Armstrong : des suites judiciaires ?

Après la justice sportive, Armstrong pourrait être confronté à la justice pénale.
Après la justice sportive, Armstrong pourrait être confronté à la justice pénale. © REUTERS
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avec AFP , modifié à
DOPAGE - Suspendu à vie et privé de ses Tours, Armstrong pourrait faire face à la justice.

Avec la décision, lundi, de l'Union cycliste internationale (UCI) de suivre les recommandations de l'agence antidopage américaine (Usada), Lance Armstrong a vu son palmarès se vider. Risque-t-il maintenant de voir son casier judiciaire se remplir ? "Je pense qu'Armstrong est dans une très mauvaise situation, il y a une forte probabilité qu'il soit poursuivi pour quelque chose, comme parjure ou fraude", explique Peter Keane, professeur de droit à la Golden Gate University, en Californie.

"Peut-être un cas de parjure très solide"

Armstrong avec Bruyneel (930x620)

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Dans le droit anglo-saxon, le parjure consiste à mentir ou à produire de faux témoignages sous serment. Dans son rapport, l'Usada évoque "des fausses déclarations sous serment... relevant du parjure". Cela concernerait notamment une déposition faite par Armstrong dans le cadre d'une procédure d'arbitrage l'opposant à la société SCA Promotions, qui refusait de lui verser un bonus contractuel après sa victoire sur le Tour de France 2004, en raison du contenu du livre L.A. Confidentiel. Cette enquête, réalisée par Pierre Ballester et David Walsh, laissait entendre que le Texan avait recours au dopage.

Dans sa déposition, Armstrong répond "non" plusieurs fois quand on lui demande s'il s'est déjà dopé, si le préparateur italien Michele Ferrari l'avait déjà aidé à se doper et s'il n'avait plus de liens avec lui depuis 2004. "Le gouvernement a peut-être un cas de parjure très solide à plaider car nombre de ses équipiers ont témoigné sous serment l'avoir vu se doper", remarque Peter Keane. Ce délit de parjure est passible d'une sanction allant d'une forte amende (jusqu'à 1,5 million de dollars, 1,15 million d'euros) à une peine de prison pouvant aller jusqu'à 30 ans.

Les autres pistes : fraude et intimidation de témoin

La justice américaine dispose d'autres angles d'attaque. Selon le Los Angeles Times, Armstrong pourrait ainsi être poursuivi pour fraude fiscale, notamment dans le cadre de ses relations avec le docteur Ferrari, qu'il payait en échange de conseils en matière de dopage, ou encore pour intimidation de témoins. Armstrong avait notamment envoyé un SMS hostile à l'épouse de son ancien équipier Levi Leipheimer après le témoignage de ce dernier devant un jury fédéral. Il avait également menacé le coureur italien Filippo Simeoni dans le peloton mais également son compatriote Tyler Hamilton dans un restaurant.

Malgré ces faits, il est loin d'être acquis que la justice américaine ne reprenne en main le dossier Armstrong. Et d'abord parce qu'elle l'avait abandonné une première fois en février dernier, laissant la justice sportive, et donc l'Usada, agir seule pour l'enquête sur le système de dopage en lui-même. Ensuite, en ces temps de déficit budgétaire et de crise économique, les Américains ne verraient sans doute pas d'un très bon oeil que leurs impôts servent à financer une procédure de ce type, longue et coûteuse. Enfin, un élément n'est pas à négliger : Armstrong jouit toujours outre-Atlantique d'une aura certaine en raison de son statut de survivant du cancer. Difficile dans ces conditions de le faire condamner par un jury lors d'un procès pénal.