Moteur dans un vélo : le dopage mécanique, nouveau fléau du cyclisme ?

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La Belge Femke Van den Driessche, la cycliste par qui le scandale est arrivé. © YORICK JANSENS / Belga / AFP
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Julien Ricotta avec AFP , modifié à
Le premier cas de tricherie mécanique dans le cyclisme a été découvert le week-end dernier. Après des années de suspicion, le fantasme devient réalité. 

Les rumeurs ont laissé place à l'inquiétude. Après plusieurs années de soupçons, le premier cas de moteur caché dans un vélo a été découvert le week-end dernier, aux Championnats du monde de cyclo-cross, à Zolder, en Belgique. Malgré cette révélation, l'ampleur de la tricherie reste largement inconnue et difficile à détecter. Alors, le dopage mécanique ne concerne-t-il que quelques cas isolés, ou est-il une pratique répandue dans le cyclisme ?

  • Le dopage mécanique, c'est quoi ?  

La technologie moderne autorise toutes les suppositions sur cette nouvelle forme de tricherie. Il peut s'agir de moteur sophistiqué au niveau des roues, mise en action par télécommande à distance ou par le biais du cardio-fréquencemètre. Selon des médias présents en Belgique, le système trouvé dans le vélo de la coureuse Femke Van den Driessche, qui pèserait 500 à 600 grammes et coûterait quelque 20.000 euros, était dissimulé dans le tube vertical du vélo.

Mais, pour le quotidien italien La Gazzetta dello Sport, il s'agit là déjà d'une technologie ancienne. "La nouvelle frontière est l'électro-magnétisme", affirme le journal dans son édition de lundi en citant un "gourou" anonyme du secteur. Le nouveau dopage mécanique? Des roues (arrière) en carbone, d'un coût de... 200.000 euros. Pour ce prix, un vélo dissimulerait un système électro-magnétique pour émettre une énergie supplémentaire, de l'ordre de 20 à 60 watts. Un sacré gain de performance…

  • Comment lutter contre le dopage mécanique ?

Face à ce potentiel fléau pour le cyclisme, les instances du cyclisme ont déjà  commencé à s'inquiéter. L'UCI (Union cycliste internationale), alertée, planche sur des méthodes de détection efficaces. Pendant le Tour d'Italie, une brigade spécialisée dans la recherche des champs magnétiques était ainsi intervenue à Gênes, sans résultat. Pendant ce même Giro, l'ancien vainqueur du Tour de France, Greg LeMond, avait lui prôné l'utilisation d'un pistolet thermique pour détecter toute source de chaleur.

Mais pour endiguer la menace, les instances du cyclisme devront déployer des moyens conséquents et procéder à des contrôles nettement plus fréquents et poussés qu'à l'heure actuelle. En tout cas, les coureurs pris en faute risquent de lourdes sanctions. Selon le règlement de l'UCI, ils s'exposent à une disqualification, une suspension de six mois minimum et une amende pouvant s'élever à 200.000 francs suisses (192.000 euros).

  • Des années de suspicion

Depuis plusieurs années, des soupçons pèsent sur plusieurs stars du cyclisme, sans jamais aboutir. Le spectre du dopage mécanique a surgi en 2010, après la démonstration du Suisse Fabian Cancellara dans le Tour des Flandres puis Paris-Roubaix. Mais les doutes, qui ont déclenché une vive polémique, n'ont jamais été accrédités.

Un autre épisode, filmé par les caméras de télévision, avait intrigué le peloton, lors du Tour d'Espagne 2014. Après une chute, le vélo du Canadien Ryder Hesjedal avait continué d'avancer tout seul, suscitant de nombreuses interrogations. Là-aussi, aucune preuve concrète contre le coureur n'avait été apportée. L'an dernier, des suspicions avaient même pesé sur Alberto Contador, lors du Giro, ainsi que sur Chris Froome, sur le Tour de France, après sa démonstration de force à la Pierre-Saint-Martin. Sans jamais aboutir. 

La vidéo de la chute de Ryder Hesjedal : 

  • Les grandes courses cyclistes sont-elles concernées ?

Jusqu'ici, aucune star des pelotons n'a été rattrapée par la patrouille pour dopage mécanique. Mais difficile d'imaginer que Femke Van den Driessche, espoir méconnue du cyclo-cross féminin à peine âgée de 19 ans, soit la seule à recourir à cette nouvelle forme de tricherie. Alors, simple cas isolé ou pratique répandue ? "Je n'en sais rien !", a répondu du tac au tac Brian Cookson, président de l'UCI (Union cycliste internationale).

Selon la commission d'enquête sur le cyclisme (CIRC), le cyclisme sur route, où se concentrent d'énormes enjeux financiers et médiatiques, ne serait pas épargné.  "Ce problème en particulier est pris au sérieux, surtout par les meilleurs coureurs, et n'a pas été décrit comme un phénomène isolé." Il n'est donc pas impossible d'assister, dans un futur proche, à un scandale de dopage mécanique sur le Tour de France, le Giro ou la Vuelta.