-finales, va conserver sa place de n°1 mondial. Le Serbe a confirmé sur ce Wimbledon sa constance au plus haut niveau, avec un 17e quart de finale de rang en Grand Chelem et une 13e présence consécutive dans le dernier carré. Battu pour la deuxième fois en finale par Murray, après l'US Open l'an dernier, le "Djoker" s’est montré beau joueur à l'issue de la rencontre. "Il a rendu sa victoire encore plus belle", a souligné le Serbe au micro. "Je sais qu'il avait beaucoup de pression et qu'il y avait énormément d'attente autour de lui. Ce fut un plaisir d'avoir participé à ce match", a même admis Djokovic, conscient de la portée de l'événement.

En s'imposant dimanche, Murray a remporté son deuxième titre du Grand Chelem. L'Ecossais avait ouvert son compteur l'an dernier, lors de l'US Open, en battant déjà Djokovic en finale. Le Serbe avait pris sa revanche en janvier dernier, en Australie. Avec deux Majeurs à son palmarès à l'âge de 26 ans et deux mois, Murray est évidemment loin des temps de passage des autres membres de ceux qu'on surnomme le "Big Four" : Federer, 31 ans, en est à 17, Nadal, 27 ans, à 12 et Djokovic, 26 ans, à 7. Mais, quoi qu'il arrive aujourd'hui, Murray, actuel n°2 mondial, restera à jamais champion de Wimbledon.