Longtemps coincé dans l'Arctique, le navigateur Yvan Bourgnon "commence à y croire après deux mois de défis"

Yvan Bourgnon
Yvan Bourgnon © Martin BUREAU / AFP
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Corinne Boulloud
Le navigateur s’est lancé dans une aventure inédite, et périlleuse : traverser, à la Voile, le Grand Nord de l’Alaska au Groenland.

Yvan Bourgnon est un homme de défi. Après avoir réussi à boucler un tour du monde en solitaire sur son petit catamaran de sport, il s’est lancé dans une autre aventure inédite : traverser, à la Voile, le Grand Nord de l’Alaska au Groenland.

Yvan Bourgnon a appareillé le 13 juillet dernier pour une navigation périlleuse de 7.500 km à bord de sa "Louloutte", comme il a baptisé son petit voilier de six mètres de long et quatre mètres de large. Mais le navigateur franco-suisse de 46 ans "ne pensait pas en baver autant", comme il l’a confié à Europe1. A mi-parcours, le piège des glaces s’est refermé sur lui. Coincé, il a été contraint de patienter 18 jours dans des conditions extrêmes, alors qu’habituellement, la nature est un peu plus docile.

"Je commençais à désespérer". Yvan Bourgnon le reconnait : pour la première fois, il a navigué la peur au ventre, effrayé à l’idée d’être broyé par un mur de glace comme il en a vu un se présenter devant lui. Le navigateur a réussi au prix de nombreux efforts à s’extirper du piège en se faufilant dans des trous de souris à peine plus large que son bateau. "Je commençais à désespérer. J’ai vraiment l’impression d’avoir réussi un peu l’impossible", nous a-t-il confié. Sa quatrième tentative pour s’extirper des glaces fut la bonne, samedi dernier.

Yvan Bourgnon, joint lundi soir par Europe 1, était soulagé : "Je commence vraiment à y croire après ces deux mois de défis". Il reconnait que beaucoup lui ont prédit avant son départ un défi impossible, irréalisable. Il faut préciser qu’en un siècle, une centaine de bateaux seulement a réussi à franchir ce fameux passage du nord-ouest. Mais ils étaient tous à moteur, en alu ou en acier.

"Un défi qui ne laisse pas de répit au guerrier". Alors c’est vrai, que le navigateur n'est pas passé loin de l'abandon, se posant beaucoup de questions sur la suite de son périple, lui qui est loin de sa femme et son dernier enfant, un petit garçon prénommé Tao, né quelques jours avant qu’il ne quitte la France, fin juin. Mais c’est aussi en pensant à eux qu’il s’est relancé en dépit des nombreuses difficultés auxquelles il doit faire face. Comme ce manque de soleil depuis deux jours qui l’empêche de recharger ses batteries, l’obligeant à barrer 18 heures par jour. Il souffre aussi du dos. Mais "c’est un défi qui ne laisse pas de répit au guerrier", lance-t-il le sourire dans la voix.

Parce qu’en reprenant le large, le moral est revenu. Il peut à nouveau profiter de la faune comme ses ours polaire qu’il a pu observer à distance ou ce morse qu’il a heurté, ces dernières heures, sans conséquence ni pour la coque de son petit voilier, ni pour l’animal. Yvan Bourgnon espère mettre un point final à son aventure hors-norme à partir du 15 septembre prochain dans le village de Nome au Groenland. A la faveur de vents forts, les glaces ont bougées, se sont fracturées et lui ont permis de reprendre depuis 48H sa navigation vers le Groenland.