Le badminton s’envole en France

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Depuis le début des années 2000, le badminton a enregistré la plus grosse progression en termes de licenciés parmi les sports olympiques en France. © FRED DUFOUR / AFP
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Grégoire Duhourcau , modifié à
Jusqu’au 29 octobre, la salle Pierre de Coubertin à Paris accueille les Internationaux de France de badminton. Un sport dans lequel la France compte bien briller lors des Jeux olympiques de Paris 2024.

Les volants vont fuser à la salle Pierre de Coubertin à Paris. Jusqu’au 29 octobre, les stars du badminton mondial y ont rendez-vous pour les Internationaux de France. "C’est devenu tellement fort que les Français ont du mal à être performants", explique Pascal Bildstein, directeur de la communication, du marketing et de l’événementiel à la Fédération française de badminton. Car oui, le badminton français n’est pas encore au niveau des meilleures nations mondiales comme le Danemark ou la Chine.

Chez les hommes, le premier français se nomme Brice Leverdez et pointe à la 24ème place du classement mondial, dominé par le Danois Viktor Axelsen. Il est loin devant Lucas Corvée, 75ème, deuxième des quatre représentants tricolores dans le top 100. A titre de comparaison, le Danemark et la Chine comptent respectivement huit et sept joueurs dans les 100 meilleurs mondiaux. Chez les femmes, cet écart est encore plus marqué puisque Delphine Lansac (58ème) est la seule française à faire partie d’un top 100 mondial qui compte huit joueuses danoises et six chinoises.

Les Internationaux de France, un tournoi qui monte

Malgré ce constat, le badminton français ne manque pas d’ambition. Et les Internationaux de France (IFB) en sont la vitrine. Depuis dix ans, ils figurent déjà parmi les 12 plus gros tournois mondiaux (neuf en Asie et trois en Europe), comparables aux Grands Chelems de tennis.

Et, à partir de 2018, le tournoi intégrera le niveau trois du circuit mondial pour faire partie des neuf plus grosses compétitions de la planète. "On était déjà l’un des tournois les plus renommés au monde et là, on monte en gamme. Ça va être phénoménal !", s’enthousiasme déjà Philippe Limouzin, directeur technique national de la FFBad.

La France, future top nation du badminton ?

L’objectif de la FFBAD est clair : installer la France dans les meilleures nations mondiales avec Paris 2024 en ligne de mire. "Nous n’avons pas encore de médailles olympiques mais on va y arriver", promet Philippe Limouzin. Et les résultats des jeunes français aux Championnats d’Europe juniors à Mulhouse au mois d’avril 2017, lui donnent raison d’être optimiste. L’équipe de France a été sacrée championne d’Europe par équipes devant la Russie, le Danemark et l’Angleterre, tandis que Toma Junior Popov a décroché la médaille d’or en simples hommes et doubles hommes avec son partenaire Thom Gicquel. A noter également, la performance d’Arnaud Merkle, qui s’est placé sur la deuxième marche du podium en simples hommes.

Cette jeune génération sera "à maturité à Paris 2024", analyse le DTN. Pour les accompagner dans leur progression, ces joueurs prometteurs peuvent compter sur le Danois Peter Gade, arrivé au poste de directeur de la performance de la FFBad en 2015. Ancien numéro 1 mondial de 1999 à 2002, Gade est "le Zinédine Zidane du badminton", se réjouit Pascal Bildstein. "Il a bougé les lignes de la structuration nécessaires pour aller faire du haut niveau", explique Philippe Limouzin. Sa venue n’a pas provoqué de "révolution" mais a permis "d’associer la convergence de deux compétences", dont celle "déjà avérée du système français", poursuit-il avant d’ajouter : "Nous avons prouvé que nous étions capables de former des champions d’Europe juniors. Lui, il a été capable de nous apporter ce qui fera d’eux des champions olympiques."

Et les jeunes Français sont toujours plus nombreux à se mettre au badminton. De 70.000 licenciés en 2000, la FFBAD est passée à 191.000 aujourd’hui. Depuis 2000, c’est la plus grosse progression parmi les sports olympiques en France.

Débutant, mais pas longtemps

Cette explosion du nombre de licenciés peut s’expliquer assez aisément. Première discipline scolaire en France, le badminton n’est pas qu’un sport de plage. A la fois ludique et physique, le "bad" est facile à prendre en main, ce qui fait de lui une activité familiale, avec des règles simples, basiques. Résultat, de nombreux clubs arrivent à saturation. "Nous sommes en pénurie de terrains. Chaque année, au mois de septembre, les clubs refusent des inscriptions", confesse Philippe Limouzin, qui estime à 600.000 le nombre de licenciés potentiels.

Il n’est pas nécessaire de creuser très longtemps pour vérifier cette information. À Issy-les-Moulineaux, en périphérie de Paris, l’IMBC92, qui fait partie des plus grands clubs de France aussi bien en taille (620 inscrits) qu’en termes de palmarès, est confronté à ce phénomène. "On a une offre de créneaux absolument géniale", assure Monique Wahlen, la présidente, qui concède malgré tout avoir refusé quelques inscriptions.

"On est obligé de faire des listes d’attente"

"J’ai deux fois plus de demandes que de places", confie pour sa part Jacques Ribette, président de la section badminton du Levallois Sporting Club en région parisienne, qui compte 300 à 320 personnes inscrites. Cela se vérifie également ailleurs en France. Par exemple, le Badminton Club de Lyon, joint par Europe 1, compte "500 ou 600 places" pour "au moins, 900, 1.000 ou 1.200 demandes" selon les années : "On est obligé de faire de listes d’attente."

Mais s’il n’y a pas toujours de place sur le terrain, le spectacle est garanti depuis les tribunes. Pour ceux qui ne parviennent pas à suivre les matches interminables que peut parfois offrir le tennis sans voir le sommeil pointer le bout de son nez, le badminton est votre ami. Une partie dure en moyenne entre une demi-heure et une heure. Mais au-delà de ça, le rythme de jeu rend les rencontres palpitantes et intéressantes à suivre. En sortie de raquette, le volant peut atteindre la vitesse de 400 km/h, ce qui fait du badminton le sport de raquettes le plus rapide du monde. On vous avait prévenu, ça va vite, très vite !