Ray Lewis, trouble héros de Baltimore

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FOOT US - Le joueur des Ravens a achevé dimanche sa carrière avec un deuxième titre de champion.
Ray Lewis et ses protections (930x1240)

Avec son mètre 85, ses 109 kg et son casque intégral qui lui dissimule le visage, le défenseur de Baltimore Ray Lewis n'a pas franchement le physique d'un personnage de conte de fées. Et pourtant, le linebacker des Ravens, 37 ans, a remporté dimanche le Super Bowl aux dépens des San Francisco 49ers (34-31), pour ce qui était son dernier match après 17 ans de carrière, la même sortie triomphale que le quarterback des Broncos John Elway en 1999 ou le running-back des Pittsburgh Steelers Jerome Bettis en 2006.

Certes, Lewis n'a pas livré une énorme performance (sept plaquages) mais "sa" défense a su tenir le choc lors de la dernière attaque des 49ers, à deux minutes de la fin. "Nous n'avons pas paniqué", a-t-il expliqué dans des propos repris sur le ESPN.com. "Nous en avons parlé quand nous étions sur notre ligne d'en-but. Nous nous sommes dit que si nous les arrêtions ici, c'en était fini. C'était la phase défensive la plus folle à laquelle j'ai jamais pris part." Après les quatre tentatives manquées par les 49ers dans la "zone rouge", Baltimore a géré la fin de la rencontre pour l'emporter de trois points.

Deux fois élu défenseur de l'année, en 2000 et 2003, Ray Lewis avait remporté une première bague de champion avec les Ravens il y a douze ans, en 2001, à Atlanta, face au New York Giants (34-7). Au fil de ses 17 saisons dans le Maryland, Lewis est devenu une figure incontournable de la NFL, l'une des rares stars du championnat évoluant en défense.

Sa férocité au combat et ses plaquages désintégrants ont fait beaucoup pour sa légende. Drafté en 1996, Lewis a toujours porté l'uniforme des Ravens, devenant un personnage de la ville de Baltimore, au même titre qu'un certain Michael Phelps. Les deux hommes sont d'ailleurs tombés dans les bras l'un de l'autre, dimanche, dans le vestiaire des Ravens. Mais l'histoire de Ray Lewis est également marquée par des zones d'ombre qui ont refait surface cette semaine à l'aube de sa retraite.

Affaire de meurtre et soupçons de dopage

Lewis au media day (930x620)

Sacré MVP du Super Bowl 2001, Lewis avait été mêlé à une sordide affaire de double meurtre. Un an auparavant, lors de la soirée suivant le Super Bowl 2000, à Atlanta, deux hommes, Jacinth Baker et Richard Lollar, avaient été poignardés. Lewis et deux de ses amis, Reginald Oakley et Jospeh Sweeting, avaient été immédiatement suspectés car du sang appartenant à l'une des deux victimes avait été retrouvé dans la limousine de Lewis. Le joueur des Ravens, qui a toujours nié être l'auteur des coups de couteaux, avait en revanche plaidé coupable d'entrave à la justice en échange d'une peine réduite à un an de mise à l'épreuve et d'une amende de 250.000 dollars (185.000 euros). Dans la foulée, Lewis avait également créé une fondation pour soigner son image. Le tee-shirt blanc qu'il portait ce soir-là n'a jamais été retrouvé.

Interrogé sur cette affaire dans une émission de la chaîne CBS, la semaine passée, Lewis a répondu : "c'est simple. Dieu n'a jamais fait d'erreur. Il est comme ça, vous voyez ?" Traduction : pour Lewis, devenu depuis cette affaire l'incarnation du repenti, Dieu n'aurait jamais permis à un homme qui a commis un double meurtre d'avoir autant de succès.

Mais ces succès et sa constance dans la performance ont éveillé les soupçons. Suite à une enquête de Sports Illustrated, le linebacker, devenu une icône de la rédemption, avait dû répondre à des allégations de dopage lors de la conférence de presse précédant le Super Bowl. Il est soupçonné d'avoir eu recours à un produit interdit, le "Deer Antler Spray" de la société SWATS, qui contient l'hormone interdite IGF-1, pour guérir plus rapidement d'une blessure au biceps droit.

Une de nfl.com (930x620)

© Capture d'écran NFL.com

D'abord diagnostiqué out pour le reste de la saison en octobre, Lewis était finalement revenu, deux mois plus tard, avec une imposante protection au bras droit. Et c'est avec elle qu'il a remporté le deuxième Super Bowl de sa carrière avant de prendre une retraite dorée, par les bagues de champion mais également par les millions de dollars amassés au cours de sa carrière. L'an dernier, ce joueur au charisme indéniable émargeait à 7,20 millions de dollars annuels, soit 5,3 million d'euros. "It's Ray's day", titre lundi le site officiel de la NFL. Un jour en clair obscur.