Mauresmo : "Jo est mieux armé que moi à l'époque"

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Interview réalisée par Thomas Sotto avec BG , modifié à
L'ancienne numéro 1 mondiale revient sur la pression qui repose sur les épaules de Tsonga à quelques heures de son match contre Wawrinka.
INTERVIEW

Mauresmo-Tsonga, même combat. Etrange situation que celle d'Amélie Mauresmo. La Française, qui a tout gagné ou presque sur le circuit en tant que joueuse, n'a jamais fait mieux qu'un quart de finale sur la terre battue de Roland-Garros. Elle est donc très bien placée pour savoir à quel point la pression qui pèse sur les épaules de Jo-Wilfried Tsonga, qui affronte le suisse Stan Wawrinka à partir de 13 heures vendredi, peut parfois être paralysante.

"Il est mieux armé que moi". Mais Amélie Mauresmo a confiance en "Jo" : "J'ai l'impression qu'il est mieux armé que moi pour affronter cette pression. Il a traversé des moments difficiles ces derniers mois, ça devrait l'aider à avoir un peu plus de recul. "J'ai l'impression que Jo est mieux armé que moi pour affronter cette pression, il a traversé des moments difficiles ces derniers mois (seulement 11 victoires pour 5 défaites sur la saison 2015 avant le début de Roland-Garros, NDLR), ça devrait l'aider à avoir un peu plus de recul", analyse-t-elle.

"Roland, c'est ma maison." Il est vrai que dans sa carrière, Amélie Mauresmo a souvent débarqué Porte d'Auteuil avec l'étiquette de prétendante à la victoire finale. Pas forcément la meilleure position pour aborder un tournoi, surtout quand il a une valeur sentimentale aux yeux de la joueuse, comme l'explique l'ancienne patronne du circuit WTA. "Roland-Garros, c'est vraiment l'événement qui m'a poussée à jouer au tennis. J'ai habité à Roland-Garros, j'ai vu la victoire de Yannick (Noah) en 1983. C'était un peu ma maison. Je me suis mis beaucoup trop de pression, j'ai essayé beaucoup de choses pour la faire disparaître, mais ça n'a jamais vraiment marché", se remémore-t-elle sans amertume.   

Face à l'ogre Djokovic. Aujourd'hui, elle est toute proche de toucher à ce Graal, dans le rôle de l'entraîneur cette fois-ci. Voilà un an maintenant qu'elle coache l'écossais Andy Murray (numéro 3 mondial, invaincu sur terre battue cette saison en 15 matches), qui affrontera l'ogre du circuit Novak Djokovic en demi-finale. Malgré les statistiques impressionnantes de son poulain sur l'ocre, Amélie Mauresmo reste prudente : "C'est un vrai gros challenge, je sais qu'il a les moyens en terme de jeu de le bousculer. Mais il faudra qu'il soit très opportuniste et saisisse sa chance dès que Novak ouvre la moindre petite porte. Après, ça va être très physique aussi." 

"Novak est dans sa quête de Roland." Sur le plan mental, la néo-coach ne compte absolument pas sur un relâchement du numéro 1 mondial serbe après sa victoire impressionnante contre Rafael Nadal en trois sets au tour précédent : "Pour un joueur moins fort que Djokovic, il y aurait sûrement un risque de décompression après une telle victoire contre Nadal. Mais il est le numéro un, il est dans sa quête de Roland Garros, le seul Grand Chelem qui lui manque. Il ne tombera pas dans ce piège." Mentalement, il faudra être costaud du côté d'Andy Murray, habitué à piquer des colères sur les courts. Interrogée sur sa gestion de ces moments chauds lors des matches, Amélie Mauresmo explique ne pas trop intervenir : " Sur le moment, je ne dis rien, je trouve que ce n'est pas le moment d'intervenir, il est dans ses émotions. L'aspect psychologique n'est vraiment pas facile à gérer, il faut bien connaître son joueur." 

"Être méjugée juste parce qu'on est une femme qui entraîne un homme, c'est compliqué." Un an après avoir commencé à entraîner le champion olympique de Londres, Amélie Mauresmo est donc toute proche d'accomplir un grand exploit aux côtés d'Andy Murray. Elle se réjouit de voir "la reconnaissance des autres entraîneurs et des autres joueurs." Mais elle se souvient aussi des moqueries et des critiques qui avaient fusé suite à l'annonce de sa collaboration avec l'Ecossais. "Ce qui était difficile, c'était d'être jugé professionnellement avant de commencer. Être jugé sur ses résultats, sur ce que le joueur crée sur le terrain pourquoi pas, mais être jugée juste parce qu'on est une femme en train d'entraîner un homme c'est plus compliqué. Certains mots m'ont blessé, mais j'étais déjà investie dans l'aventure, ce qui comptait c'est le travail qu'on faisait ensemble", se remémore-t-elle. 

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