F1 : un championnat 100% féminin est-il une bonne idée ?

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et Othman Azzeddine , modifié à
FEMMES, JE VOUS AIME - Bernie Ecclestone a proposé l'idée d'une formule exclusivement réservée aux femmes, en marge des Grands Prix de F1.

Il y a deux choses dont ne manque pas Bernie Ecclestone, le patron de la F1 : l'argent, d'abord, et les idées, ensuite. Le week-end dernier, en marge du Grand Prix de Malaisie, le Britannique, âgé de 84 ans, a mis sur la table une proposition originale : celle d'organiser un championnat exclusivement réservé aux femmes. La rédaction d'Europe 1 est divisée : bonne idée ou non ?

OUI : "une façon originale de faire émerger des pilotes"

Par Nicolas ROUYER

Simona de Silvestro (960x640)

© Robert Laberge/AFP

"C'est un débat vieux comme l'existence des sports mixtes et la course automobile. Comment faire une place aux femmes au plus haut niveau ? Bernie Ecclestone, le (très) "grand argentier" de la F1 a proposé le week-end dernier la création d'un championnat exclusivement féminin. Son objectif : créer une série susceptible d'attirer des sponsors (Bernie ne perd jamais le Nord) mais aussi de servir de tremplin pour la Formule 1. L'idée est séduisante à plus d'un titre.

D'abord, elle relancerait l'intérêt des week-ends de Grand Prix (et celui des femmes, sans doute !), avec aujourd'hui un vendredi sans rendez-vous majeur et une course dominicale aux vertus parfois tranquillisantes. Cette formule permettrait ensuite de faire émerger des talents féminins, qui auraient la possibilité de s'affronter, sans la pression de la course ni celles de leurs collègues masculins. On peut même envisager une promotion en F1 l'année suivante pour celle qui remporterait ce championnat. Les talents ne demandent qu'à éclore : Susie Wolff est déjà pilote d'essai chez Williams, Simona de Silvestro (photo ci-dessus, en Indycar, en 2013) a signé chez Sauber comme "pilote affilié", Carmen Jorda est pilote de développement chez Lotus. Pourquoi la F1 ne pourrait-elle pas, elle aussi, disposer à l'avenir d'une Danica Patrick, vainqueur d'une course en Indycar et pilote installé en Nascar ? Le dernier départ de Grand Prix de F1 donné avec une femme remonte à 1976. Il est grand temps que l'Italienne Lella Lomabrdi trouve une 'successeure'..."

NON : "une proposition audacieuse mais nullement crédible"

Par Othman AZZEDDINE

Susie Wolff (960x640)

© J.Buttner/AFP

"La dernière proposition de Bernie Ecclestone est certes audacieuse mais nullement crédible. Aujourd'hui, la F1 ne compte qu'une seule femme en position de piloter, l'Allemande Susie Wolff (Williams), femme du patron de l'écurie Mercedes, Toto Wolff (c'est dire si elle baigne dans ce monde-là). Dédier un championnat uniquement aux femmes est une fausse bonne idée. Car il faut commencer par trouver des femmes légitimes et compétentes pour participer à un tel championnat. Si aucune femme n'a pris le départ depuis 1976, c'est parce que la F1 est un milieu très masculin, d'accord, mais c'est aussi parce qu'il n'y a pas assez de femmes qui peuvent prétendre à un baquet. Et sur quelles monoplaces les feraient-on concourir ?

Alors que la F1 s’acharne à réduire ses coûts, lancer un nouveau championnat sans aucun gage de réussite sportive ou médiatique ne semble pas une idée très viable financièrement. Enfin, ce n’est pas forcément rendre service aux femmes pilotes que de leur consacrer un championnat. C'est une façon de leur dire que la F1 est une marche trop haute pour elles. Or, Susie Wolff, ou d'autres, dans des disciplines similaires, comme Danica Patrick ou, à un degré moindre, Simona de Silvestro, en Indycar, montrent que l'accession aux meilleures séries est certes difficile mais envisageable. La F1 est un des seuls sports ou la mixité est possible. Ne ruinons pas cela avec un championnat annexe 100% féminin.

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