Cyclistes au bord de la crise de nerfs

Je ne vais pas gaspiller de l'énergie à m'énerver", explique Cadel Evans au sujet des questions sur le dopage.
Je ne vais pas gaspiller de l'énergie à m'énerver", explique Cadel Evans au sujet des questions sur le dopage. © MaxPPP
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Frédéric Frangeul avec AFP , modifié à
DOPAGE - Les propos de Lance Armstrong agacent le peloton, à la veille du départ du Tour.

L’INFO.  Soupirs, silence ou coups de gueule: coureurs et organisateurs du Tour de France ont manifesté chacun à leur manière la même exaspération de voir l'épreuve à nouveau mise à l'index vendredi dans une interview de Lance Armstrong posant le dopage comme préalable à la victoire.

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Une vague d’aveux. Les propos du coureur américain, déchu de ses sept titres le 22 octobre dernier après les révélations des preuves de son dopage, ne sont pas nouveaux. Mais sa nouvelle affirmation dans une interview au Monde("Impossible de gagner sans dopage"). D'autant qu'à la petite phrase de Lance Armstrong est venue s'ajouter aux confessions du vainqueur du Tour 1997 Jan Ullrich samedi dernier et à la révélation lundi soir d'échantillons de Laurent Jalabert positifs à l'EPO sur le Tour 1998, a fini d'irriter le monde du vélo, lassé des amalgames avec cette période sombre.

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Hinault: "Si l'AMA faisait son boulot..."

"Une époque maudite". "C'est sûr que lui n'aurait jamais gagné sans se doper et je pense que du coup, il ne peut le concevoir autrement", a réagi sur France Inter et France Info le directeur du Tour, Christian Prudhomme, en soulignant qu'Armstrong avait originellement un profil pour les courses d'un jour et pas pour les courses par étapes. Et Christian Prudhomme d’ajouter : "Il y a eu une époque maudite".

Une "suspicion permanente". Le quintuple vainqueur Bernard Hinault, qui avait déjà dénoncé sur Europe 1  une volonté de "tuer le Tour" deux jours plus tôt, s'est lui emporté sur BFM TV. "Il faut arrêter de penser que tous les coureurs cyclistes sont des voyous, des drogués ! Ca me désole d'entendre tout ça. Pour Bernard Hinault, "la suspicion est en permanence".

Bradley Wiggins au contrôle antidopage (930x620)

© REUTERS

Le refuge du silence. Chez les coureurs, le ras-le-bol s'est essentiellement manifesté par le silence. La plupart ont refusé de commenter les propos d'Armstrong pour ne pas alimenter la polémique.

L'équipe britannique Sky, employeur du dernier vainqueur du Tour, Bradley Wiggins, et qui compte dans ses rangs le grand favori de l'édition 2013, Chris Froome, a également opposé un "no comment" aux sollicitations des journalistes.          

Evans se présente en contre-exemple. Interrogé sur le sujet lors de la traditionnelle conférence de presse d'avant-départ de son équipe BMC, le vainqueur du Tour de France 2011, Cadel Evans, a répondu: "Je pense le contraire (d'Armstrong), je suis la preuve que ce n'est pas vrai". "J'en suis sûr (qu'on peut gagner sans se doper) parce que je l'ai fait, a-t-il insisté. Je ne vais pas gaspiller de l'énergie à m'énerver".

Les médias pointés du doigt. Le champion du monde du monde Philippe Gilbert, co-équipier de Cadel Evans, a pour sa part également pointé la responsabilité des journalistes: "C'est l'importance que vous lui donnez qui est dérangeante. Si les médias ne réagissaient pas, il n'y aurait pas tant de problèmes. Mais ça fait vendre du papier..."