NBA : ces Français dans l’ombre

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Julien Froment avec N.R. , modifié à
BASKET - La saison de NBA a repris mardi avec des Français aux attentes et ambitions très variés.

Tony Parker, Boris Diaw, Nando de Colo (San Antonio Spurs) et Nicolas Batum (Portland Trail Blazers), champions d'Europe avec les Bleus cet été, retrouvent mercredi soir les parquets de la NBA, 24 heures après Joakim Noah (Chicago Bulls) et Ian Mahinmi (Indiana Pacers). En tout, ils seront dix Français à évoluer cette saison outre-Atlantique.

Promis au banc ? Seulement voilà, sur ces dix Français, trois seulement auront la certitude de jouer régulièrement : Parker à San Antonio, Noah à Chicago et Batum à Portland. Pour les sept autres - Séraphin (Washington), Fournier (Denver), Turiaf (Minnesota), Diaw et De Colo (San Antonio), Mahinmi (Indiana), Gobert (Utah) -, il sera bien difficile de s’imposer comme des éléments importants des "rosters" (les rotations, ndlr). Si Diaw a pu grappiller en moyenne 22,8 minutes de temps jeu la saison passée, Turiaf, par exemple, a dû se contenter de 10 petites minutes avec les Los Angeles Clippers.

Ce temps de jeu famélique pose problème aux joueurs concernés, mais aussi à l’équipe de France. "Des joueurs qui ne jouent pas, c’est toujours problématique. Pourtant, ils font potentiellement partie du groupe France", constate le directeur technique national Patrick Beesley au micro Europe 1. "En NBA, c’est bien connu : on joue beaucoup, on voyage beaucoup, mais on s’entraîne peu. Je pense, qu’à terme, c’est un frein dans la progression qui pourrait être la leur."

Rudy Gobert avec Utah (930x620)

Gobert, l’inquiétude. Parmi ces joueurs qui tentent de toucher du doigt le rêve américain, le jeune pivot Rudy Gobert incarne aussi bien les promesses que les craintes du basket français. L’ancien joueur de Cholet, "drafté" (sélectionné, ndlr) par les Denver Nuggets en juin dernier avant d'être transféré au Utah Jazz dans la foulée, a montré de belles choses durant la pré-saison. Mais pour autant, son cas inquiète le DTN.  "C’est un joueur au fort potentiel, mais il a encore besoin de franchir des niveaux", estime Patrick Beesley. Il aurait dû selon lui "évoluer dans des clubs qui jouent l’Euroligue, avant de plonger brutalement dans la NBA."

S’il a en effet attiré l’attention de son entraîneur à Utah, Tyron Corbine, Gobert devrait connaître pour sa première année les joies du banc de touche, la faute à un manque d’expérience et à une concurrence exacerbée à son poste. "Il a fait une bonne pré-saison, c’est bien, mais les Américains ne mettent jamais leur équipe-type dans ce contexte. Lors de la saison régulière, ils ont ensuite un cinq majeur et c’est très difficile de l’intégrer", conclut le DTN du basket français.

Gobert face aux Los Angeles Clippers en pré-saison :

Alexis Ajinça face à Uche Nsonwu-Amadi (930x620)

L’exemple Ajinça. La solution serait alors que ces joueurs en manque de temps de jeu reviennent en Europe, et pourquoi pas en France, pour garder le rythme, quitte à repartir de l’autre côté de l’Atlantique, une ou deux saisons plus tard. Mais c’est impossible économiquement pour les clubs de l’Hexagone. "On aimerait bien les récupérer, car ils seraient des joueurs majeurs alors qu’ils ne sont que 7e ou 8e choix en NBA", constate l’entraîneur du Paris-Levallois Gregor Beugnot. "Mais financièrement, on ne peut pas rivaliser. Certains joueurs en bout de banc gagnent 1 million de dollars par an (727.000 euros). Ils ne verront jamais ça en France".

Les Frenchies en rupture de ban pourraient être tentés de suivre l’exemple d’Alexis Ajinça. "Drafté" en 2008 par les Charlotte Bobcats, à seulement 20 ans, il a connu des débuts très difficiles. Envoyé fissa par sa franchise en Ligue mineure pour s’aguerrir - un procédé utilisé par les franchises pour développer leurs éléments prometteurs - Ajinça n'a pas réussi à percer et a fait le choix de revenir en France.

Après un passage à Hyères-Toulon, il s’est engagé en faveur de Strasbourg, club avec lequel il atteint la finale du championnat de France l’an passé. Ce passage lui a permis de retrouver l'équipe de France, avec laquelle il a brillé l'été dernier. Ils sont d'ailleurs trois autres champions d'Europe, comme lui - Antoine Diot (Strasbourg), Charles Kahudi (Le Mans) et Florent Pietrus (Nancy) -, à évoluer dans le championnat de France de Pro A. Soit autant qu'en NBA, finalement...

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