Habana reste sur sa faim

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A jamais Bryan Habana restera lié à Jonah Lomu sur les tablettes de la Coupe du monde. L’ailier sud-africain rêvait de dire adieu aux Springboks et d’améliorer son record de 15 essais face à l’Argentine. Le Toulonnais laisse au contraire la porte ouverte à l’Australien Drew Mitchell, titulaire ce samedi en finale face aux All Blacks.

Comme un goût d’inachevé. Dans le contexte a priori sans pression d’une "petite finale" jouée face à des Argentins « sur la jante », Bryan Habana avait a priori toute la latitude pour casser le record qu’il partage avec la légende Jonah Lomu de ses quinze essais inscrits en trois participations à la Coupe du monde. C’est raté. "Peut-être que ce soir, il le voulait trop ! Il y a eu tant d’occasions pour lui… Il le méritait !", commentera à juste titre Victor Matfield au sujet de son coéquipier.

L’ailier, comme son capitaine et plusieurs autres membres de la génération des champions du monde 2007 (Burger, Pienaar…), faisait face aux Pumas ses adieux à l’équipe nationale. A priori. Une charge émotionnelle forcément unique, même quand on s’appelle Habana et que l’on a su compiler en 117 sélections – seul Matfield le devance avec 127 capes – 64 essais qui font de lui le meilleur marqueur de l’histoire des Boks. Et le deuxième toutes nations confondues à égalité avec l’Australien David Campese et derrière le seul Japonais Daisuke Ohata (69).

Stoppé par Meyer

Après avoir débuté les sept matches de son équipe dans la compétition et inscrit huit essais, le probable meilleur finisseur de sa génération s’est laissé rattraper par un stress évident au moment de conclure les nombreuses opportunités offertes par une défense argentine pourtant si conciliante sur la pelouse du Stade Olympique.

"Ce n’est pas faute d’avoir essayé, a reconnu le Toulonnais à sa sortie du terrain. Les occasions étaient là, mais parfois, le destin s’en mêle. J’ai beaucoup de respect pour Jonah (Lomu) et c’est peut-être aussi bien que son record reste en place encore un peu plus longtemps, se résignait-il sans amertume. Drew Mitchell aura peut-être la chance de marquer deux essais demain et de battre le record (en finale face aux All Blacks). J’ai tout tenté, mais ce n’était tout simplement pas mon jour."

" Les occasions étaient là, mais parfois, le destin s’en mêle. "

Et son sélectionneur Heyneke Meyer ne lui aura pas laissé l’opportunité de s’attaquer au record au-delà d’une 65e minute de jeu choisie par le technicien pour remplacer Habana. A la surprise générale. "Bryan commençait à avoir des crampes, donc ce n’était pas ma décision, a justifié Meyer. Bryan est sorti parce qu’il ne pouvait pas continuer." Et d’ajouter : "Je voulais montrer l’unité qui règne dans cette équipe, tous les joueurs méritaient de jouer."

Une retraite repoussée

" Si je peux encore jouer à 38 ans, alors il a encore quelques belles années devant lui "

Habana et Lomu sont donc a priori réunis à jamais. A moins que le Sud-Africain ne décide finalement de revenir sur sa décision et de prolonger l’aventure en sélection jusqu’à la Coupe du monde 2019 au Japon. Il aura alors 36 ans. Rédhibitoire ? "Si je peux encore jouer à 38 ans, alors il a encore quelques belles années devant lui", estime Matfield dans un sourire. La réponse d’Habana ne tarde pas : "Je ne serai plus là en 2019, assure-t-il. Maintenant, je vais prendre quelques vacances et voir où j’en suis. Je me sens toujours très bien. J’ai des engagements à tenir en club dans deux semaines, je vais retourner à Toulon et y travailler dur". Mourad Boudjellal sera heureux de l’apprendre.

Un président toulonnais sans doute moins réceptif quant aux propos de sa star sur la réalité de sa retraite internationale : "Je suis très fier des 12 dernières années, des hauts et des bas, ç’a été une aventure incroyable. Et d’enchaîner : "Je ne sais pas si c’est encore la fin. Il y a beaucoup de choses à vivre avec le rugby sud-africain. J’ai assez de temps pour me reposer et évaluer la situation. Évaluer où j’en suis en tant que personne et en tant que joueur, et puis peut-être que je me fixerai de nouveaux objectifs pour les années à venir." A seulement cinq essais du record absolu du Japonais Ohata, le jeu en vaut peut-être la chandelle. Le virus habite visiblement toujours Habana.    

Europe 1 avec Sports.fr