Des JO 2016 sans la Jamaïque ?

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ANTIDOPAGE - L'AMA brandit la menace d'une exclusion contre la Jamaïque aux Jeux de Rio.
Shelly-Ann Fraser (930x620)

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Des JO 2016 sans la Jamaïque ? La question peut paraître incongrue tant l'île des Caraïbes, 3e des derniers Mondiaux au classement des médailles, fait partie intégrante du paysage de l'athlétisme, sport n°1 des Jeux d'été. Mais, aujourd'hui, elle peut légitimement être posée alors que le directeur général de l'Agence mondiale antidopage (AMA), David Howman, a enjoint les autorités sportives jamaïquaines à faire les efforts nécessaires dans la lutte antidopage, sous peine de voir le pays exclu de certaines compétitions sportives, à commencer par les Jeux olympiques de Rio, en 2016. "La situation est sérieuse", souligne Howman au quotidien britannique The Telegraph. "Mais je pense que si des gens responsables en Jamaïque se penchent sur le sujet, ils vont y remédier. Je serais déçu s'ils ne le font pas. Mais, s'il y a une absence de réponse, on parlera de ce sujet avec le gouvernement jamaïquain." Howman réagissait à un article de l'ancienne directrice de l'agence de lutte contre le dopage jamaïquaine (la Jadco, Jamaica anti-doping commission), publié dans le magazine américain Sports Illustrated.

"Ils croient que la Jamaïque n'a pas de problème"

Asafa Powell (930x620)

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Que dit Renee Anne Shirley dans cette tribune ? Elle regrette l'attitude des membres de la Jadco qui, selon elle, prennent la lutte contre le dopage avec un peu trop de légèreté. "Lorsque j'étais à la Jadco (elle a démissionné de son poste en février dernier, ndlr), j'ai souvent évoqué mon inquiétude sur les achats de produits sur Internet, car il y avait selon moi des raisons de croire que certains athlètes jamaïquains étaient peu attentifs dans leur consommation de suppléments alimentaires (...). Mais, malgré mes efforts, je n'ai pas réussi à faire prendre la chose au sérieux par aucun membre du Jadco ni du gouvernement. Ils croient que la Jamaïque n'a pas de problème."

Or, en juin dernier, tout le monde a pu constater que l'île des Caraïbes en avait un, de problème. Cinq athlètes reconnus, dont les médaillés olympiques Asafa Powell (photo) et Sherone Simpson, ont été convaincus de dopage, après avoir absorbé des compléments alimentaires dont ils ignoraient, selon eux, le contenu précis. Quelques semaines plus tôt, c'est Veronica Campbell-Brown, double championne olympique du 200 m, qui était contrôlée positive à un diurétique.

Un contrôle antidopage hors compétition en cinq mois

Au-delà de ces affaires, que Renee Anne Sherley dit avoir vu venir "comme on voit venir un ouragan", l'ancienne dirigeante regrette les moyens mis à disposition pour la lutte antidopage en Jamaïque. Elle explique ainsi que, quand elle a pris son poste à la Jadco, en juillet 2012, personne n'était chargée de la localisation des athlètes  et il y avait un seul contrôleur à temps plein. De fait, le tableau des tests antidopages qu'elle révèle n'est pas surprenant : entre mars et juillet 2012, soit les cinq mois précédents les JO de Londres, il n'y a eu en tout et pour tout qu'un seul contrôle antidopage hors compétition... "Ces commentaires nous préoccupent et nous espérons que le gouvernement et l'agence elle-même (la Jadco) vont y répondre de manière appropriée", a commenté l'AMA par la voix de son directeur général.

Si l'AMA considère in fine que la Jamaïque ne respecte pas le code antidopage, elle pourrait transmettre le dossier aux instances sportives, comme le Comité international olympique (CIO) ou la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF), auxquels il conviendra de prononcer éventuellement des mesures d'exclusion. Nous en sommes donc encore loin et la méga-star de l'athlétisme, Usain Bolt, peut continuer à rêver à son triple triplé olympique (100-200-4x100 m), son grand objectif désormais. Mercredi soir, l'AMA a simplement mis la main à la poche pour adresser à la Jamaïque un carton jaune...