JO de Rio 2016 : les tops et les flops des Bleus

Riner en or, Lavillenie en larmes, Paire envers et contre tous.
Riner en or, Lavillenie en larmes, Paire envers et contre tous. © AFP
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Thibauld Mathieu , modifié à
BULLETIN DE NOTES - L’heure est au bilan pour l’équipe de France olympique, qui part de Rio avec 42 médailles, dont 10 en or. Qui a récolté les félicitations, les encouragements, et qui va devoir redoubler (d’efforts) ?

Avec 42 médailles, les Bleus ont battu à Rio leur record d’après-guerre obtenu à Pékin, en 2008 (41). Mais le niveau de cette classe 2016 est hétérogène, avec des élèves en gros progrès à la boxe ou l'athlétisme, et d'autres qui se sont endormis après leur bon bulletin 2012, comme les nageurs. Europe 1 distribue les notes.

FÉLICITATIONS

  • Boxe, athlétisme et judo : les pourvoyeurs sont là

Kings of the rings. Les trois sports se répartissent 17 médailles sur 42. Mention toute spéciale à la boxe, d’abord pour le comportement irréprochable des pugilistes français, sur et en dehors des rings. Comme un symbole, le noble art a terminé ses Jeux olympiques en beauté, avec un Tony Yoka médaillé d’or, deux jours après que sa compagne Estelle Mossely n’ai elle aussi écrit une page de l’histoire en devenant la première boxeuse française championne olympique. Au total, six médailles ont été récoltées entre les cordes cariocas. De quoi susciter des vocations ?

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© Yuri CORTEZ / AFP

Un tartan bien bleu. Six médailles remplissent également les paniers bleus de l’athlétisme. Sur un tartan de la même couleur, les Français reviennent de Rio avec le plus beau bilan depuis 1948. Pas d’or, mais on n’oubliera pas l'argent de Kevin Mayer en décathlon et le bronze de Christophe Lemaitre sur 200 m, dans le sillage de "l'éclair" Bolt. Déception tout de même pour le perchiste Renaud Lavillenie, qui venait pour le plus beau des métaux et repart avec de l'argent, des sifflets et des larmes.

Le judo en costaud. Porte-drapeau de l'équipe de France, Teddy Riner a tout simplement fait ce qu’il avait annoncé, en imposant ses 137 kg sur le tatami de Rio après celui de Londres. Avec le bronze de Pékin et ses huit couronnes de champion du monde, le voilà seul au sommet dans la catégorie reine des lourds. Et ce triomphe a suscité des vocations avec la consécration d'Emilie Andéol, "la Barjot du judo", toute aussi vaillante que touchante. Pour elle aussi c'est de l'or, et une paire de Louboutin, un pari gagné avec son coach... Alors certes, Walide Khyar, Loïc Pietri ou encore Gévrise Emane ont échoué dans leur quête, mais Clarisse Agbegnenou a réussi à ramener l’argent, tout comme Audrey Tcheuméo. Ajoutez-y le bronze de Cyrille Maret, admirable de combativité et d’abnégation, et le bilan est plus que positif.

  • Aviron, canoë et équitation : ces "petits" (re)devenus grands

L’aviron révélateur. Les JO, ce sont aussi des inconnus projetés en pleine lumière. À l'aviron, un duo a particulièrement brillé : Jérémie Azou et Pierre Houin, alias "Superman" et "Colossus". Et l'histoire est belle. Il y a quelques mois, Houin, 22 ans, n'était que spectateur du duo Azou-Delayre, les champions du monde 2015. Aux Championnats de France en avril, il surclasse Stany Delayre. La Fédération tranche : il sera N°2 à Rio. Delayre devient remplaçant. Pari risqué mais pari gagné ! Le quatre de pointe poids légers de Franck Solforosi, Thomas Baroukh, Guillaume Raineau et Thibault Colard repart également avec une très belle médaille de bronze.

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© JEFF PACHOUD / AFP

Le canöe a assumé l’héritage. Du côté du canoë slalom, l'or était devenu une tradition avec Tony Estanguet, triple champion olympique (2000, 2004, 2012). La tradition a été respectée, avec Denis Gargaud. Un Marseillais après un Palois. En biplace, Gauthier Klauss et Matthieu Péché avaient pris la médaille en chocolat aux Jeux de Londres. En allant chercher le bronze à Rio, ils ont pris leur revanche et nous ont surtout fait vibrer.

L’équitation a fait sauter les obstacles. Coup de chapeau également - ou plutôt bombe, pour le coup – à l’équitation, porté par un Astier Nicolas au cou teinté d’or et d’argent, en concours complet par équipes puis en individuel. Après deux zéro pointés à Pékin et à Londres, les Vestes bleues avaient encore grand soif. Huit jours plus tard, c'est le titre par équipes de saut d'obstacles qui est tombé. Parmi ces nouveaux champions olympiques, Philippe Rozier, le fils de Marcel, le dernier à avoir touché l'or par équipes dans cette discipline, il y a 40 ans à Montréal.

  • Yohann Diniz : tout en effort, tout en souffrance

Dans la classe, il y a toujours cet élève très travailleur, qui ne rechigne jamais à l'effort, mais qui fait un blocage sur les contrôles de fin d'année. Alors même si le résultat final n'y est pas forcément, il faut aussi savoir récompenser ces élèves modèles. Yohann Diniz mérite donc amplement les félicitations. Septième du 50km marche, le recordman du monde a certes (encore) échoué à ramener un podium olympique, mais sa course incroyable terminée au bout de la souffrance et des problèmes intestinaux nous a tous un peu retournés. Ce genre d'héroïsme qui rend les Jeux si rares, et les athlètes si beaux. Chapeau Yohann.

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ENCOURAGEMENTS

  • "Voileux" et tireurs : la prochaine fois on rafle tout

La voile prête à prendre le large. On a longtemps hésité à leur donner les félicitations. Les "voileux", qui ont décroché trois médailles dont l'or de Charline Picon en RS :X, ont signé leur meilleur bilan depuis 24 ans. Mais, à l’image de Pierre Le Coq, médaillé d’argent à 26 ans, on sent qu’ils en ont encore sous la planche pour nous régaler à Tokyo, en 2020.

Les tireurs ciblent Tokyo. Et que dire de Jean-Charles Valladont et Jean Quiquampoix, l'archer fan de chasse au sanglier et de vin rouge et le jeune (20 ans) tireur au pistolet au mental d'acier. Inconnus au bataillon olympique, ils se sont fait un nom avec de l'argent qui vaut de l'or, tout comme le "bronzé" Alexis Raynaud, tout aussi prometteur à la carabine trois positions.

  • Escrime et hand : beaucoup mieux que rien

L’escrime touche à nouveau. Après leur fiasco londonien, les escrimeurs, eux, voulaient leur revanche. Mission accomplie avec trois breloques dont l'or à l'épée messieurs par équipe. Mais regret aussi avec le bronze seulement du N°1 mondial de la spécialité, Gauthier Grumier, en individuel.

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© Kirill KUDRYAVTSEV / AFP

Handball, si près du but. Pour les sports co, le bilan est globalement correct, avec sept équipes sur neuf qualifiées en quarts de finale. Et, et ? Et seulement deux en finale : les "Experts" du hand et leurs homologues féminines, auteures d'un parcours exceptionnel. À l'arrivée deux défaites, malheureusement. Comme quoi, même Karabatic et ses partenaires peuvent perdre, après huit finales d'affilée gagnées, et malgré leur statut de double champions olympiques. Pour les deux équipes, la déception est là, forcément, mais en prenant un tout petit peu de recul, cela reste énorme.

DEVRONT REDOUBLER (D’EFFORTS)

  • Basket et volley : deux stars, deux échecs collectifs

"TP", un grand sorti par la petite porte. On est obligé de les évoquer, bien qu’on ne leur jette pas la pierre : les partenaires de Tony Parker rêvaient mieux qu’une humiliation en quart de finale face aux frères ennemis espagnols (92-67) pour dire adieu au patron. Dur dur pour "TP", qui rend le tablier après 16 années sous le maillot bleu. Désormais, c'est une nouvelle génération qu'il faut bâtir.

En volley, le rêve envolé. Mais le bide de la quinzaine a été signé par la Team "Yavbou" du volley : champions d'Europe, vainqueurs de la Ligue mondiale 2015, Earvin Ngapeth et ses partenaires ont disparu dès les poules. On y croyait tellement…

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© VANDERLEI ALMEIDA / AFP

  • Cyclisme, natation, tennis : dérapages à tous les étages

Cyclisme, la piste aux enfers. Les JO de Rio ont été un long calvaire pour les pistards au vélodrome : une seule médaille face à des Britanniques ultra-dominateurs, le bronze de la vitesse par équipes. Plus mauvais bilan depuis 24 ans, à des années-lumière de l'euphorie d'Atlanta-1996 et de Sydney-2000 (cinq titres à chaque fois), voire de la conclusion de Londres (1 or, 3 argent). Et avec en prime une claque pour Grégory Baugé, le "tigre", sorti dès les quarts de la vitesse individuelle. 

"Le bilan est très décevant, largement en-deçà de ce qu'on attendait", a convenu le DTN Vincent Jacquet. "On n'est pas au niveau où l'on devrait être. On va analyser les raisons de cette défection sur la piste et avoir le courage de prendre les décisions très rapidement", a-t-il ajouté. Les autres disciplines (route, BMX, VTT) ont échoué à faire oublier ce fiasco. Pas même le double champion olympique de VTT Julien Absalon, 8e de l’épreuve.

Les nageurs ont coulé. Du côté des bassins, le triomphe de Londres (7 médailles, 4 titres) semble très loin. Nageurs, entraîneurs et dirigeants ont tous sombré dans des querelles stériles. Avec pour point d'orgue la piteuse élimination en séries (14e sur 16) du relais 4x200 m, pourtant vice-champion olympique en titre, et le départ à la retraite raté de Yannick Agnel, ex-génie des bassins aujourd'hui en pleine déprime. Et l'argent n’a pas réussi à faire le bonheur de Florent Manaudou, qui n'a pas récidivé après son titre de Londres, la faute à un petit centième à l'arrivée du 50 m nage libre. Au point de s’interroger sur son avenir. Et nous sur celui de la natation française.

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© GABRIEL BOUYS / AFP

 

Tennis : jeu, set et claques. Quant au tennis, que dire ? Le positif - un quart de finale pour Gaël Monfils – pèse bien léger face aux déceptions. La paire Mahut-Herbert, tête de série N°1, a été éliminée au premier tour comme les filles, Mladenovic-Garcia, têtes de série n°2. Et la palme de l’ingrat des JO revient sans conteste à Benoît Paire, exclu pour mauvais comportement après avoir "bafoué les règles et le maillot". Mais il a quitté Rio ravi, expliquant que les Jeux ne l'intéressaient pas... avant de regretter. Pour le tennis français, rien ne va plus : les Jeux sont faits.