Laporte dénonce le manque d’humilité des Anglais

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La compassion un brin hypocrite pour le pays organisateur, très peu pour lui. Bernard Laporte fustige la prétention d’un rugby anglais qui n’a pas su sélectionner ses meilleurs joueurs. A commencer évidemment par Steffon Armitage qui, pour son coach à Toulon, "a un Chris Robshaw dans chaque jambe."

La réserve qui accompagnait, plus ou moins officiellement, depuis samedi la sortie de route de l’équipe d’Angleterre, éliminée de sa Coupe du monde par l’Australie à Twickenham (13-33), n’a pas tardé à s’effriter dans les rangs français. Dimanche, dans l’émission Télérugby, Mathieu Bastareaud a été le premier à se lâcher et à se réjouir du fiasco anglais : "On a suivi ça hier (samedi) devant l’écran, un peu choqués de voir le pays organisateur sorti, a-t-il commenté dans un premier temps. Mais en même temps, les Australiens ont fait une grande partie et voir les Anglais aussi tristes, ça fait du bien."

De sa position de consultant, Bernard Laporte, s’il n’en avait pas rajouté à chaud dans son commentaire du match sur la première chaîne, s’est depuis bien rattrapé. L’ancien sélectionneur du XV de France avait déjà salué sur RMC Sport une équipe d’Australie qu’il n’hésite plus à élever au rang de favorite pour le titre : "Les Australiens sont tellement supérieurs dans tous les compartiments du jeu, il n’y a rien à dire. Les Anglais auraient dû terminer deuxièmes de leur poule s’ils avaient mieux négocié le match face au pays de Galles, notait-il. Le sport de haut niveau est fragile. Mais que dire aujourd’hui, l’Australie est la meilleure équipe que j’aie vue depuis le début de la Coupe du monde. Ils sont bons partout : en touche, en mêlée, dans l’utilisation du ballon. Ils ont deux mecs hors normes qui sont deux poisons : Pocock et Hooper. Tu ne peux pas construire contre eux."

Armitage, Hartley, sacrifiés absurdes

Une nuit de sommeil plus tard et c’est le manager de Toulon qui, sans oublier sans doute ses éliminations avec les Bleus par deux fois en demi-finale de la Coupe du monde (2003, 2007) face à ces chers Anglais, s’en est pris à Stuart Lancaster et à la Fédération anglaise (RFU).    

" Il y a deux politiques qui se sont affrontées hier (samedi). C’est bien beau de faire les malins et de dire : « Si vous ne jouez pas en Angleterre, je ne vous sélectionnerai pas ». "

"Il y a deux politiques qui se sont affrontées hier (samedi)", juge-t-il. "C’est bien beau de faire les malins et de dire : « Si vous ne jouez pas en Angleterre, je ne vous sélectionnerai pas ». Cheika (sélectionneur de l’Australie, ndlr), lui, a fait le contraire. Il a dit : « On arrête cette politique d’imbéciles, peu importe où les joueurs jouent, je prends les meilleurs ». Giteau n’a pas joué pendant quatre ans en équipe nationale et il (Cheika) a dit : « C’est le meilleur, je le prends et il va jouer pour l’équipe ». Il a expliqué à la Fédération (australienne) : « Si vous n’acceptez pas mes principes, je ne prends pas l’équipe nationale ».

Et Laporte de prendre évidemment comme un cas d’école son joueur Steffon Armitage : "Quand on voit Robshaw jouer et qu’on se dit que Steffon Armitage est resté à la maison, je le dis de façon assez neutre et ce n’est pas parce que je suis le manager de Toulon, Steffon a un Robshaw dans chaque jambe, assène « Bernie ». C’est incroyable de se passer d’un tel joueur quand on n’a pas le même dans son équipe. Et cette politique manque d’humilité de la part de Lancaster et de la Fédération anglaise."

Un conservatisme et une rigidité dans l’approche et la préparation de l’évènement poussés jusqu’à l’aveuglement selon Laporte, pour qui l’exemple d’un Dylan Hartley, autre sacrifié pour raisons disciplinaires, disqualifie un peu plus les décideurs anglais : "Même si (Ben) Youngs a fait un bon match, Hartley, c’est un combattant, c’est un guerrier, c’est un soldat, c’était le titulaire depuis quatre ans et on s’en prive pour des cartons jaunes. Je pense qu’ils paient cher leur stratégie, leur politique."

Europe 1 avec Sports.fr