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Julien Pearce, édité par A.H.
ENQUÊTE - Échec en Ligue des Champions, situation financière compliquée, joueurs de talent sur le départ… Le PSG vit une période difficile. Et le propriétaire du club semble y être pour beaucoup.
L'ENQUÊTE DU 8H

Après son élimination en huitièmes de finale de la Ligue des Champions, le PSG est en crise. Le club parisien n'arrive pas à devenir un grand d'Europe, pas à cause d'un problème de joueurs, mais plutôt d'une mauvaise organisation du club.

La pression de l'Émir. Le vrai problème du PSG vient de tout en haut. L'émir du Qatar, le cheikh Al-Thani, propriétaire du club depuis 2011, met une pression énorme. Le 1er décembre 2012, par exemple, le PSG de Carlo Ancelotti perd contre Nice. À peine le match terminé, Ancelotti reçoit un coup de téléphone. Au bout du fil, l'émir du Qatar, furieux après la défaite, menace le coach d'arrêter de le payer, selon les propos qui nous ont été rapportés par des proches de l'entraîneur italien.

La scène se répète quasiment à l'identique il y a deux ans. Serge Aurier insulte dans une vidéo son entraîneur Laurent Blanc qui, en conséquence, décide de ne plus le sélectionner avec l'équipe. Mais c'était sans compter, là encore, sur l'Emir. En un coup de téléphone, il l'oblige à revenir sur sa décision. Une ingérence récurrente qui, d'après les professionnels du milieu que nous avons contactés, décrédibilise les dirigeants, les entraîneurs, et donne l'image d'un club faible, qui vit au rythme des crises de colère de son propriétaire.

Une guerre diplomatique avec les Emirats arabes unis. Si l'Émir du Qatar met une telle pression, c'est parce qu'il se livre en réalité à une guerre diplomatique. Le Qatar, via le PSG, ne veut qu'une chose : gagner la Ligue des Champions avant son grand rival, les Emirats arabes unis, propriétaires de Manchester City. Les deux Etats du Golfe sont en froid et se livrent à une guerre d'influence, une course au prestige à travers leurs clubs respectifs. L'émir du Qatar veut aussi rentabiliser le milliard d'euros qu'il a déjà investi dans le PSG.

Une situation financière difficile. Les comptes du PSG pourraient aussi pâtir de l'échec en Ligue des champions. Le club doit rapidement trouver de l'argent pour se conformer au fair-play financier et ne pas être sanctionné par l'UEFA. Or, le PSG est actuellement en pleine renégociation avec ses principaux sponsors. Le club parisien veut de plus gros contrats. "Pas sûr qu'il les obtiennent", analyse l'économiste du sport Pierre Rondeau. "Parce que depuis six ans, ils ont été incapables de dépasser ce plafond de verre que sont les quarts de finale de la Ligue des Champions, les sponsors pourraient leur dire : 'Oui, on veut rester avec vous, mais vous n'êtes pas encore un grand club. Vous n'êtes pas assez bons, donc pourquoi devrait-on payer autant que pour les grands ténors du football européen ?"

Les talents ne restent pas. Enfin, le PSG rencontre un dernier problème : la fuite de ses jeunes talents. Depuis l'arrivée du Qatar, le club a toutes les peines du monde à convaincre ses pépites de rester, à l'image de Kinglsey Coman, qui a signé au Bayern de Munich. Signe, là encore, que Paris n'est pas encore aussi attractif que ses grands rivaux européens.