France-Pays de Galles : l’heure de vérité pour les Bleus

Uini Atonio, Yoann Maestri, Fabien Sanconnie et Damien Chouly.
Uini Atonio, Yoann Maestri, Fabien Sanconnie et Damien Chouly. © CHRISTOPHE SIMON / AFP
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Simon Ruben, édité par B.B
En cas de victoire, le XV de France terminerait deuxième du Tournoi. Mais une défaite pourrait le faire chuter à la cinquième place…

"Si j'ai bien compris, sur ce dernier match, on joue quelque chose, non ?" Malicieux, un brin taquin, voire un peu méprisant. On ne sait jamais vraiment, avec Guy Novès. Le manager de XV de France se moque volontiers de la pression que les journalistes tentent du lui mettre sur les épaules. Mais le patron du XV de France est loin d'être naïf. Il sait que ce samedi contre le Pays de Galles, l'équipe de France, à la faveur d'une victoire, pourrait terminer deuxième du Tournoi des VI Nations. Il s'agirait alors du meilleur résultat du XV français depuis 2011.

Rien n’est joué, tout est possible. Cette seule affirmation semble valider les progrès effectués par les Bleus depuis l'arrivée de Guy Novès, fin 2015. Mais une autre affirmation, tout aussi juste, vient pourtant refréner l'optimisme : si la France s'incline (et en fonction des résultats des autres équipes), elle pourrait terminer cinquième de ce même tournoi. Soit le même classement que l'an passé. Forcément, l'image d'équipe en progrès en prendrait un coup...

Le décor est donc planté. Le Tournoi des VI Nations est, cette année, extrêmement compétitif. En dehors de l'Angleterre, chaque nation a sa chance. De quoi donner à ce dernier match du Tournoi des allures de finale. D'autant que pour les Bleus, même à domicile, dominer le Pays de Galles relèverait de l'exploit. Voire de l'impossible, au regard des cinq dernières confrontations, toutes gagnées par les Gallois.

"On ne se laissera pas étouffer sans combattre". Guy Novès, le manager du XV de France, le sait bien : "La qualité défensive des Gallois, on l'avait vu l'année dernière, est vraiment exceptionnelle. Ils étouffent leurs adversaires, comme ils l'ont fait face à l'Irlande la semaine passée. Et puis ils sont excellents dans les airs, un secteur qui nous a souvent posé problème contre eux". Pas de quoi être particulièrement rassuré. Toutefois, pas question de se laisser impressionner. Pour son deuxième et dernier match à domicile, la France a bien l'intention de se battre jusqu'au bout, de ne rien lâcher. "On ne se laissera pas étouffer sans combattre", assène Guy Novès, tranchant.

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(Guy Novès et ses adjoints Yannick Bru, à gauche, et Jean-Frederic Dubois, à droite)

Combattre, oui, mais combattre comment ? Camille Lopez, ouvreur et chef d'orchestre du jeu français, a bien conscience que "le défi est énorme. C'est une équipe complète, solide, extrêmement cohérente et difficile à déstabiliser". Pourtant, c'est dans sa nouvelle culture de jeu que l'équipe de France pourrait trouver des solutions. A savoir : jouer vite, multiplier les passes, jouer avec audace, dynamisme. Du mouvement pour faire perdre la tête aux Diables Rouges.

"En ce moment, le rugby part en vrille". Et aussi, de l'alternance, précise Damien Chouly : "contre l'Italie, on a parfois tenté la passe impossible. En oubliant de changer de manière d'attaquer. Il faudra davantage varier le jeu avec des passes au large, du jeu au pied notamment". Et puis l'autre arme française, c'est la stabilité. Pour la première fois depuis une éternité, le XV de France présent samedi sera presque identique aux équipes précédentes dans le Tournoi. Finis, donc, les essais de petit chimiste du staff, à essayer, sans relâche, de trouver la bonne combinaison de joueurs, la bonne recette, le mélange qui explose. Au coup d'envoi, dix joueurs français auront débuté les cinq matches du tournoi. L'an passé, ils n'étaient que trois "indéboulonnables". Et, mine de rien, la stabilité d'un effectif, en sport co', ça compte.

Enfin, si ce match s'annonce passionnant, c'est que son enjeu dépasse le cadre "sportivo-sportif". L'actualité du rugby n'est pas glorieuse : joueur attrapé pour conduite en état d'ivresse ou pris pour détention de drogue, sans parler de l'imbroglio autour de la fusion Racing/Stade Français et de la grève des joueurs parisiens... Comme le reconnaissait Robins Tchale-Watchou, patron du syndicat des joueurs cette semaine, "en ce moment, le rugby part en vrille". Et c'est aux Bleus que revient la lourde tâche de relever le niveau, souligne Damien Chouly : "c'est vrai, on ne vit pas les meilleures heures de l'image du rugby... Et l'équipe de France est la vitrine du rugby hexagonal... A nous de redorer un peu cette image, de faire que cette vitrine soit belle. Et pour ça, il faut gagner".

Un triple objectif. Gagner pour finir deuxième. Gagner, aussi, ne l'oublions pas, pour se maintenir huitième nation mondiale - et éviter ainsi un tirage trop difficile pour le prochain mondial en 2019. Et donc, gagner pour sauver l'image du rugby français. Les sources de motivation ne manquent pas pour ce dernier match du Tournoi. Devant un stade de France plein, les Bleus partent en mission. A eux de sauver les sacro-saintes valeurs de l’ovalie. A eux de redonner, un peu, le temps d'un match, le sourire au rugby français.