Incidents face à Lyon : que risque Bastia ?

De violents heurts ont éclaté à deux reprises, dimanche à Bastia.
De violents heurts ont éclaté à deux reprises, dimanche à Bastia. © AFP
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M.L , modifié à
Habitué des débordements, le club sera visé par une procédure disciplinaire de la LFP dès jeudi. Une enquête en flagrance pour "violences" a aussi été ouverte par le procureur de Bastia.

Violentes échauffourées, supporters sur la pelouse et adversaires confinés dans le stade pendant près de deux heures… La rencontre entre Bastia et Lyon, comptant pour la 33ème journée de ligue 1, restera dans les mémoires pour des raisons purement extra-sportives. Le club corse, déjà lanterne rouge du classement, devrait selon toute vraisemblance assumer de lourdes conséquences dans les semaines à venir. Une procédure disciplinaire de la Ligue de football professionnel (LFP) visera le club dès jeudi. 

Un match perdu sur tapis vert ? Dimanche, avant le début de la rencontre, une cinquantaine de supporters du SCB ont débarqué sur le terrain pour agresser des joueurs de l'OL, qui terminaient leur échauffement. S'en sont suivies plusieurs minutes de bousculades, de coups et d'insultes. À la mi-temps, de nouveaux heurts, impliquant notamment le gardien lyonnais Anthony Lopes, un stadier corse et le directeur de la sécurité de Bastia, ont éclaté, mettant définitivement fin à la rencontre.

Une première question se posera pour la commission de discipline de la LFP : faudra-t-il faire rejouer la rencontre, interrompue sur un score vierge ? Pas sûr, vu la gravité des faits. À l'issue de l'instruction, qui pourrait durer trois semaines selon L'Équipe, la commission pourrait choisir de donner Lyon vainqueur sur tapis vert, c'est-à-dire sans organisation d'un nouveau match.

Plusieurs précédents et trois condamnations. D'autant que Bastia n'en est pas à son coup d'essai. Depuis le début de la saison, le club a déjà été condamné à trois reprises par la LFP, rapporte L'Équipe. En octobre 2016, un supporter a été condamné à 18 mois d'interdiction de stade pour avoir frappé le Parisien Lucas mi-août, lors du déplacement du PSG à Furiani. De son côté, le club a écopé de 200.000 euros d'amende et d'un match de fermeture de sa tribune Est, d'où était parti l'incident. Deux mois plus tard, la même tribune a à nouveau été condamnée pour deux matches, après l'utilisation de nombreux fumigènes lors de la réception de l'OM, fin décembre.

Rebelote en janvier, avec les cris de singe adressés par certains supporters bastiais au Niçois Mario Balotelli. Pour ces faits et l'intrusion de supporters sur le terrain, Bastia a été condamné à un point de retrait avec sursis et trois matches sans sa tribune Est. À noter qu'un autre dossier impliquant le club corse est toujours en cours d'instruction par la LFP : celui de tensions entre Bastiais et Nantais début mars, quand une "bagarre générale" avait éclaté dans le couloir des vestiaires.

"Trop, c'est trop", a ainsi réagi la présidente de la LFP, Nathalie Boy de la Tour, dimanche soir. "Nous déplorons que le SC Bastia donne une image horrible de notre football, cela nuit à l'image du football professionnel, qui ne mérite pas ça." 

Huis clos ou délocalisation ? La Ligue devra aussi décider des sanctions à infliger au club corse. Plusieurs options sont sur la table. Il est probable que la tribune Est, dont sont à nouveau partis les troubles, dimanche, soit fermée pour le reste de la saison. Mais fort est à parier que la Ligue ne se limitera pas à cette mesure, souvent utilisée pour des incidents moins graves. Les matches à domicile qui restent à disputer à Bastia d'ici la fin de la saison (contre Rennes et Lorient) pourraient ainsi être joués à huis clos, ou se disputer sur terrain neutre. Cela avait déjà été le cas  pour un club voisin en 2013 : après une rencontre mouvementée entre le GFC Ajaccio et Monaco en Ligue 2, les Corses avaient dû disputer leur rencontre suivante à Créteil, rapporte France 3.

Des points de pénalité et une relégation probable ? Le club, responsable de la sécurité du déroulement de ses rencontres à domicile, comme le précise l'article 129 des règlements généraux de la fédération française de football, devrait également payer ces incidents sur le plan sportif. Selon toute vraisemblance, les débordements de dimanche se solderont au minimum par un retrait de points. Il pourrait intervenir dès cette saison, ce qui pourrait s'avérer fatal à un club déjà lanterne rouge de Ligue 1 à six journées de la fin du championnat, et/ou la saison prochaine. Cela avait été le cas pour Ajaccio, qui avait commencé le championnat 2012/13 avec trois points en moins suite à des incidents qui avaient éclaté en fin de saison précédente... contre Lyon. Cette perspective pourrait dissuader la LFP d'infliger, pour l'exemple, une sanction encore plus lourde à Bastia - comme une rétrogradation en National.

Les suites des débordements de dimanche ne sont, en outre, pas uniquement dans les mains de la LFP : dimanche, une enquête en flagrance pour "violences" a été ouverte sur ces faits, a annoncé le procureur de la République Nicolas Bessone, arrivé sur place durant la rencontre. L'enquête a été confiée à la Direction départementale de la sécurité publique (DDSP) et pourrait donner lieu à des poursuites judiciaires.