Irlande-France : ne rien changer, pour quoi faire ?

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ON PREND LES MÊMES - Philippe Saint-André a décidé de faire confiance au même groupe que face à l'Ecosse.

On ne change pas une équipe qui gagne, dit l'adage. Visiblement, on ne change pas non plus une équipe qui joue mal. Malgré un jeu offensif embryonnaire - aucun essai marqué, peu de jeu au large, des fautes de main - face à l'Ecosse, samedi dernier (victoire 15-8), le sélectionneur des Bleus, Philippe Saint-André, a décidé de n'effectuer qu'un seul changement - et encore contraint - pour le deuxième match des Bleus, en Irlande, samedi après-midi, à Dublin. Eddy Ben Arous remplacera Alexandre Menini, blessé, au poste de pilier gauche. Mais pourquoi donc un seul changement ? "PSA est maintenant dans la logique de trouver un groupe", souligne le consultant rugby d'Europe 1, Eric Blanc. "Il n'a pas de certitudes et il a préféré jouer la continuité. C'est tellement fragile qu'il a dû se dire : il faut que je redonne une chance à ce groupe, voir son caractère et revoir certains joueurs qui ont très peu de sélections dans un contexte différent de celui du Stade de France, à l'extérieur."

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Deuxième chance. Plus qu'une récompense, c'est donc davantage une deuxième chance qui est proposée aux vainqueurs de l'Ecosse. "Il n'avait pas trop le choix parce que s'il avait changé cinq ou six joueurs, ça aurait mis de la confusion. Changer trop de joueurs affaiblit l'équipe. Tu n'as déjà pas beaucoup d'automatismes, si en plus tu remets le doute dans la tête des joueurs qui sortent du XV de départ, ils ne croient plus à rien, se disent 'on ne sait pas où on va'. A un moment donné, il faut garder un cap. C'est comme sur un bateau, tu peux aller lentement, mais si tu as le bon cap..."

Rory Kckott (960x640)

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Kockott maintenu, Parra sur le banc. La décision de maintenir Rory Kockott (photo) au poste de demi de mêlée a surpris, alors que Morgan Parra avait fait une bonne entrée contre l'Ecosse. "Rory a fait des choses intéressantes pour sa première titularisation et il mérite de continuer avec Camille pour ce match", s'est justifié Saint-André. Notre consultant partage son avis. "Tout le monde attendait le retour de Morgan Parra, on aurait ainsi reconstitué la charnière de Clermont avec Lopez", détaille-t-il. "Mais, pour moi, on a été très sévère avec Kockott sur le match contre l'Ecosse. Parra est entré lors de la meilleure période française, quand on avait la possession du ballon. En première période, où la possession était partagée, Kockott a plutôt été dans un registre sobre, ce qu'on peut comprendre pour sa première titularisation. On a pu voir la qualité de sa passe, voir qu'il était capable de jouer au pied. Et je trouve que ce n'est pas une mauvaise idée de le tester à nouveau."

Spedding avec Blanco (960x640)

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Spedding plutôt que Dulin. En revanche, Eric Blanc considère que du sang neuf aurait pu être injecté à deux ou trois autres endroits du terrain. "Au centre, on aurait pu avoir un retour de Fickou (qui a quitté le groupe), de Mermoz (qui n'a pas été appelé), puisque Dumoulin (blessé) n'est pas là. On aurait pu aussi avoir un roulement en 2e ligne avec Taofifenua qui aurait pu entrer à la place de Maestri ou Papé. Le dernier changement, ça aurait pu être Dulin à l'arrière, non pas que Spedding (ici aux côtés de Serge Blanco, photo) a été mauvais contre l'Ecosse, mais comme Dulin était considéré comme le n°1 à ce poste et qu'il a prouvé lors du dernier match de Top 14 qu'il était de retour à son meilleur niveau, "PSA" aurait pu l'aligner." Le sélectionneur a avancé l’argument physique pour justifier sa décision : "Brice (Dulin) n'est pas encore à 100%, même s'il progresse, il n'a pas tous ses moyens, que ce soit sur le plaquage, au niveau de la passe...".

Si Saint-André a opté pour la continuité face à l'Irlande, rien ne dit en revanche que ce sera encore le cas pour le troisième match, le 28 février prochain, face au pays de Galles. Notamment en cas de défaite. "Certes, mais ça dépend encore quelle défaite, dans quelles conditions, avec quel contenu", précise Eric Blanc. "Si tu perds 25-24 en étant héroïque, tu n'auras pas forcément besoin de faire des changements. En revanche, s'il y a une déroute et que tu prends 30 points, que tu ne touches pas le sol, ça va être la grande lessive et là, beaucoup de joueurs peuvent faire leur entrée pour le troisième match." Et si la France se mettait à gagner ensuite, on sait que ce n'est pas facile d'y revenir...

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