Il y a 112 ans s'élançaient les coureurs du premier Tour de France

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RETRO - Alors que le Tour de France s'élancera samedi d'Utrecht, nous fêtons mercredi le 112e anniversaire du départ de la première Grande Boucle.

Samedi, ils seront 198 à prendre le départ du Tour 2015 depuis Utrecht, aux Pays-Bas, devant des milliers de badauds et des millions de téléspectateurs. Le Tour de France, devenu l'un des événements sportifs les plus médiatisés de la planète, a pourtant démarré dans un relatif anonymat. C'était le 1er juillet 1903, il y a 112 ans exactement. La Grande Boucle avait alors un tout autre visage que celui qu'elle présente aujourd'hui.

Un parcours bien différent. Le départ, resté historique, à Montgeron, dans l'Essonne, se déroule devant la façade usée du café le Réveil-Matin, sous le regard soucieux et concentré de l'organisateur de cette course un peu folle, Henri Desgranges, directeur du journal l'Auto, qui finance la course. Ils ne sont que 59 téméraires à s'être inscrits à cette première Grande Boucle au parcours bien différent de celui qu'on connaît aujourd'hui. Plus court (2.428 km contre 3.360 km pour l'édition 2015), le Tour 1903 se parcourt en seulement six étapes reliant les plus grandes villes françaises (Paris, Lyon, Marseille, Toulouse, Bordeaux et Nantes).

60 heures de retard sur le premier. Des distances interminables puisque le futur vainqueur, Maurice Garin, remporte la première étape Paris-Lyon (460 kilomètres) en 17heures et 45 minutes ! A la clé, les écarts sont forcément abyssaux. A titre de comparaison, Vincenzo Nibali, le vainqueur du Tour 2014, avait largement remporté l'épreuve puisqu'il comptait 7'37'' d'avance sur son dauphin, le Français Jean-Christophe Péraud. Rien à voir avec le classement du Tour 1903, où Maurice Garin a laissé le deuxième à près de 3 heures derrière lui ! La lanterne rouge (le dernier du général), Arsène Millocheau, accuse 60 heures de retard cumulées sur le vainqueur.  

 

Les images de ce premier Tour de France, bien loin des vélos perfectionnés et des coureurs suréquipés :

 

Paris-Brest-Paris, symbole des longues courses de l'époque. Si de nombreux observateurs du cyclisme actuel critiquent le parcours du Tour de France, jugé trop exigeant et poussant les coureurs au dopage, que dire de celui de la Grande Boucle 1903 ? A l'époque, la mode est aux parcours longs, très longs. A tel point qu'avant le Tour de France et les courses par étapes, l'épreuve phare du cyclisme s'appelle Paris-Brest-Paris. Créée en 1891, elle s'étend sur 1.200 kilomètres ! Elle se court encore aujourd'hui, en quatre jours environ.

Des conditions de course folkloriques. Dans ces conditions, difficile d'imaginer une course aussi millimétrée qu'aujourd'hui, où les voitures des directeurs sportifs ne lâchent pas les coureurs d'une roue et où les oreillettes jouent un rôle déterminant dans la stratégie de course. Lors de la première étape de ce Tour 1903, Edouard Wattelier roule 18 kilomètres durant avec un pneu crevé. Entre Marseille et Toulouse, le futur vainqueur Maurice Garin se trompe de parcours et perd ainsi 15 minutes. Des anecdotes qui ont forgé aujourd'hui la légende de cette course.

Une rémunération indigente. Si le succès est au rendez-vous dès cette première édition, le cyclisme, bien que très populaire à l'époque, est moins structuré et moins rémunérateur qu'aujourd'hui. Pour sa victoire au classement général, Maurice Garin empoche 6125 francs de prime (contre 450.000 euros pour Vincenzo Nibali en 2014) tandis qu'Arsène Millocheau, le dernier du classement général, ne touche aucune prime puisqu'il n'est pas parvenu à dépasser la moyenne exigée de 20km/h. Les organisateurs lui versent une indemnité de 5 francs par jour pour son courage, soit 95 francs au total. De quoi donner à l'adage rendu célèbre par Albert Londres, "Tour de France, tour de souffrance", toute sa signification.