Brown, rasta raquette

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avec AFP , modifié à
WIMBLEDON - Le joueur allemand a fait le spectacle, mercredi, en dominant Lleyton Hewitt.
Brown à Wimbledon (930x620)

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Au cours d'une journée marquée par les chutes, les blessures, les forfaits et les abandons, un joueur a éclairé le All England Club, mercredi, à Wimbledon. Un joueur totalement atypique, avec un style qui détonne dans le temple du tennis : dreadlocks, colliers et tee-shirts sans manche. Dustin Brown, 28 ans, peut apparaître comme une sorte de chaînon manquant entre Yannick Noah et Rafael Nadal. Jusqu'à maintenant, ce beau bébé d'1,96 m pour 78 kg, classé 189e seulement à l'ATP, régalait surtout le public des tournois des circuits mineurs. Mais, mercredi, il s'est payé le luxe de dominer l'ancien n°1 mondial Lleyton Hewitt en quatre sets et 2h26' de jeu (6-4, 6-4, 6-7[3], 6-2).

Père jamaïcain, mère allemande

Né en Allemagne il y a 28 ans d'un père jamaïcain, Leroy, et d'une mère allemande, Inge, Brown a opté pour la nationalité allemande après un parcours cahoteux. Parti vivre en Jamaïque à l'âge de douze ans, il a commencé sa carrière professionnelle sous pavillon caraïbe, écumant les petits tournois européens en... camping car ! Déçu par le manque d'appui et les errances de la Fédération locale, il a décidé en 2010 d'opter pour la nationalité allemande, dont il défend officiellement les couleurs désormais. Ce choix peut sembler logique mais, en 2010, Brown, qui possède des aïeux en Angleterre, a failli opter pour la nationalité britannique. "Ce sont les médias qui avaient soulevé la question mais je n'ai jamais eu de nouvelle de la Fédération britannique. Tant pis, le train est passé", a-t-il insisté, le ton ferme.

"Je ne changerai jamais"

Conscient que son look peut étonner, Brown n'entend pas pour autant en changer. "Ça peut interpeller mais je suis comme ça depuis que je suis né. Ceux qui me découvrent aujourd'hui devront s'y faire car je ne changerai pas", a-t-il insisté. Homme libre, Brown est également devenu mercredi le premier joueur à faire apparaître sur son tee-shirt, et sous les colliers, l'adresse de son compte Twitter ! (@DreddyTennis)

Brown, propulsé mercredi sur les réseaux sociaux "joueur le plus cool du monde", a atteint mercredi le troisième tour d'un Grand Chelem pour la première fois de sa carrière. Passé l'émotion de sa victoire sur Hewitt ("j'ai pleuré comme une gonzesse, c'est pas mon genre d'habitude"), il affrontera le Français Adrian Mannarino, classé lui aussi au-delà du Top 100 (111e). "On me dit que mon tableau s'est ouvert. Moi je réponds que chaque match doit être joué." Et celui qui se définit à la fois comme "jamaïcain et allemand" le sait mieux que personne. Il a dû passer par trois matches de qualification pour entrer dans le grand tableau. Et agiter ses dreadlocks aux yeux du monde entier.