La famille Bianchi, marquée par l'automobile et les drames

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Jules Bianchi, mort vendredi soir après neuf mois de coma, était le petit-neveu de Lucien Bianchi, mort en course au Mans en 1969.

Avant d'être le nom d'un des espoirs français les plus prometteurs en F1, le nom de Bianchi a été celui d'une figure de la course automobile des années 1960 : Lucien Bianchi. Grand-oncle de Jules, Lucien a particulièrement brillé dans les courses d'endurance. Entre 1956 et 1968, il participa 13 fois de suite aux 24 Heures du Mans, essentiellement avec Ferrari. Mais c'est sur une Ford qu'il connut la consécration en 1968 en remportant l'épreuve aux côtés de Pedro Rodriguez. Né en Italie, mais de nationalité belge, Lucien Bianchi s'amusa à commenter depuis son cockpit le tracé du mythique circuit de Spa-Francorchamps, chez lui, en 1962, un tracé sur lequel courut son petit-neveu, Jules, 51 plus tard, au volant de sa Marussia.

Lucien Bianchi commente le circuit de Spa :

Si elle marqua l'apogée sportive de Lucien, pilote polyvalent capable de piloter aussi bien en endurance qu'en Formule 1 (17 Grands Prix disputés), l'édition 1968 des 24 Heures du Mans fut également douloureuse pour la famille Bianchi. En effet, Mauro, frère cadet de Lucien, grand-père de Jules et lui aussi pilote, fut victime cette année-là d'un violent accident sur le circuit sarthois.

 

Jules et Mauro Bianchi avec une Alpine Renault que Mauro conduisit.

Le drame de 1969. L'année suivante, alors qu'il était le vainqueur sortant de l'épreuve, Lucien Bianchi se tua lors des essais des 24 Heures du Mans au volant de son Alfa Romeo T33. Victime d'un problème au niveau de son capot moteur, il empiéta sur le bord de la piste avant de percuter un poteau télégraphique. Sa voiture prit feu et il ne put en réchapper.

Cet accident, s'il nourrit la légende des frères Bianchi - les deux frères furent les deux premiers pilotes réels à figurer dans la célèbre BD Michel Vaillant -, mit un frein à la pratique du sport automobile chez les Bianchi. Mauro mit un terme à sa carrière et Philippe, son fils, se rabattit sur la discipline moins risquée du karting. Il construisit un circuit à Brignolles dans le Var sur lequel Jules fit ses premières armes de pilote. Jules grimpa ensuite les échelons et les disciplines - Formule Renault, Formule Euro 3 Series, GP2 - avant de réaliser ses premiers essais au volant d'une F1 en 2009 sur une Ferrari, en tant que membre de la filière des "Jeunes talents".

La famille Bianchi (1280x640)

  Jules Bianchi en 2009 aux cotés de Christine Bianchi, fille de Lucien, et de ses parents, Philippe et Christine.

Monaco, terre d'exploits. Après une année en tant que pilote d'essai chez Force India en 2012, il accéda à la F1 en 2013 dans la modeste écurie Marussia. Il se fit remarquer en mai dernier en terminant 9e du Grand Prix de Monaco, un exploit majeur compte-tenu de la qualité de sa monoplace, l'une des moins performantes du plateau.

Bianchi a inscrit ses deux points en F1 sur le circuit où son grand oncle Lucien a décroché son seul podium.

Le grand-oncle de Jules Bianchi, Lucien, termina 3e du GP de Monaco 1968 au volant d'une Cooper T86B BRM V12. Le 5 octobre 2014, avant son terrible accident, dont l'enquête de la FIA n'a pas pu déterminer les causes avec précision - dégradation des pneus, rigole d'eau sur la piste, mauvaise visibilité due à la météo... -, Jules Bianchi occupa en début de course la troisième place provisoire, derrière les deux Mercedes, preuve de son talent et de son agilité... Il sera enterré mardi.