JO 2016 à Rio : une favela détruite pour "dégager des accès"

La Vila Autodromo va bientôt disparaître pour faire place à des voies d'accès vers le Parc olympique. (1280x640) Charles CARRASCO/Europe 1
La Vila Autodromo va bientôt disparaître pour faire place à des voies d'accès vers le Parc olympique. © Charles CARRASCO/Europe 1
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avec AFP et Charles Carrasco, à Rio , modifié à
IMMOBILIER - Les préparatifs des Jeux olympiques s'accompagnent de la destruction de quartiers entiers.

A un an de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Rio, la mégapole brésilienne vit actuellement au rythme des pelleteuses, qui font plus de bruit à certains endroits qu'à d'autres. C'est le cas notamment à la Vila Autodromo, une favela actuellement détruite pour faire place à de nouvelles installations. "Ça ressemble à l'Irak maintenant", regrette au micro d'Europe 1 Rosani, une habitante de ce la Vila. "C'est comme s'ils avaient tout bombarder. Je ne peux plus rester ici. Je suis déjà resté 15 jours sans électricité. Ils ont enlevé la boulangerie, le bar, l'épicerie. Tout ! Ils ont tout cassé. Tout a changé à cause des JO."

Habitants de la Vila Autodromo

Habitants de la Vila Autodromo 2

La favela de la Vila Autodromo a eu le malheur de se trouver pile sur le trajet de la route d'accès au Parc olympique, qui se situera à une vingtaine de kilomètres du centre de Rio. "100.000 personnes passeront par là chaque jour. Nous avons besoin de dégager des accès" pour les JO, a expliqué le maire de la ville, le centriste Eduardo Paes, qui reconnaît néanmoins "un manque de dialogue au départ" avec les habitants.

"Nous vivions humblement mais nous étions heureux." A la Vila Autodromo, qui a compté jusqu'à 3.000 âmes, une soixantaine de familles vivent encore dans les gravats. Certaines refusent de bouger. Mais la plupart finiront par plier, sous le poids des pressions politiques et de grasses indemnisations. "Nous vivions humblement mais nous étions heureux avant que les JO n'arrivent, avec toute cette terreur et cette pression psychologique pour nous déloger", témoigne à l'AFP Luis Claudio Silva, un professeur d'éducation physique de 52 ans. Certains disent avoir reçu des offres d'indemnisation généreuses de la mairie, jusqu'à 400.000 réais, soit 110.000 euros. Mais pour Manso de Oliveira, autre habitant de la favela, ce n'est pas une question d'argent : "Nous ne sommes rien d'autre que nos souvenirs. Si je perds tous ces bons moments passés ici, qui suis-je ? Une personne sans identité, sans mémoire, sans joie".

Pourtant, toutes les personnes déplacées ne le regrettent pas. "Ma qualité de vie s'est améliorée, ma santé aussi", se félicite ainsi Natalia Lacerda, une coiffeuse de 29 ans. Comme beaucoup, elle a accepté d'être relogée à un kilomètre de là, au Parque Carioca, un complexe d'appartements sociaux flambant neuf. Depuis le début des travaux pour les Jeux olympiques, près de 65.000 personnes ont été délogées.