Quand plane l'ombre d'Armstrong

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TOUR - La présentation de la 100e édition a eu lieu sans que jamais son nom ne soit prononcé.

Pour la présentation du tracé de la 100e édition de son épreuve phare, mercredi, au Palais des Congrès de Paris, Amaury Sport Organisation (ASO) avait mis les petits plats dans les grands, avec un décor en relief présentant le chiffre "100" et même des jeux de lumière (jaunes évidemment) dans la salle. La Corse, le Mont Ventoux après 220 kilomètres de course, un chrono individuel au Mont Saint-Michel, l'Alpe d'Huez grimpée à deux reprises, une arrivée à la tombée de la nuit sur les Champs-Elysées : le menu du Tour 2013 est appétissant. Mais, cette présentation avait un arrière-goût un peu aigre. Mardi, l'Union cycliste internationale (UCI) a en effet rayé du palmarès Lance Armstrong, vainqueur de l'épreuve entre 1999 et 2005.

Christian Prudhomme (930x1320)

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Il n'a pas fallu attendre très longtemps avant que ne soit fait allusion à l'"affaire". Dès son discours d'introduction, le président d'ASO, Jean-Etienne Amaury, a mis les pieds dans le plat. "Ce n'est pas la lutte antidopage qui est en cause", a-t-il estimé. "Ce qui l'est, c'est la présence autour des équipes et parfois en leur sein d'individus malhonnêtes. Certains ont été démasqués par la justice, d'autres doivent encore l'être." Quelques minutes plus tard, ce fut au tour du directeur de l'épreuve, Christian Prudhomme, de prendre la parole (photo). Entre 2001 et 2003, il a commenté les exploits d'Armstrong au micro de France Télévisions. Une décennie plus tard, le discours qu'il tient est évidemment d'une tout autre teneur. "Le Tour appartient aux coureurs", a-t-il précisé, avant de souligner : "il y a ceux qui nous enthousiasment et il y a ceux qui nous déçoivent." Au Palais des Congrès, la mode est à la périphrase pour désigner celui dont il ne faut pas dire le nom.

Une seule image d'Armstrong, furtive

Armstrong dans les têtes, donc, mais jamais dans les bouches et encore moins sur l'écran. Alors que de nombreuses pastilles sont diffusées autour du parcours du Tour 2013, aucune ne montre des images du Texan. L'hommage au Mont Ventoux ne fait évidemment pas mention du "cadeau" d'Armstrong à Marco Pantani au sommet du "mont chauve" en 2000. De la même façon, la vidéo sur l'Alpe d'Huez zappe les deux succès de l'Américain, en 2001 puis en 2004, lors du contre-la-montre individuel. En toute fin de présentation, la bande-annonce du centième Tour présente un best of des 99 premières éditions. Et là, furtivement, on aperçoit enfin Armstrong, lors de son fameux passage dans l'herbe, dans le col de la Rochette, pour éviter Joseba Beloki tombé à terre, en 2003. La seule image d'Armstrong reste donc celle d'un homme isolé faisant du hors-piste. Comme un symbole ?

Schleck et Contador (930x620)

Une fois la présentation terminée, tous les successeurs d'Armstrong encore dans le peloton sont montés sur l'estrade, à commencer par son ancien équipier Alberto Contador. Appelés sur la scène, Cadel Evans et Bradley Wiggins évitent soigneusement de se placer à côté de l'Espagnol. Pour se placer au centre ou pour zapper un voisin lui aussi pris pour dopage, en 2010 ? Un peu des deux, peut-être. Mais, dans la coulisse, tout le monde est logé à la même enseigne et a droit à sa question sur Armstrong. Contador reconnaît son empathie pour l'Américain, Andy Schleck botte en touche, Evans communique dans la longueur, mais sur son site Internet. Quant à Wiggins, il livre une vision empreinte d'un humour tout britannique. "C'est dommage que le cyclisme soit encore plongé là-dedans", a-t-il déclaré. "Mais je ne dis pas que c'est dommage qu'il ait été pris, bien sûr ça devait sortir. Quand on vieillit, on se rend compte que le Père Noël n'existe pas, et c'est le cas avec Lance." On ne sait pas si le Père Noël existe, mais une chose est sûre après la présentation de mercredi : les organisateurs du Tour n'y croient plus.