Froome écarté du Tour de France : Madiot applaudit ASO, l’UCI prudente

© JAIME REINA / AFP
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Dans l’attente d’une décision de justice, le président de la Ligue nationale de cyclisme soutient la décision des organisateurs du Tour de France de ne pas inviter le coureur britannique, suspecté de dopage. La Fédération internationale est plus mesurée. 

On ne sait pas encore si Chris Froome sera au départ du Tour de France samedi, mais l’organisateur de la course aura en tout cas tout fait pour que ce ne soit pas le cas. Dimanche, Le Monde révélait qu’ASO avait en effet récusé le coureur britannique, quadruple vainqueur de l’épreuve, mais qui a fait l'objet d'un contrôle antidopage "anormal", pour un excès de salbutamol, lors de la Vuelta en septembre dernier mais n’as pas encore été sanctionné - ni blanchi - dans cette affaire.

Si proche du départ de la Grande Boucle, l’information a peu été commentée par un monde du cyclisme prudent, d’autant que la décision finale appartient désormais à la chambre d’arbitrage du CNOSF, qui tranchera mercredi. Mais Marc Madiot, directeur sportif de la FDJ et président de la Ligue nationale de cyclisme, a salué la décision d’ASO.

"C'est courageux de la part d'ASO, ça pose les choses". "C'est une décision politique, courageuse et logique. ASO est dans son rôle. Bravo, après on va voir ce qui se passera, car ça ne veut pas dire que Froome ne sera pas au départ du Tour", a réagi l’ancien coureur, vainqueur de Paris-Roubaix en 1985 et 1991, dans L’Equipe. "Mais c'est courageux de la part d'ASO, ça pose les choses : quand vous dites à quelqu'un de ne pas venir et que vous lui dites officiellement, c'est encore mieux que de lui faire savoir par des moyens périphériques. Au moins ça plante le décor."

Pour Marc Madiot, aucun doute, un Tour sans Chris Froome serait plus serein. "Ce serait mieux qu'il ne soit pas là pour la tranquillité générale du Tour mais s'il est là, il sera là. Une fois le Tour parti, je me focalise sur mon équipe et mes coureurs, je n'ai pas envie qu'on pollue les résultats avec la vie autour de Froome. Qu'il soit là ou pas", explique le directeur sportif de la FDJ. Qui fait aussi confiance au public. "Il y aura forcément des sifflets lors de la présentation des équipes comme avec d'autres coureurs par le passé. Mais je ne crois pas qu'il y aura d'autres virulences sur le bord de la route car on a quand même un public calme et respectueux, de l'effort et de la personne. S'il gagne le Tour ? Et bien il le gagnera, et chacun pourra admirer ou pas la situation", conclut-il.

"Ça ne pose pas de problème" au président de l’UCI. L’Union cycliste internationale (UCI), de par sa position, est évidemment beaucoup plus mesurée. "Ce sont des dossiers complexes à gérer, dans lesquels il y a beaucoup de subtilités. On suit les procédures, c'est la règle de base chez nous. J'entends bien que tout le monde voudrait la décision la plus rapide possible. L'UCI sera d'autant plus forte qu'elle suivra ses procédures", explique le président de l‘instance, le Français David Lappartient, dans L’Equipe. L’homme annonce toute de même "une déclaration avant le Tour de France"

En revanche, David Lappartient affirme qu’ASO est dans son bon droit. "Il faut savoir que cet article (du règlement intérieur d'ASO) est lui-même appuyé sur un règlement de l'UCI, retranscrit de manière volontaire depuis de nombreuses années par l'organisateur. A partir du moment où dans votre propre règlement, vous appliquez des dispositions prévues au règlement de l'UCI, ça ne pose pas de problème", assure l’ancien président de la Fédération française de cyclisme.

Une jurisprudence Boonen ? Les organisateurs du Tour de France (ASO) ont la possibilité de récuser un coureur sur la base de l'article 29 du règlement du Tour, qui permet de refuser la participation à une équipe ou un de ses membres dont la présence serait de nature à porter atteinte à l'image ou la réputation de l'épreuve. C’est le même article qu’avaient activé les organisateurs du Tour en 2009 en refusant au Belge Tom Boonen, contrôlé quelques semaines plus tôt positif à la cocaïne, hors compétition, le droit de courir. Mais la veille du départ, la chambre arbitrale du sport français avait autorisé l’athlète à prendre le départ. Une jurisprudence qui pourrait servir Chris Froome. Réponse mercredi.