C'est la fo-Lin en NBA !

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avec agences , modifié à
BASKET - Un jeune Californien d'origine taïwanaise met le feu aux parquets outre-Atlantique.

Il reste une quinzaine de secondes à jouer, mardi, à Toronto. Les Raptors reçoivent les New York Knicks. 87-87. Port altier, visage concentré, le n°17 des Knicks, Jeremy Lin, tient le ballon au milieu du terrain. A deux secondes de la fin, le meneur arme son tir à trois points... qui fait mouche ! 90-87. Cinq malheureux dixièmes de seconde à jouer. Sixième victoire consécutive des Knicks. Et nouveau chapitre de la légende de Jeremy Lin, la nouvelle star de la NBA.

Lin offre la victoire aux Knicks sur un panier à trois points :

4 février. Jusque-là cantonné à des bouts de matches, Jeremy Lin, recruté par les Knicks le 27 décembre dernier pour être troisième meneur, joue près de 36 minutes, inscrit 25 points, délivre 7 passes décisives et capte 5 rebonds. C'est "sa nuit". Mais cette nuit de folie se répète encore et encore, et Lin accumule les statistiques de All-Star, voire de MVP, avec, en point culminant, un total de 38 points inscrits face aux Los Angeles Lakers de Kobe Bryant, vendredi dernier. Ce soir-là, Lin, aussi habile balle en main qu'au tir de loin, émerveille le Madison Square Garden. En l'absence des deux All-Stars des Knicks, Carmelo Anthony et Amar'e Stoudemire, le remplaçant du bout du banc est propulsé "clutch player", joueur décisif, en une petite semaine.

Lin écoeure Derek Fisher :

Capture d'écran de ny.com (930x620)

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"C'est un gamin dur au mal, mais ça, on ne le sait que lorsqu'on le met sur le parquet. C'est un dur, avec un mental énorme", explique son entraîneur, Mike d'Antoni. "Dans la vie, il faut avoir de la chance. Il a l'a eue et a su la saisir. Il y a beaucoup de joueurs de NBA qui en sont incapables." Sur le parquet, la technique en mouvement de Lin rappelle celle de Tony Parker, ses qualités de pénétration n'ont rien à envier à celles de Derrick Rose et son intelligence de jeu renvoie aux grands meneurs européens, Espagnols en tête. En référence au "Black Mamba", Kobe Bryant, Lin gagne même le surnom de "Yellow Mamba", "Mamba jaune". Mais les jeux de mots autour de son nom sont légion, sur les pancartes des fans ou dans les tweets des suiveurs : "Linpossible is everything", "Lin-sanity", "LIN, Legend in New York",...

De Harvard au Madison Square Garden

L'histoire de Lin est singulière. Il y a un mois, il jouait encore en D-League, la Ligue de développement de la NBA, là où il a passé l'essentiel de son temps depuis une saison et demie. Lin a débarqué en NBA, aux Golden State Warriors, en juillet 2010, sans passer par la draft, le célèbre mode de recrutement de la NBA. L'université par laquelle il est passé ne l'a peut-être pas aidé. En effet, Lin est sorti diplômé de l'université... d'Harvard, dans le Massachussets. Oui, comme Franklin Roosevelt ou Natalie Portman. Mais si ce diplôme pose son homme, ça ne fait pas de vous un basketteur. Lin l'avait bien compris, lui qui souhaitait faire ses études à UCLA ou à Stanford. Mais ces deux universités l'ont finalement refuser, estimant son niveau en basket-ball insuffisant. Lin, ou le Valbuena de la NBA.

Une incarnation de l'"American dream"

Jeremy Lin en Une de Sports Illustrated

© Sports Illustrated

La trajectoire de Lin, celle d'un anonyme devenu star du jour grâce au talent et au travail, incarne le rêve américain jusqu'à satiété. Car, au-delà de la belle histoire sportive, Lin symbolise également, sans doute malgré lui, l'Amérique multi-ethnique, lui le jeune homme d'origine taïwainaise, né en Californie (côte ouest) et devenu star à New York (côte est). Cette "success story" 100% américaine, qui ne semble pas vouloir prendre fin, fait parler jusqu'au plus haut sommet de l'Etat. "C'est évidemment formidable pour les Knicks, mais c'est le genre d'histoire sportive qui va au delà du sport lui-même", a expliqué jeudi le porte-parole de la Maison-Blanche, qui a précisé que Barack Obama suivait de près les exploits de Lin. Lin, c'est formidable pour les Knicks, relancé dans la course aux play-offs, mais également pour la NBA. Depuis la retrait du Chinois Yao Ming, la Ligue n'avait plus de visage pour vanter ses mérites sur le gigantesque marché asiatique. Avec Lin, c'est désormais le cas.