Handball : après la France, Roiné joue pour le Qatar

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avec Christophe Lamarre, à Doha , modifié à
IDENTITÉ - L'ancien joueur des Bleus dispute le Mondial sous les couleurs du Qatar.

Lundi soir, le Qatar a été l'une des premières équipes à se qualifier pour les huitièmes de finale du championnat du monde de handball avec une troisième victoire en trois matches. Même si le pays n'a jamais fait mieux qu'une 16e place dans un Mondial, la présence de l'émirat en phase finale n'est pas exactement une surprise. Pourquoi ? Parce que le pays hôte s'est présenté à ce Mondial avec une équipe compétitive, car formée pour moitié de joueurs naturalisés rodés aux grands championnats. C'est le cas notamment du Français Bertrand Roiné. L'ancien joueur de Chambéry, champion du monde en 2011 avec les Bleus, évolue sous le maillot qatarien depuis 2013. Mais lundi soir, impossible de recueillir ses impressions à l'issue de la victoire face à la Slovénie. L'émir a visiblement demandé aux joueurs naturalisés de ne pas s'exprimer...

Des primes à la naturalisation ? A la différence du football, le handball permet à un joueur d'évoluer avec deux nations différentes au cours de sa carrière. Seule contrainte : il faut laisser trois ans entre les deux sélections. De fait, la fédération qatarienne ne s'est pas gênée : le gardien Goran Stojanovic, auteur de 8 sauvetages lundi, vient du Monténégro tandis que Rafael Capote, qui a inscrit 12 des 31 buts de son équipe, est natif de Cuba. Dans un entretien donné à France 24 l'an dernier, Roiné avait expliqué ne rien avoir touché de la fédération qatarienne pour jouer avec la sélection, seulement des indemnités journalières. Ce n'est pas ce qui se dit en coulisses où l'on parle d'un million d'euros de prime à la naturalisation (et de 200.000 euros en cas de victoire finale selon L'Equipe). Une chose est acquise : la fédération qatarienne a mis les moyens. Elle s'est ainsi offert le sélectionneur des champions du monde en titre, l'Espagnol Valero Rivera, pour encadrer tout ce joli monde.

Bertrand Roiné avec Nikola Karabatic en 2011 :

Bertrand Roiné en 2011 (960x640)

© Franck FIFE/AFP

Comment Roiné en est-il arrivé à défendre les couleurs du Qatar ? En fin de contrat à Chambéry, il a rejoint le club de Lekhwiya en août 2012. "A 20 ans, on privilégie surtout le niveau de jeu. Quand on (en) a bientôt 33 comme moi, une femme et des enfants, on pense avant tout à l'avenir", avait-il confié au quotidien Le Parisien, il y a un an. "Outre le salaire (doublé par rapport à celui qu'il touchait à Chambéry, ndlr), le club paie la voiture, le logement, l'électricité, l'eau. Et je n'ai plus d'impôts à payer." Comme d'autres joueurs (un seul des sélectionnés pour le Qatar ne joue pas dans l'émirat, ndlr), il a ensuite choisi de franchir le pas en optant pour la nationalité qatarienne, un choix qu'il justifie d'abord par l'envie de retrouver une grande compétition. "Le choix ne s'est pas fait sur un coup de tête", souligne-t-il encore à France 24. "Je savais que ça allait être compliqué de retrouver l'équipe de France, mais ma priorité était de rejouer des matches internationaux." Et si ça peut se faire dans une équipe compétitive, c'est encore mieux.

L'an dernier et pour la première fois de son histoire, le Qatar a remporté les championnats d'Asie de handball. Avant ce Mondial disputé à domicile, Roiné explique que le groupe a suivi une intense préparation de deux mois et demi. Le Qatar est prêt. Avant même le début de la compétition, le sélectionneur des Bleus, Claude Onesta, avait prévenu : "c'est une équipe qui jouera un rôle et pas seulement un rôle de trublion". Le Qatar ne fait jamais les choses à moitié. Et l'on peut être certain que l'émirat mettra sur pied une équipe de football solide en vue du Mondial 2022...