Les sept épisodes de l’affaire Longo

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CYCLISME - La célèbre cycliste tricolore est au cœur d'une affaire aux multiples rebondissements.

Lundi, le Tribunal Arbitral du sport (TAS) a mis un terme à l'affaire Contador en condamnant l'Espagnol à une suspension de deux ans après un contrôle positif au clenbutérol. Par un drôle de hasard calendaire, moins de 48 heures plus tard, c'est au tour de l'affaire Jeannie Longo de connaître un nouveau rebondissement, avec la mise en garde à vue de Patrice Ciprelli, le mari et entraîneur de la championne tricolore, à la longévité légendaire. Près de cinq mois après le début de l'affaire, Europe1.fr fait le point, épisode par épisode, sur un feuilleton qui ébranle une icône du sport français.

9 septembre 2011, épisode 1 : Les trois "no show" . Dans la soirée du 8 septembre, l'info commence à circuler dans les rédactions. Selon L'Equipe, Jeannie Longo serait dans le viseur de l'Agence française de lutte contre le dopage (AFLD). A 2h00 du matin, le quotidien publie sur son site Internet un article intitulé : "Longo, la faute". La multiple championne de France, 53 ans, aurait enfreint les règles de localisation édictées par l'AFLD, qui obligent certains athlètes à préciser le lieu où ils résident afin de pouvoir faire l'objet de contrôles antidopage inopinés. A trois reprises, et en l'espace de dix-huit mois, elle n'aurait pas donné son lieu de résidence, ce qu'on surnomme dans le jargon antidopage un "no show". Jeannie Longo réagit dans un communiqué : elle dit faire confiance à la Fédération pour considérer sa situation de manière impartiale et objective". Sur Europe 1, la DTN du cyclisme français, Isabelle Gautheron, parle d'"étourderie mais pas de faute".

Longo avec Ciprelli (930x620)

13 septembre 2011, épisode 2 : Les accusations de Joe Papp. Le feuilleton Longo change brusquement de nature quatre jours plus tard. Dans la nuit du 12 au 13 septembre, toujours à 2h00, le journaliste dédié aux affaires de dopage du quotidien L'Equipe, Damien Ressiot, publie un nouvel article. Il annonce que le journal détient la preuve écrite que Patrice Ciprelli, le mari et entraîneur de Jeannie Longo, aurait acheté de l'EPO chinoise au printemps 2007, via un site chinois. Il aurait eu comme intermédiaire Joe Papp, un ancien coureur de second rang, lui-même contrôlé positif à la testostérone en 2006. Collaborant désormais avec la justice américaine, "Papp le repenti" explique dans L'Equipe : "Il (Patrice Ciprelli) a spécifiquement et directement demandé sur notre site ce que lui coûteraient 80 000 iu (unités) d'EPO livrées en France. Il a d'ailleurs indiqué que c'était pour sa femme." Dans la foulée, la Fédération française de cyclisme (FFC) décide de suspendre Patrice Ciprelli.

14 septembre 2011, épisode 3 : Non aux Mondiaux. Face à cette nouvelle polémique, Jeannie Longo décide de ne pas participer aux championnats du monde, qui ont lieu du 19 au 25 septembre, à Copenhague. Son avocat, maître Bruno Ravaz, explique que Longo est "très affectée par les accusations injustes dont elle fait l'objet" et qu'elle n'est "pas en état physique et moral de défendre ses chances et de tenir son rang au plus haut niveau dans une compétition internationale".

16 septembre 2011, épisode 4 : La justice s'en mêle. Trois jours après les révélations de L'Equipe, étayées par des reproductions de mails, le parquet de Grenoble, où réside Longo et son mari, annonce qu'il a ouvert une enquête préliminaire à la suite des soupçons d'achat d'EPO par Patrice Ciprelli. Cette enquête vise à "vérifier les circonstances dans lesquelles ont été effectués les éventuels achats de produits dopants par son mari et ceux qui auraient pu y participer" et à "voir s'il y a eu une éventuelle importation irrégulière de produits dopants". L'affaire glisse du sportif au judiciaire.

Jeannie Longo-Ciprelli (930x620)

26 octobre 2011, épisode 5 : Suspension levée. Le tribunal administratif de Grenoble donne raison aux avocats de Patrice Ciprelli, qui contestaient la légalité de sa suspension. Le juge administratif estime qu'il existe un "doute sérieux" quant à la légalité de la décision de la FFC. Patrice Ciprelli retrouve sa licence. Et Jeannie Longo, la parole. A l'occasion des Six Jours de Grenoble, la championne dit se réjouir de la décision du tribunal. "C'est une première étape avant de gagner la suite", déclare-elle. Longo évoque un mois et demi difficile, marqué également par la mort de son père. "Malgré les virus ambiants, je survis. J'ai passé une période très douloureuse, surtout personnellement par rapport à mon papa. Moralement, j'encaisse encore, je suis encore triste. Mais ça va, il fait encore beau, la vie continue."

22 novembre 2011, épisode 6 : Affaire classée. Longo, qui a été entendue quinze jours plus tôt par l'AFLD, évite toute sanction dans le volet "no show" de l'affaire. La commission de discipline de la FFC explique que la cycliste n'a pas commis d'infraction au code antidopage car, au moment du dernier contrôle effectué par l'AFLD, elle ne figurait plus officiellement sur la liste des athlètes cible. Le 15 décembre, l'AFLD, consciente d'être en tort, explique ne pas vouloir faire appel de la décision de la FFC. "A la date du troisième manquement relevé à l'encontre de la personne poursuivie, celle-ci avait cessé d'appartenir au groupe cible par l'effet d'une limitation à un an d'une telle appartenance", dit le communiqué de l'AFLD. En résumé, la réinscription de Longo sur la liste des athlètes cible, voulue par l'AFLD, n'avait pas été officiellement actée. Et cette affaire est donc classée.

8 février 2012, épisode 7 : Garde à vue. Peu après 6h00 du matin, les gendarmes de l'Office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique (OCLAESP) procèdent à l'interpellation de Patrice Ciprelli et d'un de ses amis, Michel Lucatelli, qui sont mis en garde à vue. Les deux hommes sont "entendus sur des faits de contrebande de marchandises dangereuses pour la santé, infraction aux règlements sur le commerce de substances vénéneuses, importation de substances ou de procédés interdits aux fins d'usage par un sportif sans justification médicale". Selon L'Equipe, les gendarmes auraient identifié, au cours de leur enquête, "au moins cinq opérations suspectes" opérées par Ciprelli auprès d'un fournisseur d'EPO étranger, deux en 2010 et trois en 2011. Jeannie Longo, elle, serait entendue comme témoin, ce que le procureur de la République de Grenoble, Jean-Yves Coquillat, n'a pas officiellement confirmé. Les forts soupçons de trafic de produits dopants qui pèsent désormais sur son mari pourraient précipiter la fin de la (très longue) carrière de Jeannie Longo, qui pointait encore au septième rang dans le classement des sportifs préférés des Français publié le mois dernier dans L’Equipe Mag.