JO 2018 : le casse-tête de la météo

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© Martin BERNETTI / AFP
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Les conditions météorologiques perturbent le début des épreuves à Pyeongchang. Quasiment une tradition olympique qui oblige les organisateurs, mais aussi les athlètes, à s’adapter.

Des JO d’hiver sans aléas climatiques, ce ne serait presque plus des JO d’hiver. Mais en la matière, le Jeux de Pyeongchang, qui se sont ouverts vendredi, font déjà très fort. Les deux épreuves de ski alpin prévues dimanche (descente masculine) et lundi (géant féminin) ont ainsi été purement et simplement reportées à jeudi en raison du vent très puissant qui souffle sur les sites olympiques sud-coréens. Si les organisateurs affichent  leur sérénité, le spectre de Nagano, où la neige et le brouillard avaient fortement perturbé l’ensemble la compétition lors des Jeux de 1998, est déjà dans tous les esprits.

Les organisateurs calment le jeu

Du côté des organisateurs donc, l’heure n’est pas encore à la panique. Après tout, ils disposent de trois jours de réserve pour reprogrammer les épreuves de ski alpin, et pour l’heure, un seul, le jeudi 15 février, a été utilisé. "Ce n’est pas rare et le président de la FIS (Fédération internationale de ski, ndlr) était assez détendu ce matin à propos des reports", a assuré lundi matin Mark Adams, le porte-parole du Comité international olympique. Cela dit, un nouveau report du combiné masculin mardi commencerait à être réellement problématique. Et comme le vent n’est pas censé se calmer et qu’une descente, épreuve de ski alpin la plus exposée, est au programme, le scénario est loin d’être improbable.

"Ici, à Nagano". Et quand on parle Jeux olympiques et report d’épreuves en cascade, impossible de ne pas penser à Nagano 1998. A l’époque, sept des dix épreuves de ski alpin au programme avaient fait l’objet d’un report, dont trois fois pour la seule descente masculine. Et le slalom masculin avait été organisé le dernier jour des Jeux sous une tempête de neige. Pierre Fulla, le commentateur de France 2, contraint  de meubler l’antenne en permanence, avait gagné dans l’affaire sa marionnette aux Guignols de l’Info (son célèbre "ici, à Nagano") et une certaine notoriété, mais les organisateurs, eux, s’étaient fait nombre de cheveux blancs.

Le Super G des Mondiaux annulé en 1993. Moins célèbre, l’exemple des championnats du monde de Morioka, au Japon, est pourtant plus éloquent. A l’époque, le Super G masculin avait été purement et simplement annulé. Personne n’ose encore envisager une telle issue à Pyeongchang.

Les athlètes contraints de s’adapter

En  attendant que les cieux soient plus cléments, les plus impactés sont forcément les athlètes. Autant les descendeurs sont habitués aux annulations et aux reports, autant pour les disciplines techniques, comme le géant, le fait est beaucoup plus rare. D’où une certaine amertume chez les filles. "J’étais un peu surprise que le géant soit annulé", a réagi Tessa Worley, l’une des favorites de la course. "On nous avait dit que quoi qu’il arrivait, ce géant olympique allait se faire, donc j’étais vraiment dedans. Peu importe le vent qu’il pouvait y avoir dehors, j’étais prête", a regretté la française, contrainte de rester sous pression.

Chutes en cascade. Mais les plus malheureuses, lundi, sont sans doutes les spécialistes du slopestyle en snowboard féminin. Malgré d’impressionnantes bourrasques, les organisateurs ont maintenu les deux manches finales. Résultat, des chutes en cascade et une compétition biaisée. "On s’entraîne depuis très longtemps pour se qualifier pour les JO et on nous fait descendre là-dedans ? Les gars ! On est aux JO, on aurait pu attendre quelques jours !", s’insurge dans Le Monde la Tchèque Sarka Pancochova, qui a refusé de tenter le moindre saut.

Fourcade dans les rafales. Et si c’est l’une des favorites, l’Américaine Jamie Anderson qui s’est imposée au final, il arrive aussi que les conditions météo rebattent les cartes. La France l’a éprouvé durement lundi au biathlon. Martin Fourcade, qui était monté sur 15 podiums en 15 courses cette saison, a ainsi échoué à la huitième place après avoir commis trois fautes au tir couché, gêné par les rafales, et probablement aussi par un froid polaire.

En 1998, Crétier en avait profité. Il arrive aussi que les reports accouchent de belles histoires. Il est impossible de le savoir avec certitude, mais Jean-Luc Crétier, qui n’avait jamais remporté la moindre course de Coupe du monde, aurait-il été champion olympique de descente à Nagano dans des conditions normales ? Pas sûr.

Le doigt d’honneur de Dalcin. En 2006, Pierre-Emmanuel Dalcin avait failli vivre la même histoire. Lui aussi n’avait remporté aucune course avant les Jeux olympiques de Turin. Et lui aussi avait réalisé, malgré le vent et la neige, une course magnifique, et pointait en tête après le passage de 17 coureurs, dont les favoris… jusqu’à ce que les organisateurs décident de reporter la course de quelques heures. Dalcin, après être sorti du tracé, avait finalement coupé la ligne quelques secondes plus tard, levant à l’adresse des décisionnaires un majeur vengeur.